la Russie disposerait d'une arme nucléaire spatiale "sérieuse" et "déstabilisante" Article de Thomas Burgel • 10 h
Vent de panique chez les élus américains : le renseignement du pays disposerait d'informations sur une menace militaire russe inédite, a priori liée à l'espace et aux armes nucléaires. De quoi balayer les satellites ennemis ?
Il est des alertes que l'on ne préférerait ne jamais recevoir. Ainsi de celle qui agite nombre d'analystes et de commentateurs depuis le mercredi 14 février, et qu'ont notamment émise Politico, ABC News ou CNN, à la suite d'élus du Congrès américain.
À la tête de la Commission permanente sur le renseignement de la Chambre des représentants des États-Unis, le républicain Mike Turner a soufflé un vent de panique ce même jour sur les hautes sphères politiques, militaires et journalistiques américaines.
Il annonçait publiquement, notamment via X, anciennement Twitter, que la commission était en possession d'informations sur la nouvelle capacité militaire d'une puissance rivale sinon ennemie, décrite comme "déstabilisante" et représentant une "sérieuse menace pour la sécurité nationale".
Il exigeait en conséquence une action rapide de la part de l'administration Biden, à laquelle il demandait la déclassification de l'ensemble des informations liées à la menace et une concertation générale – voire internationale – sur le sujet.
Une menace russe, nucléaire et spatiale
En allumant la mèche, Mike Turner n'a alors pas fait de commentaire détaillé sur ladite menace. Néanmoins, dans les heures qui ont suivi, les commentaires d'autres élus ou sources au sein de l'administration américaine, au courant de l'affaire, ont très vite pointé vers la Russie.
Moscou, qui comme nous le rapportions récemment développe depuis quelques années de nombreuses nouvelles armes souvent effrayantes, aurait ainsi mis en place ou serait en train de mettre en place une nouvelle capacité militaire liée à l'espace et aux armements nucléaires.
En réaction à cette alerte rouge écarlate émise de manière subite et publique par Mike Turner, le conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan s'est déclaré "un peu surpris" par la méthode, tout en précisant qu'une réunion avec le "Gang des Huit" ("Gang of Eight" en anglais), terme désignant les huit élus du Congrès américains mis au courant des plus importantes questions dans le domaine, avait d'ores et déjà été planifiée ce jeudi.
"C'est son choix de procéder de la sorte, a déclaré Sullivan lors d'un point presse. Tout ce que je peux dire, c'est que je suis concentré sur le fait d'aller le voir, lui et les autres membres du Gang of Eight demain. Et je ne suis pas en position de dire quoi que ce soit de plus depuis cette estrade aujourd'hui."
Au Sénat, le républicain Marco Rubio et le démocrate Mark Warner, deux autres élus à la tête de l'U.S. Senate Select Committee on Intelligence, expliquaient un peu plus tard être en possession des mêmes informations sensibles que le lanceur d'alerte initial Mike Turner, mais l'accusaient à demi-mot d'être allé un peu vite en besogne.
"Nous suivons le sujet avec rigueur depuis le début, ont-ils écrit. Nous continuons à prendre la chose avec sérieux et discutons de la réponse appropriée avec l'administration. En attendant, nous devons être prudents et ne pas révéler des sources et des méthodes qui pourraient être cruciales pour préserver l'éventail des actions possibles pour les États-Unis."
Du côté démocrate, les divers élus confirmaient une menace a priori sérieuse, mais l'élu du Connecticut Jim Himes cherchait à calmer quelque peu les flammes de la panique en précisant que la menace était certes réelle, mais qu'il "n'y avait aucune raison de paniquer" et qu'elle se situait plutôt sur un temps moyen ou long.
Du nucléaire spatial contre les satellites occidentaux ?
Mais alors, de quelle menace précisément peut-il être question ? Il est à ce stade uniquement possible de se perdre en hypothèses et conjectures, des informations plus précises sur ce que concocte Vladimir Poutine dans l'espace n'ayant pas encore été révélées publiques.
Incertaine mais pas sans base, une théorie semble pourtant émerger, comme l'explique notamment The War Zone. Dans cette "Guerre des Étoiles" nouvelle version, pour reprendre le terme consacré lors de la course aux armements, réelle ou fantasmée entamé en pleine guerre froide par l'administration Raegan, l'idée une plateforme ou un système permettant de frapper depuis l'espace n'importe quel point de la Terre avec des ogives nucléaires ne semble pas être la plus crédible.
Si la menace qui agite la sphère politique et militaire américaine se confirmait réellement, il pourrait en revanche s'agir d'une capacité nucléaire spatiale russe destinée à mettre hors service en orbite les satellites des puissances visées, et ainsi les rendre "aveugles" en cas de conflit.
Comme le rappelle The War Zone, la Russie, comme la Chine ou les États-Unis notamment, planchent activement depuis des années sur de tels systèmes orbitaux de brouillage, de désactivation ou de destruction pure et simple des satellites ennemis si une guerre venait à éclater.
Certains observateurs ont ainsi noté que des fusées russes avaient, ces dernières semaines, œuvré lors de missions secrètes menées pour le ministère de la Défense du pays. "Le 9 février, la mission Cosmos-2575 était lancée par Roscosmos [la Nasa russe], en utilisant une fusée Soyuz-2 qui allait mettre en orbite un chargement secret pour le ministère russe de la Défense", rappelait ainsi OSINTdefender sur X.
D'autres lancements du même type avaient eu lieu les mois précédents. Peut-être Moscou est-elle de mettre en place cette "menace" qui fait tant jaser dans les couloirs du Pentagone et du Congrès américain, et à laquelle une réponse des États-Unis sera forcément attendue par le monde entier.
Les prochaines heures devraient nous en apprendre beaucoup sur la réalité de l'alerte, et confirmer ou infirmer ce qui a pour l'instant filtré – qu'il s'agisse de la Russie, de l'espace, et de nucléaire n'est à l'heure où ces lignes sont écrites nullement confirmé.
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