Source : Russie politics
En annonçant leur volonté de déployer en Allemagne des armes atomiques nouvelle génération, les États-Unis provoquent une rupture de l’équilibre des forces dans la région. La réaction russe est attendue et la réponse américaine est prête. Simplement, personne ne sait où cela va s’arrêter.
Les médias allemands, la chaîne ZDF en tête, lâchent l’info qui surprend le pays entier : les États-Unis vont déployer très prochainement sur une base navale allemande des missiles nucléaires américains nouvelle génération, qui rompent la frontière entre armes tactiques et stratégiques.
Cette décision surprenant d’autant plus que, même si des armes nucléaires américaines sont toujours sur le territoire allemand depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la décision avait été prise en 2009 de les faire sortir du pays. Le Parlement allemand ayant pris la décision que le pays ne serait pas en possession d’armes nucléaires. La décision n’a toutefois jamais été appliquée.
Il semblerait que cela ne dérange pas les plans américains dans un pays souverain, car en fait ce pays, aussi fort et puissant semble-t-il vu depuis la France, n’est qu’un pion de plus dans un jeu qui le dépasse.
Car la réaction attendue est celle de l’autre grande puissance, qui malheureusement n’est plus l’Europe et ne peut être l’UE. La Russie annonce que si une telle violation de l’équilibre des forces est réalisée par les États-Unis sur le territoire européen, dans ce cas, elle se doit de sortir
du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire.
Rappelant avec le réalisme brut qui est parfois le sien, que tout pays qui possède l’arme nucléaire risque une réponse nucléaire !
Le président du Comité du Conseil de la Fédération pour la défense et la sécurité nationale, rappelant ainsi que si l’Allemagne veut entrer dans le club des pays nucléaires sous protection des États-Unis, elle se lie totalement les mains en cas de conflit.
Rappelons que le Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire a été signé à Washington en 1987 par les présidents Reagan et Gorbatchev, prévoyant le démantèlement par les États-Unis et l’URSS de missiles à charges nucléaires et à charges conventionnelles.
Dans le contexte actuel, il est évident que les États-Unis ne sont pas dans une logique de désarmement concerté. Leur intérêt est plutôt la relance de l’armement, une fuite en avant est nécessaire de leur point de vue. Or, annoncer la sortie unilatérale du Traité, en termes d’image, ils ne peuvent se le permettre.
Ainsi, le réarmement nucléaire de l’Allemagne, qui ne répond aujourd’hui à aucun besoin défensif réel, permet de provoquer la Russie et ainsi de trouver un argument justifiant, même artificiellement et hypocritement, la rupture de leurs engagements internationaux.
Et en effet, la machine n’est pas encore totalement lancée, que déjà ils annoncent que si la Russie « viole » le Traité, ils seront bien obligés de « répondre » et ne pouvant permettre la prédominance militaire de la Russie, ils seront « obligés » de ne plus tenir leurs obligations internationales liées à ce Traité.
C’est simple et efficace. De toute manière, les médias sont disciplinés et n’écriront que ce qu’il faut, donc cette opération permettra de renforcer l’image de la Russie qui veut attaquer l’Europe, ayant pour effet retour de justifier le renforcement des armes nucléaires en Allemagne.
Oubliant juste au passage, que le développement de l’arsenal nucléaire américain en Allemagne n’est pas la conséquence de la sortie de la Russie du Traité de réduction des armes nucléaires, mais la cause. Mais là aussi, combien de médias en parleront ? Une nouvelle « réalité » sera ainsi mise en place. Et l’escalade nucléaire tant nécessaire aux États-Unis pourra reprendre.