GRAAL -ARTHUR-EXCALIBUR - PAIX-LIBERTE-AMOUR DIVIN

SHAMBALLA: Royaume caché des croyances tibétaines

Royaume caché des croyances tibétaines, repris par diverses théories liées à la Terre creuse

 

De La base de connaissance ultime sur les Cassiopéens.
 

Dans la mythologie tibétaine, Shambhala (sanskrit : शम्भल, parfois écrit Shambala) est le nom donné à un royaume légendaire situé en Asie centrale, mais dont l'emplacement précis est inconnu. Cette terre était décrite comme un Eden et un havre de paix, dont les tous les habitants auraient atteint un haut degré d'évolution spirituelle et vivraient dans la joie et l'harmonie. 

D'autres interprétations attribuent toutefois à Shambhala une nature plus « spirituelle » et abstraite, et ne le voient pas comme un lieu physique réel au sens strict. Le royaume de Shambhala est mentionné dans des textes bouddhistes anciens, essentiellement ceux issus de la doctrine du Tantra Kalachakra. D'autres religions parlent de Shambhala, comme l'hindouisme ou le bön (où il prend le nom d'Olmo-lung-ring), mais elles y accordent moins d'importance. Quelques moines et mystiques tibétains ont également affirmé avoir visité ou eu des visions de Shambhala, et ont laissé des descriptions du royaume.[1]

 
Tableau Le Chant de Shambhala par Nicolas Roerich (1943)
Le mythe de Shambhala, très populaire en l'Asie depuis les temps anciens, est passé en Occident au XIXe siècle et a connu depuis un grand nombre d'interprétations. On l'a vu tantôt comme un paradis perdu dont la connaissance et la sagesse des habitants leur permettraient un jour de sauver le monde, tantôt comme un pays dans lequel réside un pouvoir maléfique. Shambhala a ainsi été lié à l'Agharta (qui en est probablement inspiré en partie), au mythe de la Terre creuse, à la théorie des intraterrestres... 

Dans le courant du XXe siècle, quelques expéditions ont été organisées par des occultistes (voire par les Nazis, mais cela est très discuté par les historiens) dans l'espoir de le retrouver. Divers archéologues ont également essayé d'expliquer le mythe en lui donnant une origine historique. 

Sommaire

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Shambhala dans la culture tibétaine 

Généralités et descriptions du royaume 

Le terme Shambhala apparaît dans les premières versions en sanskrit du Laghutantra (voir partie suivante). Le terme sanskrit est de traduction incertaine, mais souvent présenté comme signifiant le « lieu du bonheur/de la paix » ; les tibétains le traduisent par བདེ་འབྱུང (bde byung, littéralement la « source du bonheur »). 

Il existe différentes visions de Shambhala : 

  • certaines prennent la légende au pied de la lettre est décrivent le royaume comme un véritable pays se situant quelque part en Asie Centrale, mais caché de par sa localisation géographique (dans un endroit montagneux et difficilement accessible) et/ou grâce au moyen d'une barrière magique qui permet de l'occulter au regard de l'homme ; 
  • d'autres le perçoivent davantage comme une métaphore désignant l'espace de paix intérieure et d'harmonie que l'esprit peut atteindre via la méditation ; ou comme une image pour désigner les vertus et la sagesse naturelle qui existent dans chaque homme.

Dans la conception des bouddhistes tibétains, le peuple de Shambhala est dépositaire du savoir entier et intégral du Tantra Kalachakra (voir partie suivante). Chaque habitant du pays est donc un éveillé – terme qui, dans le bouddhisme, désigne les personnes qui ont su s'affranchir du cycle sans fin des réincarnations en se libérant de la souffrance, de la peur de la mort et en percevant la vraie nature de toute chose. La population de Shambhala est ainsi spirituellement très évoluée et elle mène une vie vertueuse, où la joie dure pour toujours et où les conflits et la douleur sont inconnus. 

Le 14e Dalai Lama, Tenzin Gyatso, a décrit Shambhala comme un lieu abstrait mais bien réel, accessible seulement à ceux possédant le karma et les vertus nécessaires. 

« Bien que ceux avec une filiation particulière puisse en effet y aller par le biais de leur collection karmique, ce n'est pas pour autant un lieu physique qu'on peut réellement trouver. On peut seulement dire qu'il s'agit d'une terre de Bouddha, une terre de Bouddha dans le monde humain. Et à moins d'avoir le mérite et l'association karmique correspondante, on ne peut pas y arriver. » — Discours du Dalaï Lama durant son discours d'initiation au Kalachakra à Bodhgaya en 1985

Le 6e Panchen Lama, Lobsang Palden Yeshe (1738 - 1780), considérait de la même façon dans son « guide pour Shambhala » (tibétain : Sham-bha-la’i lam-yig) qu'il n'était pas possible d'accéder au royaume par des moyens physiques et qu'il s'agissait davantage d'une quête spirituelle intérieure. A cet effet, il a écrit une prière qui permettrait de renaître à Shambhala au cours de sa prochaine réincarnation. 

Toutefois, la tradition populaire persiste souvent à vouloir associer Shambhala à un lieu précis ; le folklore de l'Altaï le place au niveau du Mont Beloukha, tandis que les mongols le situent dans les vallées du Sud de la Sibérie. Enfin, un grand nombre de bouddhistes actuels pensent qu'il se trouve dans les montagnes de la chaîne Dhauladhar – non loin de l'endroit où se situe le gouvernement tibétain en exil... 

Parmi les mystiques ayant affirmé avoir eu des visions de Shambhala, on peut citer : 

  • Khamtrul Rinpoche, qui fit état de ses rêves lors d'une conférence en 1991 à New-York. Dans ses visions, le roi de Shambhala lui aurait fait part de sa capacité à construire des armes très puissantes pour contrer le développement de la technologie moderne et des armes de destruction massive. 
  • Chögyam Trungpa Rinpoche (1939 - 1987), dont les visions l'ont convaincu qu'une société spirituellement évoluée n'était pas de l'ordre de l'utopie inaccessible et que Shambhala était la part de sagesse existant en chaque être humain indépendamment de son origine ethnique ou de sa religion. Trungpa a fondé sa propre discipline qu'il a nommé le bouddhisme shambhala, et les diverses fédérations, organismes, techniques... qui en découlent utilisent le nom Shambhala.
 
