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prêtres pédophiles qui s’échangeaient des enfants

En Australie, l’histoire glaçante de ces prêtres pédophiles qui s’échangeaient des enfants

A priest prays hands joined, on June 24, 2006 at the Notre-Dame Cathedral in Paris, during the ceremony of ordination eight priests presided over by Msgr. André Vingt-Trois, Archbishop of Paris orders. AFP PHOTO FRANCOIS GUILLOT (Photo by FRANCOIS GUILLOT / AFP)
L’Eglise a longtemps tenté de minimiser l’existence de ces réseaux. (FRANCOIS GUILLOT/AFP)

Une enquête du quotidien australien « The Age » revient sur l’existence de ces cercles et sur les liens qui unissaient certains hommes d’Eglise.

Par L'Obs

Des prêtres qui s’échangent des informations sur les enfants les plus vulnérables, se protègent les uns les autres, se couvrent, s’influencent… Le quotidien australien « The Age » a retracé l’existence de « réseaux » de pédophiles glaçants. Dans une enquête publiée mardi 17 septembre, le journal expose les liens qui unissaient plusieurs prêtres pédophiles dans différents diocèses de l’Etat de Victoria, en Australie, notamment dans les années 1970.

Au centre de ces « réseaux », le séminaire de Melbourne, Corpus Christi, où se forment quelque 100 prêtres chaque année. Selon des données de la Commission royale d’enquête sur les réponses institutionnelles aux abus sexuels, au moins 75 prêtres pédophiles soupçonnés ou condamnés y seraient passés.

Dans une déclaration au tribunal consultée par « The Age », un habitant de Melbourne décrit comment il a été abusé de nombreuses fois entre l’âge de 12 et 14 ans, par trois prêtres issus de la formation Corpus Christi locale.

L’ancien enfant de chœur se souvient avoir été emmené sur les lieux du séminaire par Russell Vears, prêtre assistant, en octobre 1976. Là, il aurait été laissé avec quatre ou cinq autres garçons dans une pièce. Paul David Ryan, qui venait tout juste d’être ordonné, lui aurait intimé de le suivre dans une chambre où il l’aurait agressé sexuellement.

Aujourd’hui, Paul David Ryan est derrière les barreaux pour d’autres délits liés à la pédophilie. Russels Vears, lui, certifie n’avoir pas de souvenir de l’incident.

Des « réseaux » à leur apogée dans les années 1970

Une autre victime présumée, elle aussi enfant de chœur à l’époque, raconte avoir été conduit au campus Corpus Christi de Glen Waverley dans la banlieue de Melbourne. Le père Terrence Pidoto avait prétendu vouloir lui montrer « où les prêtres étaient faits ». A la place, l’adolescent de 14 ans est exhibé face à trois autres séminaristes assis en sous-vêtement sur un lit. Plus tard, Pidoto l’a violé, des faits reconnus par un jury lors d’un procès en 2007.

Des documents font état du cas d’un autre enfant, victime d’un prêtre du nom de Ron Pickering. En 1968, la victime se confie au père Bill Baker, lors d’une confession et évoque les sévices qu’il a subis. Coïncidence dramatique, ce prêtre est lui aussi un pédophile : il prévient le père Pickering, qui réprimande l’enfant. Et continue de l’abuser sexuellement jusqu’à l’âge adulte.

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Dissimulation de témoignages, orphelin devenu proie… Les exemples exhumés par « The Age » sont multiples et sordides. Selon le quotidien, ces « réseaux » de pédophiles ont commencé à se former dans les années 1960 et ont connu leur apogée dans les années 1970 avant de décliner dans les années 1980. Si leur existence avait toujours été suspectée par la Commission royale d’enquête sur les réponses institutionnelles aux abus sexuels, les liens de coopération entre les prêtres n’avaient jamais été réellement examinés.

« Les standards inadéquats d’hier ne sont pas la réalité d’aujourd’hui »

Pour Michael Salter, criminologue et professeur à l’Université de Nouvelle-Galles du Sud interrogé par le quotidien, un aspect récurent des cas de pédophilie dans le clergé est le fait pour un prêtre de prendre pour proies d’autres prêtres, plus jeunes, en formation, qui mène selon lui à la « normalisation de ces relations secrètes immorales ». « Cela pose les bases de futurs abus sexuels », ajoute-t-il.

Comme le souligne « The Age », l’Eglise en Australie a toujours tenté de minimiser l’existence de ce genre de « réseaux » dans ses rangs. Au point, lorsqu’elle a été interrogée sur le nombre élevé de pédophiles dans une banlieue en particulier dans les années 1970, de plaider la « coïncidence désastreuse ».

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Concernant les éléments qui ont pu mener le séminaire Corpus Christi à produire autant d’agresseurs sexuels, l’archidiocèse de Melbourne reconnaît des failles mais ajoute : « Les standards inadéquats d’hier ne sont pas la réalité d’aujourd’hui. » Et de conclure que les séminaires d’aujourd’hui sont désormais dispensés par du personnel formé et qualifiés.

Fin 2017, la Commission royale avait rendu un rapport accablant sur la pédophilie en Australie. Elle affirmait notamment que 7 % des religieux catholiques du pays avaient fait l’objet d’accusations d’abus sexuels sur des enfants entre 1950 et 2010. Dans certains diocèses, 15 % des prêtres étaient soupçonnés de pédophilie. Les enfants qui dénonçaient ces abus étaient ignorés, voire punis. Depuis, l’Australie s’est excusé de son traitement parfois indifférent de la pédophilie, et quelques très hauts responsables de l’Eglise australienne ont fait l’objet de poursuites.



22/09/2019
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