Au début, on a peine à y croire tant les propos de Mikhaïl Vanin, l’ambassadeur de Russie au Danemark, tels qu’ils ont été rapportés par la presse danoise, sont peu diplomatiques.
On pense alors à une erreur de traduction et l’on s’attend à ce qu’ils soient éventuellement démentis. Et l’on scrute les médias officiels russes… qui finissent par les confirmer.
Révélation d’un député russe : la CIA manigance un coup d’Etat contre Vladimir Poutine
Vladimir Poutine et sa politique de reconstruction et de renforcement de la souveraineté nationale russe, mise à mal il y a quelque 25 ans, dérangent Obama et la CIA qui veulent lui faire le même coup que celui réalisé contre le Premier ministre iranien Mohamed Mosssadegh (Iran, août 1953) et contre le président Salvador Allende (Chili, septembre 1973), bien sûr sous d’autres formes, mais avec le même objectif : l’éliminer du pouvoir.
Dans une vidéo qui circule sur les sites alternatifs, Eugène Fedorov, député à la Douma de l’Etat et coordinateur du Mouvement de libération nationale pour la restauration de la souveraineté en Russie, en fait la démonstration. Il ne s’agit pas ici d’actions armées, mais plutôt pacifiques, du moins en apparence, en exerçant, tout simplement, une pression insupportable sur Poutine, qui viendrait non pas de l’extérieur, mais de son propre entourage et de sa population. La CIA a mis en place des mécanismes qui lui permettent de faire bouger, comme des marionnettes, hommes d’affaires et de la finance, dirigeants politiques, mais aussi membres de l’élite intellectuelle et des médias, à travers des ONG qui sont déjà préparées à agir pour les intérêts de leurs maîtres américains. Le scénario, cousu de fil blanc, n’a rien d’original depuis quelques années.
Il est reproduit systématiquement par les Américains : la CIA se sert d’ONG locales pour créer des groupes de jeunes appelés à suivre des stages spéciaux en rapport avec leurs besoins, pour donner un habillage national à cette préparation à l’action subversive qui est déclenchée à l’occasion d’élections quitte à mettre le pays visé, à feu et à sang. Au préalable, les stratèges américains prévoient de neutraliser les forces, qui en Russie même, seraient en mesure de s’opposer à cette opération qui conduirait à la démission de Poutine. Eugène Fédorov en donne pour preuve l’acharnement sur son Mouvement de libération nationale. Ainsi, il ne resterait plus à la CIA qu’à manipuler les ONG serviles. Les stratèges américains pensent que ce scénario a des chances de marcher et ils feraient alors d’une pierre deux coups: affaiblir la Russie et détruire les Brics.
Eugène Fédorov garde toutefois un certain optimisme en espérant que la Russie réussisse dans la politique de Poutine visant à réduire l’influence négative des institutions internationales au service des Etats-Unis que sont la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, ou même, par certains aspects, les organisations onusiennes et jusqu’à l’Union européenne, qui caressent toutes le même rêve de casser la Fédération de Russie, et par conséquent les Brics, un ensemble alternatif dont Poutine est un des principaux constructeurs. Il estime possible une telle perspective et suggère qu’elle existe également pour la Grèce. Les Américains, mis en échec et en recul au Moyen-Orient, à cause de la nouvelle politique étrangère appliquée par Poutine, savent qu’il faut frapper en amont, au cœur du Kremlin. C’est ce qui explique l’action subversive de leurs agents pour déstabiliser l’Ukraine.
La CIA veut assurément renouveler les opérations qu’elle avait menées durant la guerre froide. Il y a deux ans, la CIA a reconnu avoir organisé le coup d’Etat qui poussa le Premier ministre iranien Mohamed Mosssadegh et son cabinet de Front national à la démission le 18 août 1953. Son crime : un acte de souveraineté consistant à récupérer une richesse nationale, le pétrole, à travers la nationalisation en 1951 de l’Anglo-Iranian Oil Company, qui deviendra BP. C’était une ressource jugée jugée vitale pour l’économie britannique.