Shambhala tel qu'il apparaît sur un thangka : on distingue les 8 régions et la capitale Kalapa au centre. (Source : Don Croner's Legend of Shambhala)
Sur certains thangkas (peintures sur toiles typiques de la culture tibétaine), le royaume de Shambhala est représenté de façon circulaire tel un mandala ou une roue du Dharma. Le pays est dépeint entouré de montagnes enneigées, et divisé en 8 régions – comme les 8 pétales d'une fleur de lotus – organisées autour d'une capitale centrale nommée Kalapa. Kalapa, où se trouve le siège du roi de Shambhala, est occupée par de nombreux palais et temples resplendissants, couverts de pierres précieuses. La capitale est entourée de divers lacs, parcs et forêts : au Sud se trouve le parc du bois de santal, qui possède en son centre un grand mandala tridimensionnel construit par le premier roi Suchandra ; à l'Ouest, le lac du lotus blanc, et à l'Est par le lac inférieur Manasa. Les 8 régions de Shambhala possèdent de nombreux villages ; selon certaines sources, près de 960 millions (!), qui sont regroupés en petits royaumes de 10 millions de village chacun et avec à leur tête un gouverneur local. 

Quelques textes bön décrivent un pays très semblable nommé Olmo-lung-ring, une terre sacrée dont proviendrait Tonpa Shenrab Miwochele - le légendaire fondateur du bön. Il est parfois considéré qu'Olmo-lung-ring désigne la capitale du royaume, tandis que le pays lui-même s'appellerait rTa-gzig

Geshe Nyima Dakpa Rinpoche dépeint Olmo-lung-ring comme un pays divisé en 8 régions, tel une fleur de lotus. Le pays est recouvert de prairies verdoyantes et fleuries, de parcs, de jardins, et entouré de montagnes enneigées. Au centre d'Olmo-lung-ring se trouve une montagne semblable à une pyramide, Yungdrung Gutsek, qui sert d'axe du monde ; elle possède 9 degrés (symbolisant les 9 étapes du Bön) et ses 4 faces, couvertes de temples et de stupas, sont alignées sur les points cardinaux. Des rivières coulent également de chaque face de la montagne, à partir d'une fontaine ayant la forme de la tête d'un animal : la rivière Narazara part en direction de l'Est d'une source évoquant un lion des neiges ; la rivière Pakshi vers le Nord d'un cheval ; la rivière Gyim Shang vers l'Ouest d'un paon, et la rivière Sindhu vers le Sud d'un éléphant. Pour les adeptes du bön, Olmo-lung-ring est accessible uniquement à ceux qui se sont purifiés, et ont atteint un degré d'évolution spirituelle tel qu'ils ont réalisé la non-dualité de l'être. Les personnes ayant atteint l'illumination peuvent également se réincarner et renaître à Olmo-lung-ring. 

Le Bön étant la religion originelle du Tibet, avant l'implantation et la diffusion progressive du bouddhisme au Moyen-Age, il est possible que le mythe d'Olmo-lung-ring ait servi d'inspiration à la légende de Shambhala des bouddhistes. 

Dans le monde de l'hindouisme, seul le Kalki Purana fait allusion
 
Tableau Le Chemin vers Kailas par Nicolas Roerich (1932)
à Shambhala. Le Kalki Purana est un texte prophétique sanskrit compilé aux environs du XVIe et racontant la vie du dixième et dernier avatar de Vishnu : Kalki. Il décrit, au 4320e siècle ap. J-C., la lutte de Kalki contre les forces du mal et les hérétiques non-hindous qui ont envahi la Terre au cours du kali yuga – l'ère dégénérée ; puis la défaite de celles-ci et la venue d'un âge d'or. Il est précisé que Kalki passe sa jeunesse à Shambhala, puis qu'il en devient roi pendant 1000 ans après sa victoire. Sous le règne de Kalki, Shambhala se change en un village fleuri et verdoyant, et un lieu sacré dans lequel il est possible de se libérer de ses péchés et de son existence matérielle. 

Le Kalki Purana présente une histoire très semblable à celle du Laghutantra bouddhiste (voir partie suivante) ; il n'est toutefois pas possible d'affirmer lequel des deux textes a inspiré l'autre, car si le Kalki Purana est postérieur au Laghutantra, il se compose de passages issus d'autres textes hindous dont certains sont très anciens. En outre, le Shambhala décrit dans Kalki Purana semble être davantage un petit territoire ou une ville qu'un royaume inaccessible. Pour beaucoup d'hindous, il s'agirait du village du même nom situé dans l'Andhra Pradesh au centre de l'Inde. 

Dans le Tantra Kalachakra 

Le mythe de Shambhala est étroitement lié à la doctrine du Tantra Kalachakra du bouddhisme tibétain qui lui accorde une importance particulière, et il est difficile de parler de l'un sans évoquer l'autre. 

Selon la légende, au VIe siècle avant notre ère, Suchandra (en tibétain : Dawa Sangpo), roi du pays de Shambhala, cherchait à atteindre l'illumination mais sans pour autant renoncer à ses responsabilités de kshatriya (caste indienne des nobles et guerriers). Il demanda alors au Bouddha de lui apporter son enseignement. Bouddha prit la forme de la divinité Kalachakra et enseigna le roi à Dhyanakataka (près de l'actuel ville d'Amaravati, province de Guntur dans l'Andhra Pradesh)... alors qu'au même moment, par un phénomène de bilocation?, il prêchait également au Mont des Vautours à Rajagriha (dans le Nord-Est de l'Inde) et donnait naissance à la branche zen de la religion. Le roi était accompagné de 96 seigneurs et émissaires de Shambhala qui reçurent également avec lui l'enseignement du Bouddha, connu sous le nom de tantra kalachakra. Il rapportèrent ce savoir avec eux et l'exposèrent au peuple de Shambhala, qui put atteindre l'illumination. 

