Les Romains le faisaient brûler pour purifier l’air intérieur, et adoraient en mettre dans leur bain avant de partir au combat. Sainte Hildegard s’en servait pour soigner la lèpre, les paralysies et l’infection par les poux. Et les premiers « herbalistes », au XVIe siècle, ancêtres des herboristes, traitaient grâce à lui les crampes, le hoquet, et les morsures des bêtes venimeuses.

Le thym est une étonnante petite plante, à la fois gustative et bourrée de vertus médicinales, à tel point que le très sérieux Dr Henri Joyeux, cancérologue et chirurgien des hôpitaux, a décidé de lui consacrer un livre « Le thym et le chirurgien »*.

Pour lui, le thym, c’est d’abord une odeur : « des souvenirs d’enfance, dans la garrigue du Languedoc Roussillon à la poursuite des perdreaux et des lapins avec mon père et mes frères… ». Première rencontre olfactive, donc. Plus tard, il a découvert « le travail de recherche fabuleux d’une équipe du CNRS » que lui a fait connaître son coauteur, Guillaume Bouguet, ingénieur écologue passionné par cette plante aromatique. « Il m’a permis de synthétiser ses vertus santé, et, plus que de la remettre au goût du jour, d’en percevoir des applications très concrètes pour stimuler la fonction de l’odorat. C’est la perte de l’odorat, sa mémoire et son analyse fine qui constitue un des premiers signes des deux maladies neurodégénératives tellement redoutées, le Parkinson et l’Alzheimer, par exemple ».

Vitamine K et calcium, utiles pour la coagulation, fer, manganèse et zinc, bons pour la cicatrisation, acide aminé tryptophane, précurseur de la sérotonine, essentielle pour le sommeil… Sans oublier la vitamine A, nécessaire à notre vision, et la vitamine E, celle de la fécondité. Plus des flavonoïdes anti-inflammatoires et antispasmodiques. On trouve tout cela dans cette modeste petite plante.

Si simple… et si complexe

« Utilisé depuis des millénaires, le thym et ses multiples vertus ne cessent d’être étudiés et de nous surprendre, raconte le Pr Henri joyeux. Si simple en apparence et pourtant si complexe quand on s’y intéresse d’un peu plus près, il est depuis longtemps devenu un modèle d’étude pour comprendre la biologie et l’écologie des plantes. » Lui–même l’utilise quotidiennement en famille, avec « des tisanes et du miel de thym pour le réveil du matin, et bien protéger son estomac des mauvaises digestions. » Il conseille de mettre 2 gouttes d’huile essentielle de thym, une de chaque côté sous la plante des pieds pour avoir une belle haleine aux senteurs de garrigue. « Ou une seule goutte placée sous la langue pour neutraliser un début d’angine. De quoi passer un hiver en pleine forme . Toutes les écoles devraient s’y mettre quand les gamins se mettent à tousser. Une belle économie pour la Santé ! »

Cocorico !

L’équipe montpelliéraine du Centre d’écologie fonctionnelle évolutive vient d’obtenir le Nobel de l’Ecologie, le prix WS Cooper par l’Ecology Society of America. Elle a démontré que "les changements climatiques modifient le polymorphisme génétique chez le thym", c’est-à-dire l’influence de l’épigénétique sur la génétique d’une plante aux multiples vertus.

*Editions du Rocher, 15,90 €. Coécrit avec Guillaume Bouguet, ingénieur écologue qui a créé un kit de stimulation contenant 5 chémotypes d’odeur différentes : le thym classique ; le doux et poivré ; celui à lavande-bergamote ; le mentholé-eucalyptus ; et celui à la citronnelle. L’exercice consiste à les différencier : pas évident mais passionnant pour stimuler son odorat. www.flore-en-thym.com