Article publié par mis à jour le : 2 août 2019
etLes Rituels Tantriques – La Puja ou Adoration par Spartakus FreeMann.
« … Ceux qui agissent correctement sans espoir de récompense atteignent le nirvana & sont libérés de la renaissance » Mahanirvana Tantra, XIII, 41.
Notre époque est friande de magie sexuelle ; au sein des groupes ou individuellement c’est le grand centre de discussion attirant toutes les attentions ; c’est aussi, pour bon nombre, un moyen de draguer la gueuse ou le gueux en se donnant des airs de super-baiseur du dimanche : « Ouais, je pratique la magie sexuelle, j’arrive à tenir des heures sans éjac. Quoi ! T’as pas encore essayé ? Ça te dit que je t’initie ? » Et voilà comment une tradition millénaire est pervertie et réduite à sa plus simple expression par des pseudo mages d’opérette.
La Magick — et la Chaos Magick plus particulièrement — fait appel à la Magie sexuelle et au Tantrisme dont elle dérive pour une bonne part. Nous allons donc tenter ici de donner quelques éléments de bases qui pourront être utilisés par les adeptes pour leurs cérémonies particulières.
La première incompréhension provient de la confusion qui est faite entre sexualité et tantrisme. Or, si le tantrisme peut être sexuel, ce n’est pas son essence profonde, ni son but ultime. Ainsi, si l’école Kaula parle des cinq éléments dont la relation sexuelle fait partie, d’autres écoles n’en parlent pas. Il faut ici donner un avertissement au lecteur. En effet, si la Magie Sexuelle par le biais du Tantrisme peut aider le pratiquant à explorer la divinité sous ses différents avatars, il faut malgré tout rester très prudent car l’illusion et la possession peuvent subvenir si le pratiquant n’est pas aidé ou guidé par une personne plus experte. C’est d’ailleurs l’argument le plus souvent utilisé par les dragueurs afin de s’offrir un petit coup gratis. L’avertissement du Kularnava Tantra est pourtant très clair :
« Trompées par de fausses connaissances certaines personnes, privées de tradition, imaginent la nature du Kuladharma selon leur propre intellect. Si, par la simple consommation de vin, un homme pouvait atteindre la réalisation, tous les ivrognes auraient déjà atteint la perfection. Si, la simple consommation de viande pouvait mener à un état spirituel élevé, alors tous les carnivores dans le monde seraient dignes d’immenses mérites. Si la libération n’était assurée que par la simple relation sexuelle avec une Shakti, toutes les créatures seraient libérées par leur compagne féminine. »
Il est donc clair que baiser un petit coup, même de manière rituelle, ne suffit pas à gravir les échelles de la spiritualité. La plus grande prudence, l’étude et la connaissance sont nécessaires.
Les Panchamakara (les cinq « m ») sont maithuna (la relation sexuelle), madya (la liqueur), mudra (le grain), mamsa (la chair) et matsya (le poisson). Ils constituent les parties d’un rite pratiqué par les Viras (héros). Les autres classes de pratiquants sont les Divya (dieux) et les Pashu (bêtes). Les Viras peuvent être soit des sadhakas (hommes) soit des sadhvinis (femmes).
Le Kularnava Tantra dit que la personne divine, ou Divya, réalise que le vin coule du lotus aux mille pétales, que la chair est le sens de la dualité, que le poisson est la distorsion des sens et que la relation sexuelle est l’union de la Kundalini avec Shiva. Certains vont plus loin en disant que la relation sexuelle est l’union avec la divinité intérieure.
Tout d’abord, Puja signifie « adoration » et peut revêtir plusieurs aspects — internes ou externes — qui peut être pratiquée tous les jours envers une devata (déité) particulière.
Source inconnue.