 
Manjushrikirti, 8ème roi de Shambhala et compilateur du Laghutantra
Pendant des siècles, Shambhala aurait été le seul pays détenteur du savoir de la doctrine kalachakra. Deux rois de Shambhala, Manjushrikirti et son fils Pundarika, décidèrent cependant au IIe siècle av. J-C., face à la montée des « hérétiques » adeptes d'une religion étrangère, de résumer et compiler le Tantra Kalachakra sous une forme plus accessible au public : le Laghutantra et son commentaire le Vimalaprabha

En 966 ap. J-C., un érudit indien (nommé Chilupa ou Kalachakrapada selon la tradition) entendit parler de cette doctrine et il voyagea jusqu'à Shambhala pour en recevoir l'enseignement. Sur sa route, le sage rencontra un roi de Shambala (Shripala ou Durjaya selon la version) qui lui apparut sous la forme du dieu Mañjushrī et lui transmit le Laghutantra et le Vimalaprabha. C'est ainsi qu'une partie de la doctrine aurait quitté le royaume de Shambhala : l'érudit Chilupa / Kalachakrapada aurait rapporté le savoir du Tanta Kalachakra en Inde, où il se serait répandu par le biais de différentes traditions jusqu'à prendre l'importance qu'il a actuellement au sein des mouvances gelugpa et kagyupa du bouddhisme tibétain. 

Les 32 rois qui ont dirigé le royaume de Shambhala (et qui le dirigeront dans le futur, puisque chaque règne dure 100 ans) sont décrits dans la doctrine du Kalachakra. Les 7 premiers souverains à partir de Suchandra sont les « rois du Dharma » ; les 25 suivants à partir de Manjusrikirti, postérieurs à la rédaction du Laghutantra , sont dénommés les rois kalkis (tibétain : rigden). A l'heure actuelle, serait au pouvoir le 21e roi kalki Aniruddha (tibétain : Magakpa ; date de vie et de mort supposées : 1927 – 2027). 

Le Laghutantra possède ainsi un aspect prophétique, puisqu'il prédit dans le futur une montée en puissances des mleccha, des hérétiques partisans d'une religion étrangère. Les prophètes de cette religion sont nommés dans le texte : Adam, Noé/Enoch, Abraham, Moïse, Jésus, « celui vêtu de blanc » (peut-être Mani, le fondateur du Manichéisme), Muhammad (dont il est dit que ses théories se répandront à Bagdad et dans la Terre de la Mecques) et le Mahdi (le sauveur de l'islam supposé apparaître à la fin des temps)... ce qui laisse penser que les hérétiques auxquels le Laghutantra fait allusion sont des musulmans. En 2424 ap. J-C. les mlecchas, après avoir apporté le chaos et le mal dans le monde, chercheront alors à s'en prendre au royaume de Shambhala. Le 25e roi kalki, Raudrachakrin (tibétain : Dragpo Khorlocen), rentrera alors en guerre contre le Mahdi des hérétiques au cours d'une bataille apocalyptique. Raudrachakrin remportera finalement la victoire, ce qui marquera la fin du kali yuga, l'ère dégénérée ; une nouvelle ère d'harmonie et de paix verra le jour, où le Dharma – la loi bouddhique garantissant l'ordre de l'univers – régnera pendant 1800 ans. 

 
Représentation de Raudrachakrin à cheval, lors de la bataille finale opposant Shambhala aux hérétiques sur un thangka tibétain (Source : Don Croner's Legend of Shambhala)
Pour les historiens, cette véhémence anti-islamique du Laghutantra et de ses commentaires peut s'expliquer par le contexte historique de l'époque où ils furent compilés. Au Xe siècle de notre ère, les royaumes bouddhistes faisait face à une montée en puissance de l'Islam, et en particuliers de certaines sectes musulmanes messianiques comme les ismaéliens fatimides, qui pouvait être perçu comme une menace. 

Quelques interprétations modernes voient cependant les prophéties du Laghutantra comme la description d'événements supposés se produire au début du XXIe siècle – ou se produisant déjà actuellement ; Shambhala est le lieu dont partira la résistance contre les hérétiques. D'autres interprétations sont plus abstraites : le soulèvement des barbares est perçue comme une métaphore des vices, travers et insatisfactions qui traversent l'esprit du non-bouddhiste ou du débutant, tandis que la victoire finale du roi Raudrachakrin correspond à la maturité et aux vertues qui triomphent chez celui qui a trouvé l'illumination. Le royaume de Shambhala représente, de ce point de vue, la part de sagesse qui existe naturellement en chaque être humain. 

Shambhala dans la culture occidentale 

Le missionnaire portugais Estêvão Cacella (1585 – 1630 av. J-C.) a été le premier européen à mentionner Shambhala dans ses travaux (qu'il écrivit sous la forme occidentalisé Xembala, le x se prononçant « ch ») ; il en entendit parler alors qu'il était au Bhoutan et il pensa qu'il s'agissait d'un autre nom pour désigner la Chine. Il le décrit comme un royaume célèbre et situé à coté de la Mongolie, dont l'accès est très difficile. Cacella suivit les indications des autochtones... et il finit par arriver à la ville de Tashilhunpo[2], où réside le Panchen Lama. 

En 1833, l'orientaliste hongrois Sándor Kőrösi Csoma est l'un des premiers chercheurs occidental à exposer la doctrine du Tantra Kalachakra dans son livre Note sur les origines des systèmes Kalachakra et Adi-Bouddha. Il y parle également de Shambhala, qu'il nomme la « Jérusalem des bouddhistes » et qu'il tient pour une légende. Il précise également que le royaume se trouve au Nord de l'Inde, entre 45’ et 50’ de latitude... ce qui le situerait quelque part dans l'Est du Kazakhstan, peut-être dans le désert de Kyzyl Kum ou le très vaste désert de Gobi. 

