Mourir noyé dans le cosmos... C'est cette perspective peu réjouissante qu'a expérimentée, mi-juillet, un astronaute italien qui réside dans la Station spatiale internationale. Il raconte son expérience dans une note de blog mardi 20 août, ainsi que dans une vidéo (ci-dessous, en anglais), où il explique avoir éprouvé ce que c'est que "d'être un poisson rouge dans un bocal".
Son échappée hors de la station commençait pourtant bien. Luca Parmitano, dans le sas de décompression, se sent "complètement rechargé, comme si c'était de l'électricité et non du sang qui coulait dans mes veines". C'est la nuit. Il tourne la poignée et ouvre la porte. "Il fait noir comme de la suie dehors, pas la couleur noire mais plutôt une absence totale de lumière", décrit-il.
Il se sépare de son collègue Chris qui s'en va, flottant, vers un autre coin de la station, suivant "la chorégraphie qu'on a méticuleusement étudiée" pour effectuer leur mission. Il doit connecter des câbles au satellite, opération rendue laborieuse par les gants pressurisés et l'ondulation des objets sans poids, quand soudain il sent que "quelque chose ne va pas". "La sensation inattendue d'avoir de l'eau derrière la nuque me surprend – et je suis dans un endroit où je préférerais ne pas être surpris", dit-il. Après une hésitation, il prévient ses collègues, au risque de devoir interrompre la mission. Son partenaire revient vers lui pour tenter d'identifier la fuite. "Je me dis que le liquide est trop froid pour être de la sueur, et surtout, je le sens qui monte", poursuit-il.
Ordre lui est donné de rentrer à la station. Alors qu'il rebrousse chemin, le niveau de l'eau dans son casque ne cesse de monter. Elle atteint la mousse de ses oreillettes, empli peu à peu sa visière, obscurcit son champ de vision. L'astronaute tente de se mettre en position verticale. "A ce moment, quand je me suis retourné sens dessus-dessous, deux choses se sont passées : le lever du soleil, et la perte totale de ma capacité à voir [...] ; mais pire que cela, l'eau recouvre mon nez – une sensation vraiment horrible que j'empire par mes vaines tentatives de la retirer en secouant la tête." A partir de ce moment, "je ne peux plus vraiment être sur qu'à la prochaine respiration, j'emplirai mes poumons d'air et non de liquide", se souvient-il. Pour couronner le tout, il ne sait plus dans quelle direction se trouve la porte d'entrée de la station. Ses collègues ne l'entendent plus, et lui distingue leur voix lointaine et noyée.
C'est à ce moment qu'il se souvient de son câble de sécurité, qu'il tire et suit jusqu'au sas, s'efforçant de garder son calme. Son plan, si l'eau venait à atteindre sa bouche : ouvrir un peu sa combinaison de cosmonaute, au risque de s'évanouir. Il est finalement accueilli sain et sauf par son équipe qui l'attend derrière le sas. "L'espace est une frontière rude et inhospitalière, et nous sommes des explorateurs, et non des colons. Les compétences de nos ingénieurs et la technologie qui nous entoure donnent l'impression que les choses sont simples alors qu'elles ne le sont pas, et peut-être oublions-nous ça parfois", conclut l'astronaute. Depuis, il continue à tweeter des clichés de la Terre vue de l'espace