"Je me suis fait prendre à partie, ma moto est à terre", lance un policier à la radio. "Putain", répond son collègue avant de remonter l'autoroute à contresens, sirène hurlante. La scène se déroule à Calais (Pas-de-Calais), pendant la semaine du 8 juin. Un motard CRS filme son intervention, avec deux collègues, sur la rocade qui mène au port, là où les migrants qui veulent rejoindre l'Angleterre tentent tous les jours de monter dans un camion.

 

(FRANCETV INFO)

Mises en ligne par La Voix du Nord, ces images ont été transmises à la presse par le syndicat Unsa-Police. "Ce n'est pas facile de travailler à Calais quand on se retrouve à 3 policiers contre 200 à 300 migrants", explique à francetv info Denis Hurth, le délégué régional du syndicat, qui a fait remonter ces deux vidéos tournées par un collègue. On y voit en effet les policiers, lacrymos à la main, sommer des dizaines de migrants massés sur la rocade de "dégager".

"Les migrants ne sont pas en reste"

Même si les images ne montrent pas directement de violences envers les forces de l'ordre – on ne voit pas le policier à terre –, elles se veulent une réponse aux vidéos publiées en mai par l'association Calais Migrant Solidarity, où l'on voit des CRS frapper des migrants. "On se soucie beaucoup des violences policières, mais, de l'autre côté, les migrants ne sont pas en reste", martèle Denis Hurth. Si l'agent évoqué dans la vidéo n'a pas été blessé, sa moto a été endommagée, affirme le syndicaliste.

L'Unsa dénombre "trois motards agressés" ces dernières semaines, en plus d'un agent blessé la semaine dernière dans une altercation avec un Erythréen. Une histoire relatée par La Voix du Nord. "Il a souffert d'un traumatisme crânien qui lui a valu 21 jours d'incapacité temporaire de travail (ITT)", rappelle Denis Hurth. Le délégué régional de l'Unsa-Police réclame davantage de moyens matériels – gilet, blouson airbag, holster sur la cuisse – pour ces motards, "des proies faciles" qui ne sont pas équipées pour ce type de situation. "Ils sont normalement là pour réguler la circulation, mais on les utilise pour intervenir parce qu'ils peuvent être sur place plus rapidement", explique Denis Hurth.

Dans la première vidéo, l'image est coupée à au moins deux reprises. Contacté par francetv info, David Michaux, le délégué national CRS à l'Unsa-Police, explique que le motard n'a pas tout filmé en continu, un comportement habituel selon lui.