L'attrait des Occidentaux pour Shambhala a débuté à la fin du XIXe siècle. Cependant, le Tibet est resté jusqu'au début du siècle dernier un pays difficilement accessible et les informations disponibles sur le bouddhiste tibétain étaient rares et éparses. Les auteurs occidentaux se sont donc basés sur des fragments de la tradition tibétaine et du Kalachakra Tantra pour concevoir leur propre vision de Shambhala. 

 
Vue d'artiste de Shambhala, artwork du jeu vidéo Uncharted 2 : Among Thieves (2009)
Mission de l'Inde en Europe de Joseph-Alexandre Saint-Yves d'Alveidre (1886) est l'un des premiers livres a avoir popularisé le mythe de l'Agharta – qui y est dépeint comme un royaume souterrain installé sous l'Himalaya depuis 1800 ans av. J-C., et gardien de puissants secrets qui permettraient la construction d'armes formidables s'ils tombaient dans de mauvaises mains. Saint-Yves d'Alveidre a vraisemblablement puisé certains éléments du Kalachakra Tantra et du mythe de Shambhala pour rédiger son livre (la durée de 1800 ans revient régulièrement dans les théories du Kalchakra Tantra, de même que l'idée que les chefs de Shambhala possèdent la connaissance pour construire des armes qui vaincront des hérétiques). Le mythe de l'Agharta est depuis quasiment indissociable de celui de Shambhala ; de nombreux auteurs ésotériques (et peut-être même les Nazis, voir partie suivante) ont lié les deux royaumes entre eux, voire les assimilent complètement l'un à l'autre... ce qui explique que Shambhala soit parfois considéré comme un monde souterrain, ce qu'il n'est pas à l'origine dans les croyances asiatiques. 

Dans son roman The Lost Horizon (1933), le britannique James Hilton décrit Shangri-la, une lamaserie située dans une vallée inaccessible de l'Himalaya (les héros y arrivent en s'y écrasant en avion), où les habitants ne vieillissent pas et vivent dans la paix et l'harmonie. Shangri-la est très clairement une version romantique et romancée de Shambhala. 

L'association de Shambhala avec les OVNIs remonterait à la fin des années 50. Le président de la Société Théosophique du Brésil Henrique Jose de Souza affirmait qu'Agharta est un monde souterrain situé au centre de la Terre, que sa capitale est Shambhala, et que c'est de là que partent les soucoupes volantes - qui remontent à la surface via des tunnels accédant aux pôles Nord et Sud (ou via des grottes dans l'Himalaya, selon un autre version). Cette théorie sera popularisée par le disciple de De Souza, O. C. Hugenin, dans son livre Du monde souterrain au ciel : les soucoupes volantes

Des partisans de la théorie des anciens astronautes ont également vu une allusion aux soucoupes volantes dans le Laghutantra . Il y est en effet écrit que Raudrachakrin, le 25e roi de Shambhala, émergera de son royaume monté sur un cheval de pierre doté du pouvoir du vent lorsque sera venu le temps de combattre les hérétiques. Cette description, bien que métaphorique pour les bouddhistes, est parfois prise au pied de la lettre comme la description d'une soucoupe volante s'élevant de Shambhala. 

En Asie, le mythe de Shambhala a également été utilisé occasionnellement à des fins politiques ou militaires. 

Au tout début du XXe siècle, Agvan Dorjiev (1854-1938), un moine mongol devenu l'assistant du 13e Dalaï Lama, essaya de persuader ce dernier que la Russie était en réalité Shambhala et que la dynastie Romanov étaient les descendants des rois de Shambhala. L'objectif de Dorjiev était, dans un contexte tendu où les Britanniques et les Chinois se disputaient la possession du Tibet, de manipuler le Dalaï Lama pour que celui-ci se tourne vers la Russie pour obtenir un appui militaire. Dans les années 20, le révolutionnaire communiste mongol Damdin Sükhbaatar affirmait à son armée que les soldats morts en libérant la Mongolie renaîtraient à Shambhala dans leur prochaine incarnation. De même, après que l'armée japonaise ait envahi la Mongolie Intérieure en 1937, elle commença à répandre la rumeur selon laquelle Shambhala était en réalité le Japon – en espérant ainsi recevoir le soutien de la population mongole. 

Shambhala dans la Théosophie et le New-Age 

Le mythe moderne autour de Shambhala doit beaucoup à la Théosophie moderne. 

En 1888, la mystique – et créatrice de la Société ThéosophiqueHelena Blavatsky mentionne Shambhala dans son livre La Doctrine Secrète. Elle y affirme que suite à la chute de la Lémurie, une partie des survivants se serait installée en Atlantide, tandis que l'autre aurait émigré à Shambhala qui se situerait quelque part dans le désert de Gobi. S'inspirant du Kalki Purana, elle prétend également que Shambhala sera le lieu de la première apparition du nouveau messie. 

D'autres théosophes reprendront par la suite les écrits de Blavatsky. Dans les années 20 et 30, Alice Bailey et Helena Roerich avancent l'idée que le contenu de La Doctrine Secrète a été révélé à Helena Blavatsky par une société secrète de sages nommée « la fraternité blanche », œuvrant depuis Shambhala pour le bien de l'humanité. 

