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© Alain Jocard, AFP

Sous le feu de vives critiques depuis les violences de l’acte XVIII des Gilets jaunes, le gouvernement a annoncé le renfort de l’armée pour protéger certains bâtiments. Ce qui lui a valu une nouvelle salve d'attaques dans les rangs de l’opposition.

La mesure rassemble contre elle les opposants de gauche et de droite. À peine Benjamin Griveaux a-t-il annoncé mercredi 20 mars que les effectifs Sentinelle seraient mobilisés pour protéger des bâtiments officiels et autres "points fixes" lors de la prochaine manifestation des Gilets jaunes qu’un concert de réprobation est monté des rangs de l'opposition.

"C'est du jamais-vu"

"Le maintien de l'ordre en France, ça doit être l'affaire de la police nationale et de la gendarmerie nationale", ce n'est pas "le métier" de "l'armée de terre", a réagi le député Les Républicains Guillaume Larrivé sur Radio Classique. Il a critiqué "l'improvisation" du gouvernement dans cette crise des Gilets jaunes, et a dit craindre que cela "finisse par fragiliser la paix civile".

Mercredi soir sur Twitter, le chef de file des sénateurs Les Républicains Bruno Retailleau a appelé, pour sa part, le chef de l'État à "renoncer à cette décision funeste".

Même indignation à gauche. "Dans quelle démocratie européenne l’armée fait-elle du maintien de l’ordre face à un mouvement social ?", s’est interrogé Raphaël Gluckmann, tête de liste à gauche pour les élections européennes, sur Twitter. "Une question qui permet de mesurer l’ampleur de l’échec d’un président qui avait promis de réconcilier les Français et d’apaiser les tensions traversant notre société... "

"C'est du jamais-vu", a critiqué jeudi sur RMC Benoît Hamon, fondateur de Génération.s, jugeant que "le gouvernement sortait là un arsenal de mesures sécuritaires et martiales pour masquer l'incompétence du ministre de l'intérieur" Christophe Castaner.

La dernière opération militaire de maintien de l'ordre remonte à 1948

De son côté, le gouvernement se défend de vouloir mobiliser les militaires de l'opération Sentinelle pour faire du maintien de l’ordre. Ils seront déployés pour défendre les lieux emblématiques. "On a à notre disposition cette mission Sentinelle assurée par des militaires et qui ont parfaitement vocation à sécuriser les lieux, comme d'ailleurs nos concitoyens ont l'habitude de les voir", s’est justifié le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux. La mobilisation doit permettre aux forces de l'ordre de se "concentrer sur les mouvements, sur le maintien et le rétablissement de l'ordre".

L’emploi des forces armées sur le territoire national n’a rien de nouveau. Depuis le lancement de l’opération Sentinelle créée en janvier 2015 pour lutter contre la menace terroriste, des soldats de l’armée sont massivement déployés sur le territoire national pour sécuriser des édifices et lors d’événements ponctuels. "La dernière fois que l’État a réquisitionné l’armée pour des opérations de maintien de l’ordre remonte aux années 1947-1948, souligne Élie Tenenbaum, chercheur à l’IFRI, spécialiste des questions de défense, contacté par France 24. Au printemps 1947, le PCF – exclu du gouvernement – appelle à la grève. Le mouvement prend un tour "insurrectionnel", selon le ministre de l’Intérieur en place, qui mobilise l’armée pour prêter main forte aux CRS et policiers.

Des soldats armés pour tuer

Si la situation actuelle est différente, "il n’est toutefois pas inintéressant de s’interroger sur la tournure que les événements pourraient prendre si des casseurs s’attaquaient à des édifices publics, car les soldats de la force Sentinelle ne sont pas équipés pour répondre à ce type de menace", poursuit le chercheur.

Ils sont en effet équipés d’armes létales. Ils disposent d’un bâton télescopique et d’un Famas ou d’un HK 416, le nouveau fusil d’assaut de l’armée, qui doit être chargé. "Leur équipement ne comprend ni bouclier anti-émeute pour se protéger, ni arme de défense intermédiaire, précise le spécialiste en défense. Il va donc falloir définir en amont des règles extrêmement précises sur les actions qu’ils vont pouvoir mener."

Le risque de débordement n’est pas à exclure. "En 2016, lors des manifestations contre la loi El Khomri, des soldats de l’opération Sentinelle qui protégeaient les Invalides avaient été pris à partie", note l’expert de l’IFRI.

Un choix politique et financier

Ce choix, quoique risqué, a été motivé par deux raisons principales, selon le chercheur. La première est d’ordre politique. Le recours à l’armée traduit "une volonté du gouvernement d’apporter une réponse forte comme cela a déjà été le cas après les attentats [de Paris]. Faire intervenir l’armée marque forcément les esprits."

La seconde raison répond à des contraintes financières. Les forces de police et de gendarmerie sont en suractivité depuis le 17 novembre dernier. Or les policiers et les gendarmes qui sont soumis à des taux horaires, doivent impérativement récupérer les heures supplémentaires ou se les faire payer. Cela coûte cher à l’État. A contrario, un militaire doit assumer sa mission sans restriction dans le temps. "Qu’il reste six heures ou douze heures sur une mission revient au même coût."

Les conséquences concrètes de ce recours à l'armée dépendent également du périmètre d'action, qui n'est pour l'heure pas connu, ainsi que de l'ampleur de la mobilisation des Gilets jaunes.

AUSSI SUR MSN: Force Sentinelle mobilisée, le chef d'état-major des armées n'était pas au courant



22/03/2019
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