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stop à la répression du mouvement social des Gilets jaunes

Pour la première fois, huit collectifs(*) de Gilets jaunes du Gard, de la Drôme et de l’Ardèche se sont réunis ce samedi soir à Bagnols « pour dire stop à la répression du mouvement social des Gilets jaunes », présente Marjorie Escande, Gilet jaune bagnolaise et hôte d’un soir.

Cette répression passe principalement par les violences policières : un « mur jaune », reproduisant des photos de manifestants blessés, pour certains sérieusement, était affiché dans la salle, et une vidéo reprenant elle aussi des images de blessés a été projetée en préambule de la conférence de presse pour bien poser le sujet. « Depuis le 17 novembre, il y a eu un décès, plus de 2 000 blessés, 24 éborgnés, 5 mains arrachées(**) et pour certains des lésions équivalentes à celles des accidents de la route », lancera Hamida, membre du collectif Article 35 des droits de l’Homme, en lisant la motion rédigée par des Gilets jaunes avec le concours du maire de Saint-Etienne-des-Sorts et président de l’Association des maires ruraux du Gard Didier Bonneaud.

 
Le maire de Saint-Etienne-des-Sorts et président de l'Association des maires ruraux du Gard Didier Bonneaud était présent (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

 

C’est là la nouveauté du mouvement : outre l’organisation d’une conférence de presse, la présence et le soutien ouvert d’un élu, qui a donc co-rédigé la motion qui dénonce « des violences physiques et psychologiques, avec des insultes, des menaces, des humiliations » ou encore « un recours abusif des gardes-à-vue (…) des armes chimiques. » À la tribune, Didier Bonneaud estimera qu’il était « important que tout reparte de la base », et que cette motion, si elle était massivement signée par des élus, pourrait avoir un impact. « Si vous n’avez pas le soutien des élus, vous continuerez à être tabassés lors des manifestations », résumera le maire, seul élu dans la salle hier soir.

« Ce sont des armes de guerre »

Les Gilets jaunes ont ensuite passé le micro au neurochirurgien au CHU de Besançon Laurent Thines. Engagé contre les violences policières, le médecin est venu parler du lanceur de balle de défense, le fameux LBD 40, et des grenades de désencerclement GLIF4, « qui sont classifiés comme armes de guerre par toutes les conventions. C’est très grave » Le médecin prendra ensuite l’exemple du LBD 40, « qui lance des balles de 40 grammes à plus de 300 km/h, les blessures équivalent à recevoir un parpaing lacé d’une hauteur d’un mètre sur le visage. » Justement, « les règles d’usage interdisent formellement de viser le visage, la gorge et les parties génitales, or on voit que la plupart des blessés le sont dans ces zones, poursuit le neurochirurgien. on peut se poser la question : pourquoi on vise des manifestants pacifiques sur ces zones vitales, au risque d’entraîner des décès et des mutilations ? » Et des blessures graves : « en tant que neurochirurgien, quand je vois un crâne enfoncé par un tir de LBD 40… Ce sont des blessures très graves, qui entraînent des séquelles, et qu’on voit dans les accidents de la route. »

 
Le Dr Laurent Thines lors de sa présentation (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

 

Quant aux grenades GLIF4, « elles contiennent 25 à 30 grammes de TNT, ce sont des armes de guerre », lance le médecin, qui voit dans les blessés figurant sur le « mur jaune » « des blessés de guerre, certains sont des ‘gueules cassées’ comme en 14-18. » Alors Laurent Thines « appelle solennellement Christophe Castaner à arrêter l’utilisation de ces armes, et à arrêter le fichage des manifestants. »

« Inverser le rapport de force »

La parole a ensuite été donnée à Guillaume Apparailly, street-médic, membre de l’Observatoire des pratiques policières de Montpellier et observateur pour la Ligue des Droits de l’homme, au coeur des manifestations. « Nous avons sorti trois rapports, et ils démontrent qu’il y a une répression importante du mouvement, sur les manifestants, les photographes, les observateurs et les street-médics », affirmera Guillaume Apparailly. Le militant dénoncera également « un usage non proportionné de la force », ainsi qu’un recours systématique aux comparutions immédiates pour les Gilets jaunes. « Il s’agit d’une réponse pénale qui laisse très peu de temps pour préparer sa défense, sachant que 70 % des peines qui y sont prononcées comprennent de la prison ferme. » Autant de moyens « utilisés pour faire peur, casser le mouvement et in fine remettre en question le droit de manifester et la liberté d’opinion, c’est grave », estime Guillaume Apparailly.

« Il est urgent d’agir, lancera ensuite Sandrine Tortosa, du collectif Tous unis contre l’injustice et les violences 30 (TUCIV30), qui co-organisait la conférence. Plus la motion sera soutenue, plus nous serons entendus et nous pourrons inverser le rapport de force. » Un rapport de force que Didier Bonneaud verrait bien passer par les urnes, aux municipales de l’année prochaine : « je vous invite à intégrer les conseils municipaux de vos communes, si vous prenez les communes, vous prenez les territoires. » Une position partagée par le référent Bagnolais des Gilets jaunes Jérôme Jackel, qui précisera que « la structuration du mouvement est en cours dans le Gard. » De quoi devenir une force politique ?

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com



23/05/2019
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