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Convoqués pour avoir soutenu Dettinger : "C'est presque de la police politique", dénonce leur avocate

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Des souscripteurs ont été contactés par emails groupés pour témoigner dans l'enquête ouverte pour abus de confiance suite à la fermeture de la cagnotte de soutien à Christophe Dettinger. Sur Europe 1, leur avocate s'offusque d'une telle démarche.
INTERVIEW

En janvier, ils ont participé à la cagnotte Leetchi en soutien à l'ex-boxeur Christophe Dettinger. Aujourd'hui, ils sont convoqués par la police pour témoigner. Des centaines de donateurs ont reçu des emails de la Brigade de répression de la délinquance astucieuse (BRDA), un mois après l'ouverture d'une enquête pour "abus de confiance". "On va sonder les cœurs et les esprits pour savoir pourquoi les gens ont donné. C'est presque de la police politique ou de la police des pensées", dénonce sur Europe 1 Me Laurence Léger, avocate du couple Dettinger, mais aussi de l'homme qui avait lancé cette cagnotte et de certains donateurs.

"On est clairement là pour faire pression, pour leur faire peur"

"Le parquet de Paris a demandé la communication de la liste des donateurs, ainsi que l'avait suggéré Marlène Schiappa le 8 janvier dernier. Maintenant qu'ils ont la liste, ils convoquent les gens par email, avec 30 à 40 adresses sur le même mail", se désole le conseil, qui rappelle que "normalement, une convocation, c'est individuel".

Au début de l'année, la secrétaire d'État en charge de la lutte contre les discriminations avait en effet accusé les souscripteurs de se prêter à une "forme de complicité" aux violences. "Il serait souhaitable de savoir qui a donné à cette cagnotte", avait-elle glissé à l'époque.

 

>> De 17h à 20h, c’est le grand journal du soir avec Matthieu Belliard sur Europe 1. Retrouvez le replay ici

 

"En réalité, les questions posées n'ont absolument rien à voir avec de l'abus de confiance", s'inquiète encore Laurence Léger, au micro de Matthieu Belliard. "On est clairement là pour faire pression sur ces gens-là, pour leur faire peur". Les donateurs qui n'ont pas pu se rendre à leur convocation se sont ainsi vus adresser deux questions auxquelles ils doivent répondre par écrit : "Pour quelles raisons avez-vous souscrit un don à la cagnotte Leetchi en soutien à Christophe Dettinger ?" et "À quelle date avez-vous souscrit et quel était le motif de la cagnotte sur le site ?".

"Ils ne peuvent être témoins de rien"

"Au nom de quoi on va investiguer dans la vie des gens pour leur demander pour quel motif ils ont donné, quelles sont leurs opinions ?", s'interroge l'avocate. "En tout cas, ça ne va pas aider l'enquête…" Et Laurence Léger d'insister : "Ils ne peuvent être témoins de rien. Ce sont des gens qui ont fait des donations de façon anonyme sur une plateforme en ligne. Donc par définition, ils ne se connaissent pas les uns les autres. (…) Cette démarche n'a pas de sens".

Sur les réseaux sociaux, de nombreuses personnes dénonçaient mardi soir le fait que Leetchi ait communiqué leurs coordonnées à la police. La plateforme ne peut pourtant pas s'y opposer dans le cas d'une réquisition judiciaire. Dans un autre dossier, la justice civile, saisie par Leetchi comme par le couple Dettinger et l'organisateur de la collecte, doit dire le 19 juin à Paris si la plateforme avait le droit de suspendre la cagnotte ou si elle doit verser l'argent à l'ex-boxeur.



09/09/2019
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