 
Nicolas Roerich, pris en photo dans les années 40 dans le nord de l'Inde
Entre 1925 et 1928, Helena Roerich son époux Nicholas organisent des expéditions à travers tous le centre de l'Asie (Tibet, désert de Gobi, Altaï...) avec l'objectif officiel d'étudier les coutumes et langues des peuples locaux... et le but officieux de trouver Shambhala. De nombreux partisans de la Société Théosophique affirment encore de nos jours que le couple Roerich avait été mandaté par la Société des Nations pour déposer à Shambhala une cintāmani [3](une pierre précieuse exauçant les vœux), et que l'expédition aurait trouvé « quelque chose » (Shambhala lui-même, ou un centre spirituel lié à Shambhala) dans les montagnes de l'Altaï. Par la suite, Nicolas et Helena Roerich créèrent l'Agni Yoga, une spiritualité dans laquelle Shambhala tient une place importante. Nicolas écrira également plusieurs livres (dont Shambhala: In Search of a New Era) dans lesquels il expose ses théories sur Shambhala, d'après les informations qu'il aurait pu obtenir en discutant avec plusieurs sages tibétains et hindous. D'après lui, Shambhala est une cité sacrée au Nord de l'Inde, et la source de toute la spiritualité indienne ; chaque culture de part le monde aurait essayé de décrire Shambhala selon ses traditions, et ainsi, le mythe du Graal n'est qu'une métaphore du royaume... Enfin, la fraternité des dirigeants de Shambhala, qui cherche à unifier le monde dans la paix, apporte périodiquement ses enseignements à certains souverains (parmi lesquels on compte l'empereur Constantin Ier, Gengis Khan ou le prêtre Jean). Nicolas Roerich reliera Shambhala à Thulé et l'Agharta, mais sa femme Helena réfutera dans ses lettres qu'il s'agisse du même endroit. 

L'américaine Alice Bailey se sépara du mouvement théosophique dans le courant des années 20, mais sa pensée resta très influencée par les théories d'Helena Blavatsky. Dans ses divers écrits, elle expose l'idée que Shambhala est un royaume d'un plan supérieur astral, et le siège d'une force de purification très puissante, bonne ou mauvaise selon l'usage qui en est fait. Pour éviter qu'elle ne tombe en de mauvaises mains, cette force est gardée par une hiérarchie complexe à la tête de laquelle on trouve Maitreya (la prochaine incarnation à venir du Bouddha). La « feu cosmique » de Shambhala se manifeste durant les périodes troublées de l'humanité, et il devrait revenir à la fin des temps pour purifier la Terre de toutes les fausses croyances. 

Rudolf Steiner, membre de la Société Théosophique Allemande puis créateur de l'Anthroposophie, apporta une orientation chrétienne au mythe en prétendant que Shambhala était le siège de Maitreya, porteur de la parole du Christ. Ainsi, peu de temps avant la seconde venue du Christ, le royaume de Shambhala émergerait et Maitreya nettoierait le monde de ses imperfections 

 
Tableau Le Pouvoir des Grottes par Nicolas Roerich (1926)
Les mouvements New-Age modernes se sont très fortement inspirés des théories de la Théosophie pour créer leur vision de Shambhala. L'archétype de la version New-Age de Shambhala est exposé par exemple dans le livre Le Secret de Shambhala de James Redfield (le célèbre auteur de La Prophétie des Andes). Le royaume y est décrit comme l'habituel lieu secret caché dans l'Himalaya, habité par une communauté de sages connectés à l'énergie divine et dont l'objectif est l'élévation spirituelle de l'humanité. Pour y accéder, le héros du livre doit supporter une série d'épreuves destinées à démontrer sa valeur et à élever sa conscience. Le couple d'auteurs Anne et Daniel Meurois-Givaudan ont également abordé la question dans Le Voyage vers Shambhala : Shambhala est dépeint comme un monde à moitié physique et à moitié éthérique, peuplé par des êtres de lumières. Certains hommes et femmes spirituellement supérieurs, comme Isis/Marie, seraient issus de Shambhala. 

Shambhala et les Nazis 

Depuis les années 50, de très nombreux auteurs ont affirmé que les Nazis s'étaient intéressés de très près à Shambhala dans le cadre de leurs pratiques occultes liées à la société de Thulé/de la confrérie du Vril (deux sociétés ésotériques allemandes du début du XXe siècle), ou à l'Ahnenerbe (le « bureau pour l'étude de l'héritage ancestral », la branche culturelle de la Schutzstaffel[4]). 

Dans les livres Le Matin des Magiciens (1962) de Louis Pauwels et Jacques Bergier et Les Nazis et les Sociétés Secrètes (1974) de Jean-Claude Frère, il est exposé que Karl Haushofer (le créateur de l'Ahnenerbe en 1935), pensait que les Aryens des origines étaient originaires du royaume de Thulé – Hyperborée. Une partie d'entre eux avait ensuite migré vers l'Asie pour y fonder le royaume d'Agharta où ils préservèrent les secrets du vril et une mode de vie vertueux. Agharta finit cependant par sombrer sous la Terre suite à une catastrophe, et une branche dégénérée d'Agharta s'en sépara pour aller fonder la ville de Shambhala – où régnait la violence, le mal et le matérialisme. Le britannique Trevor Ravenscroft donne une version différente de cette histoire dans son livre La Lance de Destinée (1973), puisque selon lui, la société de Thulé croyait que les aryens étaient originaires de l'Atlantide ; à la chute de celle-ci, ils se réfugièrent dans deux royaumes souterrains, Agharta et Shambhala, qui pratiquaient chacun une forme particulière de magie noire (la première conduisant à l'orgueil, la seconde à la luxure). 

 
Tableau La Destruction de l'Atlantide par Nicolas Roerich (1928)
Des expéditions au Tibet auraient donc été organisés dans le but de retrouver Shambhala ou l'Agharta et de mettre la main sur les secrets qu'ils renfermaient. Pauwels et Bergier, ainsi que Ravenscroft affirment que les Nazis auraient mené plusieurs expéditions dans l'Himalaya pour rentrer en contact avec ces deux mondes, expéditions qui furent couronnées de succès et les Nazis tentèrent de conclure une alliance. Le peuple de Shambhala aurait refusé (peut-être, comme certains l'ont spéculé, parce que la cité soutenait déjà l'idéologie communiste et l'Union Soviétique)... tandis que celui de l'Agharta aurait accepté d'apporter son aide au Nazis et aurait envoyé des émissaires en Allemagne à cet effet, où ils auraient fondé une organisation occulte nommé la Société des Hommes Verts. Alice Bailey prétendait quant à elle que Hitler avait réussi à obtenir la « force cosmique » renfermée à Shambhala, et qu'en tant qu'agent des forces maléfiques, il l'avait utilisé pour combattre les énergies de la lumière. 

