Torrent migratoire, euro : la désintégration de l’UE s’intensifie en Allemagne, Pologne, Po
BREIZATAO – ETREBROADEL (26/10/2015) La dislocation politique de l’Union Européenne se poursuit, avec des ruptures significatives sur tout le continent.
Pologne : victoire de la droite anti-immigration et eurosceptique
En Pologne, la droite nationale catholique a remporté une victoire écrasante, obtenant la majorité absolue au parlement polonais. C’est une très mauvaise nouvelle pour Angela Merkel qui faisait pression sur le gouvernement centriste sortant pour la soutenir dans son projet de répartition obligatoire des immigrés clandestins se ruant actuellement sur l’Allemagne.
Or la droite catholique polonaise a fait campagne contre l’immigration musulmane et sa victoire renforce, par contrecoup, l’autre nationaliste catholique d’Europe centrale : Viktor Orban.
Capital (lire ici) :
Kaczynski, admirateur de longue date du Premier ministre hongrois Viktor Orban, a déclaré que les immigrants musulmans menaçaient le mode de vie catholique de la Pologne.
Un signe de ce que le socialo-communisme est en train d’être complètement anéanti, c’est l’impossibilité pour la formation héritière du Parti Communiste Polonais d’obtenir un seul siège au parlement :
Quant à la gauche, représentée par deux formations concurrentes, elle est éliminée, pour la première fois depuis la chute du régime communiste en 1989, du futur Parlement, pour n’avoir pas atteint les seuils d’éligibilité.
Autre fait révélateur, c’est la jeunesse qui se détourne massivement de la gauche, comme le souligne le journal suisse Le Temps (lire ici) :
«La jeunesse polonaise nourrit une grande sympathie pour les conservateurs. Dans le groupe des 18-29 ans il n’y a pas la moindre affinité avec les partis de gauche; le PiS est ici en première place»…
Avec un front anti-immigration, de plus en plus identitaire soutenu par la jeunesse et l’effondrement des gauches en Europe centrale et orientale, Paris et Berlin se retrouvent face à une coalition politique homogène antagoniste. Ce qui va intensifier la crise de gouvernance.
Autre fait intéressant, la droite nationale catholique polonaise est résolument hostile à Bruxelles et à l’Euro, ce qui accélère encore plus l’instabilité de la structure politique continentale.
Il faut souligner ici que la droite nationale polonaise est particulièrement inquiète du renforcement militaire russe et qu’elle ne croit absolument pas en la solidité de l’Otan. L’expérience historique de 1939 la confortant par ailleurs dans l’idée que la Grande-Bretagne et la France ne risqueront jamais une guerre pour garantir des traités d’alliance.
Son tropisme américain en matière de défense et sa défiance à l’égard de la Russie vont donc alimenter les tensions entre l’Europe de l’Est et Moscou, avec une Europe de l’Ouest impuissante à contenir cette évolution soutenue par Washington.
Intensification de la crise au Portugal
Au Portugal, c’est la crise systémique autour de la monnaie unique qui engendre une paralysie politique inédite. Elle rappelle à ce titre que le Sud du continent (Grèce, Italie, Espagne, Portugal) est virtuellement en faillite et ne peut simplement plus demeurer dans l’Euro.
Les élections générales qui se sont déroulées le 4 octobre ont donné une majorité de voix aux partis situés à gauche refusant de répondre aux exigences des créanciers internationaux du pays, comme il y a quelques mois en Grèce avec la victoire de Syriza.
Une coalition des gauches, poussée par les marxistes et menée par le Parti Socialiste du Portugal, est en mesure d’exercer le pouvoir. Une perspective qui a déclenché une réaction inattendue du président portugais.
WSWS (source) :
Le 22 octobre au soir, Cavaco Silva, le président du Portugal, a déclaré dans un discours télévisé qu’il avait invité le premier ministre sortant Pedro Passos Coelho à former un autre gouvernement PSD/CDS-PP, même s’il n’avait pas de majorité parlementaire. Il a dit qu’un gouvernement PS/UDC/BE ne garantirait pas « la stabilité, la durabilité et la crédibilité » du Portugal.