La Puja externe comprend l’adoration du Soleil, de Shiva, de Shakti, de Vishnou et de Ganesha. Nous donnons ici une version personnelle qui peut être adaptée selon les besoins :
1. Au lever, prenez la position du lotus, respirez selon le mode 4 (une longue inspiration de 4 secondes, retenez 4 secondes, expirez pendant 4 secondes, retenez pendant 4 secondes, et ainsi de suite), et dites l’adoration à la Shakti :
« Aim Klim Shrim Ha Sa Kha Phrem Ha Sa Ksha Ma La Va Ra Yum Ha Sa Kha Phrem Ha Sa Ksha Ma La Va Ra Yim Hsauh Shauh Spartakus Anandanatha Padukam Pujayami ».
2. Méditez habillé de blanc, éloignez la peur de votre esprit pendant que votre Shakti est à côté de vous, habillée de blanc et tenant une fleur de lotus dans sa main droite et vous enlaçant de la main gauche.
3. Offrez l’encens, les fleurs, les sons, les touchers et les parfums à la Shakti. Dites : « Voici mes offrandes ô Shakti, ô Deva de mon âme ! »
4. Faites alors l’offrande de l’eau et des roses au Soleil : « Salut à Toi Soleil qui donne et soutient la Vie, à Toi je fais ces offrandes avec le coeur »
5. Faites l’adoration aux seigneurs des quatre directions, aux Yoginis (sud-est), au Seigneur de la Terre (nord-ouest), à Ganesha (sud-ouest) et à l’enfant Vatuka (nord-est) : « Salut à Tous les Éléments qui font obstacles ».
6. Enlevez ces obstacles par « Aum, les obstacles sont détruits par la puissance Phat »
7. Placez le bol d’eau à gauche sur le dessin (yantra) représentant le Feu. Ainsi, le yantra représente le Feu, le bol le Soleil et le nectar la Lune.
8. Invoquez la présence d’Amrita dans le bol. Couvrez celui-ci de vos mains, méditez. Adorez Ananda Bhairava & Suradevi et dites : « Aim Klim Sauh dans le Nectar, né du Nectar, Nectar des Devi, Coule ! Coule ! Coule »
9. Visualisez la terre se dissolvant dans l’eau, l’eau dans le feu, le feu dans l’air et l’air dans l’éther, l’éther dans le « Je suis », et le « Je suis » dans le Buddhi, le Buddhi dans la Prakriti et celui-ci dans l’Absolu.
10. Adorez ensuite la Shakti par toutes paroles adéquates.
Par ce rituel, vous faites exister réellement la déité en vous et dans votre partenaire, au sein du lieu choisi pour le culte. Ainsi, vous devenez un avatar du dieu Shiva et votre partenaire, un avatar de la déesse Shakti en un lieu consacré. Il vous appartient de faire en sorte que cette préparation soit parfaite afin que la paix & la sérénité soient dans le lieu de votre rituel ainsi qu’en vous.
Des accessoires sont nécessaires pour cette cérémonie : asana (posture), svagata (accueil), padya (eau pour laver les pieds), arghya (riz, fleurs, …), achamana (eau à boire), madhuparka (miel, lait), snana (bain), vasana (vêtements), abharana (bijoux), gandha (parfums), pushpa (fleurs), dhupa (encens), dipa (feu), naivedya (nourriture) & namaskar (prière).
Dans ce type de Puja, vous adorerez la Shakti sous la forme humaine de votre partenaire, ou au contraire vous adorerez votre partenaire comme étant un avatar parfait de la Shakti. Ainsi, par essence, en tant que Shiva vous devenez le principe passif de l’univers tandis que votre partenaire devient le principe actif et fécondant.
La Puja interne ne fait appel à aucune image ou partenaire afin de réaliser l’unité interne entre l’adorateur et la déité adorée. Arrivé à un certain stade, le pratiquant peut en effet se détacher des formes extérieures afin de réaliser en lui & par lui-même l’union avec la divinité.
Les Rituels Tantriques – La Puja ou Adoration, Spartakus FreeMann, Nadir de Libertalia, septembre 2005 e.v.