Les historiens avancent toutefois qu'il n'existe pas (ou très peu) de preuves démontrant l'existence de telles croyances au sein des sociétés secrètes allemandes, et que ces croyances aient été reprises ensuite par les dignitaires nazis. De même, il n'y a pas d'indice montrant que la société de Thulé ou l'Ahnenerbe ait commandité des expéditions dans l'Himalaya – et a fortiori dans le but de trouver de l'aide auprès de supposés royaumes perdus. 

Il est toutefois avéré que certains membres haut placés du parti nazi, particulièrement Hess et Himmler, avaient un goût prononcé pour l'occulte – cela est très discuté pour Hitler. De nombreux militants du Parti des Travailleurs Allemand (futur parti national socialiste) étaient également membres de la Société de Thulé, dont probablement Hitler lui-même. La Société de Thule s'inspirait en grande partie des croyances de la Théosophie, et en particulier de ses théories raciales. L'hypothétique confrérie du Vril, dont l'existence fait encore débat au sein des historiens, aurait été créée en 1918 par Haushofer et Hess en aurait été membre. 

 
L'anthropologue allemand Bruno Beger réalisant des mesures sur une tibétaine, durant l'expédition Schäffer dans l'Himalaya de 1938
Il est également avéré que l'Ahnenerbe s'intéressait fortement à la culture asiatique... dans la mesure où certains membres du parti pensaient voir en Asie Centrale, et notamment dans l'Himalaya, le berceau de la race aryenne. 

Ainsi en 1938, l'Ahnenerbe sponsorisa la 3e expédition dans l'Himalaya de Ernst Schäfer. Son objectif consistait à étudier la géographie, la faune et la flore himalayenne... mais également à faire une analyse anthropologique des peuples tibétains : par la mesure des squelettes, l'équipe devait démontrer si la race tibétaine était à l'origine de la race aryenne, ou s'il s'agissait d'un intermédiaire entre les races aryennes et mongoloïdes (justifiant ainsi l'alliance germano-japonaise). En 1939, le gouvernement allemand envoya une délégation officielle au Tibet dans le but de participer à la célébration du nouvel an, à l'invitation du gouvernement tibétain (dont l'objectif était d'obtenir le soutien de l'Allemagne dans un contexte troublé où les bouddhistes étaient persécutés en Mongolie communiste, et le Tibet menacé d'annexion par les Britanniques et les Chinois). 

Shambhala, un royaume historique ? 

De nombreuses traditions religieuses et populaires d'Asie centrale considérant Shambhala comme un lieu bien réel (même si elles sont rarement d'accord sur sa localisation), certains historiens et archéologues ont suggéré que Shambhala pouvait avoir été inspiré par de vrais royaumes tibétains ayant existé jadis : 

  • le royaume de Zhang zhung[5], englobant l'Ouest du Tibet actuel et le Nord du Népal, et absorbé par le Tibet au VIIe siècle ap. J-C. 
  • le royaume de Gugé[6], qui s'épanouit du Xe au XVIIe siècle, à l'Ouest du Tibet actuel, et qui permit la renaissance du bouddhiste tibétain au Moyen-Age, avant de disparaître pour des raisons qui sont encore mal déterminées à ce jour. 
  • le royaume ouïgour de Gaochang[7],situé dans le désert de Taklamakan dans le Xinjiang (extrême ouest de la Chine). Construit sur une oasis et situé sur la route de la soie, il prospéra durant le premier millénaire de notre ère avant d'être détruit au XIVe siècle. 
  • l'exploratrice française Alexandra David-Néel a avancé que Shambhala correspondait à la ville de Balkh[8] (anciennement nommée Bactre) en Afghanistan, ancienne très grande cité – et centre bouddhiste important – durant l'Antiquité et le Moyen-Age.
 
Le mont Kailash, dans lequel certains ont vu Yungdrung Gutsek, la montagne mythique située au centre d'Olmo-lung-ring. (Crédit : Ondřej Žváček)
Des textes bön[9] donnent à la capitale du royaume Zhang Zhung le nom de Shambhala, et ils situent cette capitale dans la vallée du Sutlej[10] (Himachal Pradesh[11], extrême nord de l'Inde)... où l'on a effectivement retrouvé des ruines anciennes qui pourrait accréditer cette théorie. Quelques historiens et érudits Bön ont identifié Olmo-lung-ring[12] à l'ancien royaume des Zhang Zhung, et la montagne mythique Yungdrung Gutsek[13] au mont Kailash[14] situé à proximité. Ils s'appuient pour se faire sur certaines sources anciennes qui précisent que le Bön serait issu du royaume de Zhang Zhung. Le mont Kailash, que les textes bön voyaient comme le centre du royaume, ressemble en outre à la description de Yungdrung Gutsek (notamment par la présence de quatre rivières l'entourant). 

La majorité des pratiquants bön réfutent toutefois ces interprétations, puisque leurs croyances précisent bien que seuls les personnes éveillées et spirituellement évoluées peuvent atteindre Olmo-lung-ring – alors que le mont Kailash ou la vallée du Sutlej sont accessibles à n'importe qui.

Kailash, Gurdjieff et la science antique 

Le Kailash, Gang Rinpoché (གངས་རིན་པོ་ཆེ) ou Kailâsa, est une chaîne de montagnes du plateau tibétain ainsi que son plus haut sommet (6 714 mètres). C'est la plus haute montagne du Tibet en dehors de l'Himalaya. Située dans la préfecture de Ngari, à proximité du lac Manasarovar et du lac Rakshastal, elle est à la source de deux des quatre plus grands fleuves d'Asie : l'Indus et le Sutlej. Cette montagne est le centre de l'univers bouddhiste (chaque bouddhiste aspire à en faire le tour), c'est aussi un endroit sacré pour les hindous, les jaïns et les bönpos depuis des siècles. Les abords de la montagne divine sont des lieux saints où « les pierres prient »

Gurdjieff 

Ce mythe semble avoir inspiré Georges Ivanovitch Gurdjieff, en effet dans le film de Peter Brook « Rencontres avec des hommes remarquables »[15] d'après de l'ouvrage éponyme de Gurdjieff, la scène qui démarre le film se situe au centre des montagnes d'Afghanistan où des villageois se réunissent pour assister à un concours de musique au pied d'un montagne aux parois abruptes. Le gagnant de cette joute musicale étant celui qui réussirait à faire « vibrer les pierres », faire chanter la montagne.

