anges
Les anges sont de retour
Romans, témoignages, entretiens, encyclopédies :
depuis quelques mois, les librairies croulent sous les publications angéliques.
Pourquoi ce regain d’intérêt pour les anges ? Et qui sont ces êtres invisibles
qui fascinent autant ?
depuis quelques mois, les librairies croulent sous les publications angéliques.
Pourquoi ce regain d’intérêt pour les anges ? Et qui sont ces êtres invisibles
qui fascinent autant ?
©
Oz Haver
Oz Haver
d’ouvrages qui leur est actuellement consacrée, il semblerait qu’ils soient de
retour parmi nous. La Confession des anges, Le Livre de
l’ange, La Couleur de l’âme des anges, Le Petit livre des
anges... Depuis quelques mois, de nombreux auteurs semblent
particulièrement inspirés par ces êtres invisibles.
Mais d’abord un
ange, c’est quoi ?
Tantôt appelés « créatures célestes », « messagers du
divin », « esprits protecteurs », « maître intérieur », « channels » ou encore
« intermédiaires entre dieu et les hommes », difficile de savoir à quel saint se
vouer.
Erik Pigani, psychothérapeute de formation, journaliste, et
auteur de Channels, les voix de l’Au-delà, tente de nous éclairer : «
Selon les différentes cultures et les croyances de chacun, il peut être
considéré comme une entité autonome, extérieure à soi ; comme notre double dans
le monde subtil — un jumeau — ; ou encore comme un moi supérieur, une partie
inconsciente de chacun de nous. Puisqu’il n’existe à l’évidence aucune preuve
tangible, c’est à chacun de faire un choix personnel et de prendre position.
J’ai moi-même fait le choix de croire en une âme qui perdure dans
l’au-delà. »
Pour Patrice Van Eersel, éditeur, journaliste et écrivain,
également spécialiste de la question, l’ange serait « la partie immergée de
notre âme, bien plus grande que celle dont nous avons conscience. Je dirais même
qu’il s’agit de la part créatrice que nous avons en chacun de nous,
précise-t-il. Un Moi supérieur capable d’accéder à la source intemporelle de
toute inspiration et de créer. Quand Mozart composait sa musique ne disait-il
pas que c’étaient les anges qui l’inspiraient ?».
Patrice Van Eersel a
participé à son « corps défendant » à la première grande déferlante des anges
dans les années 90 avec la publication de La Source blanche. Ce livre
retrace l’histoire vraie de Gitta Mallasz, Lili Strausz, Joseph Kreutzer et
Hanna Dallos, quatre amis qui, alors que la Hongrie voit arriver les troupes
nazies, se cachent dans une petite maison des faubourgs de Budapest. Les
discussions philosophiques deviennent alors leur seule distraction. Un jour,
Hanna avertit soudain que ce n’est plus elle qui parle mais « son pareil de
lumière ». Commence un enseignement spirituel de dix-sept mois — de juin 1943 à
novembre 1944 — où chacun découvrira sa propre part de divinité créatrice à
travers des paroles aux accents prophétiques prônant la joie et la grandeur de
l’Etre. Des communications qui tranchent avec le quotidien des quatre amis.
L’aventure s’achèvera dans un ancien collège transformé en atelier de confection
d’uniformes militaires que les trois femmes dirigeront pour sauver de la
déportation une centaine de femmes et d'enfants. Mais l’étau nazi se resserre.
Joseph, Hanna et Lili sont déportés et ne reviendront pas. Seule rescapée, Gitta
retranscrira l’intégralité des quatre vingt-huit entretiens dans un livre,
Dialogues avec l'Ange, paru en 1976, puis traduit dans seize langues.
Peu avant sa mort en 1991, Gitta Mallasz demandera à Patrice Van Eersel
d’écrire l’histoire de cette expérience spirituelle collective. C'est elle qui
lui suggéra le titre de La Source blanche, en expliquant : « Par La
Source noire tu as contribué à changer le visage de la mort dans la
conscience des hommes. Dans le même style, tu pourrais faire connaître La
Source blanche pour aider à changer le visage de la vie ». Toujours dans
les années 90, Enquête sur l’existence des anges gardiens, écrit par
Pierre Jovanovic, sera le premier ouvrage qui étudiera de manière approfondie
les apparitions d’anges. Les résultats de six années d’investigation inciteront
l’auteur à examiner les apparitions d’anges chez les grands mystiques chrétiens
et à les comparer à celles vécues lors des expériences de mort imminente. Salué
par toute la presse internationale, cet ouvrage, vendu à plus d’un million
d’exemplaires à travers le monde, deviendra un best-seller.
S’ensuit
alors une multitude d’articles dans les journaux français — de ELLE à VSD en
passant par Paris Match ou le Figaro Magazine — et une flopée de livres et
autres produits dérivés sur les anges dont « les trois-quarts se sont avérés
totalement inutiles », lance Erik Pigani.
Comme toutes les modes, l’intérêt
des médias pour les anges, peu à peu, s’est essoufflé. Mais comme la mode, on le
sait, est toujours un éternel recommencement, les anges font leur retour en
force dans les rayons littéraires, après vingt ans de présence discrète.
« Ce
nouvel engouement n’a rien d’étonnant, commente Erik Pigani. Avec la crise, et
dans la logique d’un système qui arrive à sa fin, on vit une époque où l’on
manque cruellement de repères, où l’on se sent démuni. On a besoin de se sentir
accompagné, épaulé, guidé. Et il n’y a rien de plus rassurant que de sentir
qu’on veille, nuit et jour, sur nous. Comme le disait Carl Jung, la spiritualité
est nécessaire à l’être humain. Parce que nous sommes faits pour ça. Par nature,
nous avons besoin de ce contact spirituel, et l’élément le plus proche de nous,
c’est l’ange. »
Comme pour boucler la boucle, les éditions Albin Michel
ont publié, le 11 janvier dernier, Le Dernier convoi, épilogue tragique
des Dialogues avec l’ange. Un livre poignant, écrit par Eva Danos qui,
comme des centaines de milliers de juifs hongrois, a été déportée après
l'invasion de son pays par les nazis en 1944. Rescapée des camps de la mort, son
témoignage relate au jour le jour l'horreur des derniers convois de déportés.
Dans ces wagons à bestiaux, Eva Danos avait pour compagnes Hanna Dallos et Lili
Strausz qu’elle a rencontrées dans l'atelier d'uniformes militaires avec Gitta
Mallasz. Eva avait alors assisté aux dernières séances des « dialogues » et
partagé le quotidien de Hanna et Lili au camp de Ravensbrück. Comme invité par
les anges à célébrer leur grand retour, Patrice Van Eersel, vingt ans après la
publication de La Source blanche, s’est vu confier la préface du livre.
L’écrivain-journaliste vient également d’être sollicité par le magazine Canopée
pour interviewer l’actrice Juliette Binoche, une amie de longue date avec qui il
partage cette fascination pour les anges, part de notre inspiration créatrice.
« Oui, conclut-il, je crois que la vogue des anges est bel et bien de retour. »
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