Depuis la divulgation par les médias américains, britanniques et israéliens de l’information selon laquelle des soldats russes participeraient aux combats aux côtés des troupes de Bachar El-Assad en Syrie, l’opposition entre la Russie et l’Occident sur la question syrienne s’est accentuée, estime le quotidien russe Kommersant.

Le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, a mis en garde Moscou contre un risque d’“escalade du conflit” en Syrie, si était attesté l’actuel renforcement de la présence militaire russe sur le territoire syrien. Le ministère des Affaires etrangères russe a alors rappelé que la Russie avait “toujours aidé militairement la Syrie dans sa lutte contre le terrorisme et qu’elle continuait à le faire”.

Fermer l’espace aérien aux avions russes 

Moscou et l’Occident ont des approches différentes quant au règlement du conflit syrien, croit utile de rappeler le journal : les Américains et les Européens posent comme préalable le départ de Bachar El-Assad, responsable selon eux de tous les problèmes actuels en Syrie. Moscou considère le régime de Damas comme un allié naturel de la coalition antiterroriste, et estime que son renversement porterait au pouvoir non pas ses opposants modérés, mais les islamistes radicaux. Or, estime Kommersant, “l’information sur la possible présence de soldats russes en Syrie n’a fait que renforcer la méfiance de l’Occident à l’égard de Moscou et le rejet de ses positions”.

Première manifestation concrète de ce durcissement, Washington a demandé le 7 septembre à Athènes de refuser d’ouvrir son espace aérien aux avions russes transportant de l’aide humanitaire en Syrie. La Grèce a dans un premier temps accepté la requête de Moscou pour un délai allant du 1er au 24 septembre. La Russie a fait savoir que, si Athènes se pliait finalement à la demande américaine, elle trouverait d’autres itinéraires pour acheminer ses livraisons, notamment les circuits iraniens (qui passent par l’Irak) rodés depuis longtemps, poursuit Kommersant.

Poutine présentera son plan à l’ONU

Comme en informe le quotidien moscovite Nezavissimaïa Gazeta, citant la presse syrienne loyale au régime, Damas aurait donné son accord pour la construction d’une nouvelle base militaire russe à Jableh, au sud de Lattaquié, le plus grand port du pays. Comme l’explique le titre, à la différence du port de Tartous où se trouve déjà une base technique pour la flotte russe, le site de Jableh offrirait les conditions pour une importante concentration de troupes et l’installation d’une grande réserve d’armements et de matériel militaire.

La NG rappelle enfin que la Russie a l’intention de présenter son plan de règlement du conflit syrien lors de la prochaine assemblée générale de l’ONU, à New York (du 15 au 22 septembre). Vladimir Poutine exposera notamment son idée de créer une coalition internationale contre l’Etat islamique (EI, Daech) au Conseil de sécurité de l’ONU, afin de “lui donner une entière légitimité et [de] lui assurer le soutien de la communauté internationale”. La coalition inclurait l’armée de Bachar El-Assad, mais aussi vraisemblablement l’Iran et la Chine, précise Nezavissimaïa Gazeta.