La science antique de Laura Knight-Jadczyk 

Le Château de Corail et le fauteuil d’avion qui tourbillonne « En octobre 1994, je demandai aux Cassiopéens comment les pierres de Baalbek avaient été découpées et transportées. Ils répondirent que cela avait été fait par “concentration d’ondes sonores”. Mais bien sûr, cela va de soi !! Mais ensuite, ils ajoutèrent que j’allais découvrir par moi-même quelque chose à ce sujet et, de manière énigmatique, ils mentionnèrent, le “Château de Corail” (Coral Castle). Edward Leedskalnin était un “mage” de cinquante kilos, qui n’avait pas beaucoup fréquenté l’école, et qui avait bâti de ses propres mains un édifice connu sous le nom de Coral Castle, le Château de Corail, dans le sud de la Floride. Certaines des pierres utilisées par Edward pour la construction du Château de Corail pèsent environ 28 tonnes. Cela ne vaut pas les pierres de Baalbek, mais pour un travail effectué par un petit homme, à lui tout seul, cela donne à penser qu’il devait avoir découvert quelque chose ! Leedskalnin a aussi publié plusieurs brochures mises en vente vers 1945, et dont le thème était les courants magnétiques. Ces brochures décrivent diverses expériences qu’il a entreprises en utilisant des aimants fabriqués de ses mains [...]
... beaucoup de longueurs sans intérêt ...
Henry me dit qu’après avoir bâti le Château en partie, ou bien même déjà quand il était terminé, Edward l’avait transporté d’un endroit à un autre. Apparemment, il y avait un problème d’urbanisme, et Edward apprit qu’il devait le démolir ou bien le déplacer. Il le déplaça. [...] C’est le mode de transport de ces tas de roches qui m’intéressait vraiment. Apparemment, Edward avait loué un camion et les services d’un chauffeur, mais il avait demandé au chauffeur de garer son camion pour la nuit, et l’avait renvoyé chez lui. Le matin suivant, le camion était chargé des lourds blocs de pierre et devait être conduit vers son nouveau site. Il y avait un bloc et du matériel de levage sur de grandes perches, tout cela bien en évidence et, apparemment, Edward confia à Henry qu’il avait eu recours à cette ruse pour donner l’impression que c’est cela qu’il utilisait pour décharger les blocs. Il envoya le chauffeur faire une commission, et le camion fut laissé là, avec son chargement de blocs. Quand le conducteur fut de retour, le camion avait déjà été déchargé. Ce scénario fut répété jusqu’à ce que toutes les pierres eussent été réinstallées sur le nouveau site. Certains rapports disent qu’il plaçait ses mains sur les pierres et qu’il “leur adressait un chant”. Une autre chose étrange que me raconta Henry est qu’il avait visité l’endroit dont les pierres avaient été extraites, et il n’y avait pas de gravats ! Les gravats sont à la pierre ce que la sciure est au bois. Quand on scie du bois, il y a de la sciure. Quand on découpe de la pierre ou du métal, il y a des gravats ou de la limaille. Dès lors, quelle que soit la manière dont Leedskalnin avait découpé ces pierres, cette manière n’était PAS habituelle ! [...] Ce qui n’est PAS ordinaire, c’est qu’il y avait, suspendu au plafond par une chaîne, un fauteuil d’avion complet, avec la ceinture pour le passager. [...] Et puis la petite lampe s’est allumée au-dessus de notre tête, pour suggérer que Edward Leedskalnin devait utiliser son fauteuil d’avion avec la ceinture de sécurité pour s’y asseoir et tournoyer, et que le “générateur” c’était lui-même. {Et nous pensons immédiatement à la longueur de la chaîne en nous référant aux expériences de Lethbridge[16]. [...] Edward avait également mentionné une autre chose curieuse : “j’ai plusieurs mares à nénuphars où je conserve de l’eau. J’ai observé les mares de nénuphars pendant seize ans”. Cette citation est intéressante de par sa connexion avec certaines légendes qui font le lien entre la présence d’eau et le mouvement de pierres, ainsi qu’avec le lien fait par Lethbridge entre l’eau et certains champs. On raconte que des mégalithes se rendaient au cours d’eau le plus proche pour boire à certains moments astronomiquement propices de l’année. Et "astronomiquement propice” pourrait bien être un autre indice, car Edward suggère également à l’expérimentateur de “faire face à l’est”. Mais nous n’avons toujours aucune idée de la manière dont fonctionne cette étrange force que nous abordons de divers côtés. [...] Est-ce que Edward Leedskalnin tournoyait un nombre précis de fois, à une longueur de fréquence précise, afin de produire à l’intérieur de lui-même une énergie qui le connectait à un autre monde, ce qui avait pour résultat une “MAE[17]”? C’est-à-dire, produisait-il un son très spécial qui lui permettait de faire bouger de massifs blocs de pierre, non pas parce que ce faisant il en obtenait la force, mais bien parce que ce son, émis depuis une dimension intemporelle sur laquelle il s’était “branché” et dirigé vers les pierres, avait un effet sur la pesanteur ? [...] Mais nous voudrions bien savoir comment une civilisation tout entière parvenait à utiliser une telle technologie. Qu’est-ce que cela peut bien signifier, que de suggérer que dans des régions où les mégalithes marchent dans le paysage et où sont situés des temples, que ces gens n’ont pas produit de civilisations telles que nous les connaissons parce qu’ils n’en avait pas besoin ? [...][18] »

 

Les mythes ont la vie dure et celui du « kiai » en fait partie. Il s’agit du cri des karatékas considéré à tort comme le cri qui tue.

