Du carbone au diamant
Du carbone au diamant
samedi 20 juin 2015
par Louisa B.
J’ai toujours aimé, aussi loin que mes souvenirs me reviennent, le frottement d’une pointe de crayon sur le papier. La main accomplit ses gestes et la mine de graphite trace les signes. L’infime parcelle déposée s’incruste dans la trame du papier et révèle à nos yeux la pensée, les mots, l’écriture, le dessin.
- Graphite
J’étais loin de penser que cette matière, le graphite, fait de carbone avait la même composition que le diamant ! A la différence que le graphite possède des atomes relativement distants les uns des autres, et ils sont disposés en couches planes ce qui fait qu’il est « tendre ». Le diamant, lui, est fait de carbone dont chaque atome est associé de façon tétraédrique compacte à ses quatre voisins, [1] ce qui en fait la pierre précieuse la plus dure qui soit !
Comme c’est étrange !
La même matière est à l’origine de deux résultats si différents !
D’un côté nous avons une matière noire à l’éclat « submétallique » et de l’autre la transparence et la lumière dans son éclat dit « adamantin ». Ce sont les « liaisons » qui produisent cette différence.
- Structures du diamant et du graphite
En lisant des informations sur les diamants, j’ai appris que leur formation date de plusieurs milliards d’années pour certains d’entre eux. Ce qui est encore plus étrange, c’est qu’ils ont besoin d’une « enveloppe protectrice », résistante à la chaleur car sinon ils se « désintègreraient » lors des éruptions volcaniques, ne résistant pas à la chaleur de plus de 1500 degrés !
Ce sont des manifestations qui se sont formées dans le manteau supérieur de la croûte terrestre à plus de 150 kilomètres de profondeur ! Mais dans les profondeurs de la terre où la température se situe de 1300 à 2000 degrés, et où la pression est de 75 tonnes par cm2, ils sont encore sous forme de carbone liquide et sous les actions conjuguées de la pression et de la chaleur, ils se transforment, se cristallisent et prennent leur forme de diamant.
- Diamant sur kimberlite
Puis vient la remontée ! Lentement - le terme est à prendre à l’aune de millions d’années - lors de sorties de magma dans les fissures de l’écorce terrestre, ils progressent, protégés par la kimberlite, qui est formée elle aussi du magma pour enfin apparaître lors d’éruptions volcaniques, dans leur splendeur finale.
Voilà qu’il est devenu le matériau le plus dur, hydrophobe, inattaquable par les acides. Il est inaltérable !
Quel voyage et quelle transformation ! Toutes ces étapes, toutes ces conditions extrêmes, toutes ces métamorphoses pour arriver à un tel état de résistance. On dit d’ailleurs que les diamants les plus purs sont ceux qui ont connu les conditions les plus dures lors de leur formation.
Le diamant est devenu le symbole de la pureté, de l’invincibilité, il est celui qui coupe et tranche, celui qui transporte la lumière, il est associé au pouvoir et à la fonction. Dans de nombreuses traditions, il est le symbole d’un état à atteindre, celui de la perfection.
Et je ne peux m’empêcher de penser par analogie à nos étapes, nos expériences, nos transformations et l’évolution de notre être tout au long de nos vies, passant par toutes les expériences pour forger nos âmes et essayer de les rendre de plus en plus lumineuses !
Passer par tous les états pour revenir, dans un embrasement ultime,
dans la Lumière, au sein de l’Unité !
Comme le dit un dicton zen : « Au début de votre pratique spirituelle, les montagnes sont des montagnes et les arbres sont des arbres. Alors que vous progressez le long de la Voie, les montagnes ne sont plus des montagnes et les arbres ne sont plus des arbres. Et à la conclusion de votre vie de bouddhiste, lorsque vous devenez Éveillé, les montagnes sont une fois encore des montagnes, et les arbres sont de nouveau simplement des arbres. »