Le président Dwight Eisenhower arrivé au pouvoir aux Etats-Unis au début 1953 s’était chargé de la «remise en ordre» en Iran à l’aide de la CIA en pleine ambiance de guerre froide. En septembre 1973, Salvador Allende, démocratiquement élu à la tête du Chili, a été renversé par une junte militaire avec l’aide de la CIA qui avait tout fait auparavant, notamment en finançant et en armant des groupes d’opposition, pour qu’il n’accède pas au pouvoir. Mais il n’est, visiblement, pas aussi facile de venir à bout de Poutine et de la Russie.
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Qu’a donc bien pu écrire Mikhaïl Vanin dans les colonnes du quotidien Jyllands- Posten? Évoquant l’intention de la France et du Danemark de participer au bouclier antimissile del’Otan en installant des moyens de détection sur au moins une des frégates de sa marine, le diplomate a tout bonnement affirmé : « Je ne pense pas que les Danois et les Francais réalisent les conséquences de leur potentielle adhésion à ce système de défense antimissile. Si cela devait se produire, leurs navires deviendraient la cible de nos missiles nucléaires ».
Et l’ambassadeur russe d’ajouter : « Le Danemark et la France fera alors partie de la menace contre la Russie (…) et ses relations avec la Russie en pâtiront ». On ne saurait être plus clair…
Des missiles nucléaires contre des frégates, et pas de missiles antinavires et de torpilles… Visiblement, Mikhaïl Vanin a voulu frapper les esprits en agitant une menace « nucléaire » contre le Danemark et la France
Les propos de l’ambassadeur russe ont suscité la réaction indignée des autorités danoises. « La Russie sait parfaitement que la défense antimissile de l’Otan n’est pas dirigée contre elle », a affirmé Martin Lidegaard, le ministre des Affaires étrangères, pour qui les mots de M. Vanin sont « inacceptables ». « Nous sommes en désaccord avec la Russie sur beaucoup de sujets mais il est important que le ton entre nous reste ne dégénère pas », a-t-il ajouté.
Ces derniers mois, plusieurs incidents ont opposé le Danemark et la Russie. Ainsi, en décembre 2014, un avion Canadair CRJ-200 de la compagnie Cimber avait dû brusquement changer de trajectoire afin d’éviter un Il-20 Coot, un appareil russe destiné à la collecte du renseignement, alors qu’il se rendait en Pologne.
Plus sérieux encore. En octobre dernier, les services de renseignement militaires danois (Forsvarets Efterretningstjeneste) révélèrent, dans leur rapport annuel, que l’aviation russe avait simulé l’attaque de l’île de Bornholm, au moment où cette dernière accueillait la réunion annuelle « Folkemødet », qui rassemble des responsables politiques et des journalistes.
« La Russie continuera à accorder une haute priorité à la modernisation de ses forces armées, en mettant l’accent sur le développement de forces capables de mener des opérations offensives le long de sa périphérie », estimait alors le rapport.
Pour autant, « même si la Russie a augmenté ses activités militaires et que ses avions ont parfois effectué des vols offensifs dans le voisinage du Danemark, il n’y a aucune indication qu’il y ait une augmentation de la menace militaire directe pour le territoire danois », avait conclu le document.
Quant aux menaces contre le Danemark proférées par l’ambassadeur russe, le général américain Philip Breedlove, le commandant suprême des forces de l’Otan en Europe (SACEUR), les a, en quelque sorte, relativisées, en évoquant une » campagne d’intimidation » contre les pays qui ont annoncé leur intention de participer à la défense antimissile. « La Roumanie a subi des pressions quand elle s’est associée au projet. La Pologne fait actuellement l’objet de fortes pressions politiques et diplomatiques, comme tout pays qui voudra rejoindre ce système de défense », a-t-il dit, en se gardant de citer la Russie.
Les responsables de la marine des Etats-Unis disent que les exercices européens ne sont pas des "bruits de bottes".