Origine d’une légende

Un guerrier nommé Myamoto Musachi (1584-1645), de son vrai nom Takezo Shimmen, fondateur de deux écoles d’escrime au sabre, aurait tué un scorpion en produisant un son particulier presque inaudible, ce qui aurait fait fuir l’adversaire qui se préparait à le combattre. Étonnamment, l’une de ses deux écoles existe toujours. Certains se sont servis de cet incident pour avancer l’idée qu’il était sûrement possible de tuer un individu avec la technique du « cri interne » (appelé ki ou kiai); un fait qui ne s’est jamais confirmé dans l’histoire des arts martiaux. Le cri qui tue, une légende
On se rappellera du « cri qui tue » (le « Kiai » des karatékas), ou de l'arme (le module étrange) de Muad'Dib (Paul Atréides) dans le film de science-fiction Dune réalisé par David Lynch, cette arme partie de « l'art étrange », n'existe pas dans le roman de Franck Herbert.[19], ainsi que la lubie d'Arkadiusz Jadczyk désirant acquérir le pouvoir de soulever des pierres. Au final nous pouvons seulement conclure que ces « théories » ont leurs origines dans la mythologie bön, qui est une religion tibétaine préexistante au bouddhisme. 
Dune de David Lynch : partie 12 — le module étrange, 12'57

A savoir 

InnerAsia.png 
  • Noms alternatifs : on trouve parfois le nom orthographié de façon différente : Shambala, Shamballa... 
  • Nom anglais : Shambhala 
  • Localisation : selon la conception qui accorde à Shambhala une réalité concrète et tangible, le royaume se trouverait quelque part dans une région montagneuse inaccessible d'Asie centrale : l'Himalaya (Népal, nord de l'Inde), l'Altaï (Mongolie, Kazakhstan), le Sud de la Sibérie, l'extrême ouest de la Chine... selon les traditions. Les interprétations occidentales modernes le situent parfois au centre de la Terre.

Sources et liens complémentaires 

Bibliographie 

  • Opening the Door to Bon (2006), de Geshe Nyima Dakpa Rinpoche. Snow Lion Publications.

Références 

  1. http://www.paranormal-encyclopedie.com/wiki/Articles/Shambhala
  2. Tashilhunpo sur wikipédia Situé sur une colline au centre de la ville, son nom complet en tibétain signifie « toute la fortune et le bonheur rassemblés ici » ou « monceau de gloire ».
  3. Pour Nicholas Roerich, le cintāmani était une pierre magique venue de la constellation d’Orion via Atlantis. Il en a fait le logo de sa « bannière de la paix » et le thème du tableau La Pierre blanche ou Le Signe de Chintamani. Wikipédia — Ruth A. Drayer Nicholas and Helena Roerich- The Spiritual Journey of Two Great Artists and Peacemakers, Quest Books; Revised edition (September 10, 2007) p86.
  4. La Schutzstaffel (de l'allemand « escadron de protection » — de genre féminin en allemand) ou la SS fut une des principales organisations du régime nazi. Wikipédia
  5. http://fr.wikipedia.org/wiki/Zhang_Zhung
  6. http://fr.wikipedia.org/wiki/Royaume_de_Gugé
  7. http://fr.wikipedia.org/wiki/Gaochang
  8. http://fr.wikipedia.org/wiki/Balkh
  9. Le terme bön (prononcer beun), désigne 3 phénomènes religieux tibétains Wikipédia
  10. http://fr.wikipedia.org/wiki/Sutlej
  11. http://fr.wikipedia.org/wiki/Himachal_Pradesh
  12. http://en.wikipedia.org/wiki/Tagzig_Olmo_Lung_Ring
  13. idib.
  14. Le mont Kailash, vénéré des Hindous, Bouddhistes, Jaïns et Böns. : http://fr.wikipedia.org/wiki/Kailash et http://fr.wikipedia.org/wiki/Mont_Meru
  15. Rencontres avec des hommes remarquables (Meetings with Remarkable Men) est un film britannique réalisé par Peter Brook en 1978 et sorti en 1979. Ce film est inspiré du livre du même nom, autobiographie de Georges Gurdjieff parue en 1963. Ce livre est la seconde partie de sa trilogie appelée All and Everything écrite entre 1924 et 1935.Wikipédia
  16. Thomas Charles Lethbridge (3 mars 1901 — 1930 septembre 1971) était un explorateur, archéologue et parapsychologue britannique. Selon l'historien Hutton Ronald, son « statut de chercheur n'a jamais vraiment été au-delà que d'un antiquaire local inhabituellement animée » car il avait un « mépris pour le professionnalisme dans tous les domaines » et ses prétendues théories n'ont jamais été acceptée par la communauté archéologique majoritaire. Lethbridge était un chercheur obstiné qui s'est intéressé aux questions dites « de l'occulte » selon une approche qu'il considérait comme scientifique et de proposer des théories sur les fantômes, les sorcières, la radiesthésie, le psychokinèse et même au sujet des « aliens ». Son livre The Power of the Pendulum, expose ses recherches sur la radiesthésie au moyen du pendule. Lethbridge est mort alors que son livre était encore sous forme de projet. Grâce à son expérience avec le pendule et son travail avec les rêves, Lethbridge conclu qu'il existe d'autres domaines de la réalité au-delà de celle-ci et que l'âme est sans doute immortelle. Wikipédia (en)
  17. Emission Magnéto-Acoustique (Magneto-Acoustic Emission, MAE) — Les méthodes électromagnétiques acoustiques sont une combinaison de techniques acoustiques et magnétiques pour le contrôle qualité des pièces industrielles : cf. Contrôle non destructif, Wikipédia
  18. http://www.scribd.com/doc/78655305/68/Le-Chateau-de-Corail-et-le-fauteuil-d%E2%80%99avion-qui-tourbillonne
  19. L'Univers de Dune exploite largement les thématiques de la religion et des mythologies : http://fr.wikipedia.org/wiki/Univers_de_Dune


26/09/2013
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