C’est un chantier gigantesque… à l’arrêt. La construction de la route du littoral sur l’Île de la Réunion a débuté en 2014, mais le projet peine à voir le jour. L’axe de plus de 12km doit relier la ville de Saint-Denis et le port de La Possession dans le nord-ouest de l’île. Il doit également permettre de désengorger la route côtière, saturée et rendue dangereuse par les éboulements de la falaise. Un projet en apparence plutôt simple, sauf que plus de la moitié de la route doit être construite sur la mer, via une digue. C’est cette dernière qui fait polémique.

Absence de réflexion et atteintes graves

Dernier épisode en date, une série de décisions du tribunal administratif qui met un coup d’arrêt au projet. Selon Le Monde, la justice a annulé aujourd’hui l’arrêté préfectoral autorisant à exploiter une carrière à Saint-Leu. Cette dernière devait fournir les roches massives nécessaires à la construction de la digue. Il a également suspendu l’autorisation préfectorale de défrichement de la Ravine du Trou, indispensable à la création de la carrière de Bois-Blanc.

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Cette décision fait suite à une plainte de la mairie de Saint-Leu et des associations écologistes qui avaient saisi la justice en référé. Ils dénoncent des « nuisances importantes pour la population » et des « atteintes graves à l’environnement et à la biodiversité ». Des risques que le tribunal a reconnu avec la possibilité, selon son jugement, d’une « atteinte grave et immédiate » soulignant que « le projet de la nouvelle route du littoral se caractérisait par l’absence d’une réelle réflexion sur les moyens d’approvisionnement à mettre en œuvre pour réaliser la partie digue de l’ouvrage ».

Scandales à répétition

Le projet, estimé à 2 milliards d’euros, est principalement mené par Vinci et Bouygues mais associe tous les grands acteurs du BTP. Le côté environnemental de cette route polémique n’est d’ailleurs pas la seule critique faite au chantier. L’attribution des marchés fait l’objet d’une enquête du parquet national financier pour corruption, favoritisme et trafic d’influence.

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Face à ces scandales à répétition, le chantier a pris beaucoup de retard. Annoncée à l’origine pour 2020, la mise en service de la route du littoral avait déjà été repoussée à 2023. Désormais on parle de 2025. A condition que les carrières de pierres puissent ouvrir pour fournir les matériaux nécessaires à la construction de la digue. Pour cela, l’Etat et la Région devraient faire appel de la décision et jouer sur le fait qu’aucun jugement sur le fond n’a été rendu pour l’ouverture de la carrière de Bois-Blanc, encore possible.

En attendant plusieurs alternatives sont à l’étude. Mais une autre inquiétude est apparue en avril dernier. Selon Le Monde, sur une portion déjà livrée, à Saint-Denis, une centaine de blocs de béton censés protéger la digue de la houle se sont mystérieusement fracturés lors des dernières tempêtes. Un nouveau problème qui vient s’ajouter à la longue liste des doléances contre ce projet pharaonique et qui vient renforcer les doutes quant à l’avenir de cette route qui pourrait devenir la plus chère du monde avec un coût de revient de 160 millions d’euros du km.