De hauts responsables de la Marine des Etats-Unis disent avoit augmenté les exercices américains et de l'OTAN en Europe orientale et qu'ils ne constituent pas des "bruits de bottes", mais sont des étapes nécessaires pour former avec les alliés et décourager l'expansion maritime russe qui n'a jamais été aussi agressive en 30 ans.
Le Vice-amiral James Foggo, qui dirige la flotte de la marine américaine en Europe et qui a supervisé l'exercice annuel de l'OTAN qui vient de se terminer dans la mer Baltique, a déclaré à Reuters qu'il se prépare à des incidents tels que celui d'Avril dernier, lorsque deux avions de combat russes ont simulé une attaque en passant près d'un destroyer lance-missiles américain.
U.S. Navy officials say European exercises not 'saber-rattling'
Top U.S. Navy officials say increased U.S. and NATO exercises in eastern Europe do not amount to "saber-rattling," but are necessary steps to train with allies and deter the most aggressive Russian maritime expansion in 30 years.
Vice Admiral James Foggo, who heads the U.S. Navy's fleet in Europe and oversaw the annual NATO exercise that just ended in the Baltic Sea, told Reuters he was braced for incidents such as the one last April when two Russian warplanes flew simulated attack passed near a U.S. guided missile destroyer.
But he said this year's 'Baltops' exercise saw "much less Russian activity and harassment" than in 2015, and Russian officials had apparently shifted to more strategic messages by senior politicians than tactical incidents like the flyover.
He said Russian surveillance ships did shadow U.S. ships during the exercise, and Russian jets and helicopters flew over U.S. and British ships, but they stayed at a safe altitude and acted professionally. Russian and U.S. officials also met recently to discuss ways to avoid incidents at sea, Foggo said.
Foggo and Navy Secretary Ray Mabus both rejected comments from German Foreign Minister Frank-Walter Steinmeier, who warned this weekend that NATO exercises in eastern Europe could raise tensions with Russia at a time when more cooperation was needed.
"What we shouldn't do now is to inflame the situation by loud saber-rattling and shrill war cries," Steinmeier told Bild newspaper in an interview published on Sunday.
Mabus said the remarks likely reflected domestic political issues, and stressed that Germany was part of the 28-member NATO alliance, which had agreed by consensus to carry out the exercises in question.
"What’s important is what comes out of NATO, and what comes out of the defense ministerial and the summit in Warsaw," Mabus told Reuters in an interview in Berlin. "And the aim and the resolution of NATO are pretty clear in terms of deterrence and reassurance."
NATO is increasing its defenses in Poland and the three Baltic nations of Estonia, Latvia and Lithuania, as part of a wider deterrent that NATO hopes will discourage Russia from a repeat of its annexation of Ukraine's Crimea peninsula in 2014.
Russia sees NATO's deterrence plans as hostile.
Mabus said increased U.S. shipbuilding deliveries - with the current fleet of 274 ships expected to grow to 308 by 2021 - would also allow the U.S. Navy to increase its presence in Europe for the first time in 15 years, even as it also boosts its presence in the Asia-Pacific region.
"Baltops was not about saber-rattling," Foggo said in an interview from his headquarters in Naples, Italy. "It was not our intent to look like or act like an aggressor force."He said Russia - which last participated in the Baltops exercise in 2012 - could be invited to resume participation if its behavior improved. But he said it was still unclear that Russia would want to participate.
Foggo said NATO and the U.S. Navy needed to maintain dialogue with Russia to minimize the risk of accidents, while also keeping an eye on a 50 percent increase in Russian naval operations. He cited Russian plans to deploy six more submarines in the Black Sea, and said U.S. officials reported a level of submarine operations in the Mediterranean not seen since 1999.
"We need to be vigilant and we need to hone our anti-submarine warfare skills," he said. "You must negotiate from a position of strength."
(Reporting by Andrea Shalal; Editing by Toby Chopra)