En d’autres termes, les élites portugaises refusent de voir le résultat des élections remettre en cause les accords signés avec l’UE, les banques européennes et internationales. Et entendent donc reconduire le centre-droit même s’il est minoritaire au parlement. Une situation extrêmement instable, le gouvernement pouvant tomber à tout instant par simple motion de censure des partis de gauche majoritaires à l’assemblée.
A la rupture “culturelle” et idéologique que l’Allemagne affronte à l’Est, s’ajoute la rupture économique au Sud. La rupture géopolitique engagée par la “troisième Europe” sur la question russe accélérant encore la paralysie de l’Allemagne et de Bruxelles. Les trois crises convergeant inexorablement.
Désarticulation politique en Allemagne
Comme nous l’avons dit à plusieurs reprises dans ces colonnes, la position radicale d’Angela Merkel sur l’immigration est intenable et ne peut qu’aboutir à sa chute. Et les sondages indiquant une baisse significative du soutien à la chancelière comme à son parti se multiplient. Pire, le parti eurosceptique et anti-immigration “Alternative pour l’Allemagne” récolte à présent 7% d’intentions de vote (source).
Ce chiffre peut paraître très faible si on le compare à ceux des droites nationales française, autrichienne ou suédoise, mais en Allemagne c’est une véritable révolution politique.
Eurostat indique la progression extrêmement rapide du sentiment anti-immigration sur le continent :
Comme on le voit, l’immigration devient dans l’opinion européenne un sujet de plus en plus prioritaire. En rouge, on peut voir les progrès de l’opposition à l’immigration de plus de 30% en 3 ans, entre 2012 et 2015. L’Allemagne est littéralement en train de s’enflammer sur cette question, tout comme l’Italie du Nord, la Hongrie, la Suède, l’Estonie, etc.
Eurostat publie des cartes régionalisées, ce qui affine la lecture de l’extension de la crise. Sur la carte suivante, l’institut d’études statistiques mesure le degré de priorité, dans l’opinion, de la question de l’immigration extra-européenne :
Elle atteint 60% en Bavière et 58% dans le Bade-Wurtemberg. Or, la Bavière et le fief de la CSU, le parti au gouvernement dans cette région d’Allemagne et allié de la CDU d’Angela Merkel. C’est ce qui explique l’aggravation de la crise interne entre parlementaires de la CDU/CSU au Bundestag où 188 députés sur 310 de la majorité défient la chancelière sur sa politique d’accueil massif de migrants musulmans.
L’UE incapable de réagir
L’Union Européenne est en train de se désintégrer sur la question de l’immigration, avec d’un côté une alliance entre socialo-marxistes et libéraux d’Europe de l’Ouest et de l’autre des droites nationales d’Europe centrale et orientale. La première veut clairement engager l’UE dans un processus d’afro-islamisation du continent pour des motifs variés, tandis que l’Europe jadis sous la botte communiste s’y oppose de plus en plus radicalement.
Le sommet européen en charge de proposer des solutions au torrent migratoire a été incapable de résoudre quoique ce soit.
La RTBF rapporte (source) :
L’Union européenne a annoncé la création de 100 000 places d’accueil pour les réfugiés en Grèce et dans les Balkans afin de juguler une crise migratoire sans précédent, à l’issue d’un mini-sommet réuni dimanche à Bruxelles dans un climat de tension.
Non seulement l’UE, Allemagne en tête, ne veut pas stopper le torrent, mais encore tente-t-elle de l’organiser. Chacun y voit bien sûr la main de Merkel, résolument engagée dans une politique suicidaire mais néanmoins jusqu’au boutiste.
Problème, les masses évoquées sont tout simplement gigantesques et les “100 000″ places d’accueil évoquées seront saturées… en deux semaines.
France 24 (source) :
L’Organisation internationale des migrations a annoncé, vendredi, que quelque 48 000 migrants et réfugiés étaient arrivés cette semaine en Grèce. Un nombre jamais atteint sur une telle période depuis le début de l’année.
En d’autres termes, Merkel échoue à imposer sa ligne et c’est maintenant en Allemagne qu’elle doit faire face à des signes de révolte ouverts. Comme ici à Bad Marienberg où, spontanément, une manifestation anti-immigration a été improvisée par la population :