ARMÉE. Le coup d'envoi de la mission Shikra a été donné, hier, avec un vol direct de deux Rafale depuis la métropole jusqu'à La Réunion. Une démonstration de force de l'armée de l'air française, qui va enchaîner les exercices tout au long du mois.

Beaucoup ont dû les entendre hier, deux Rafale-B de la Base aérienne 113 de Saint Dizier ont percé le ciel réunionnais. Partis de métropole et après 11 heures de vol, les deux chasseurs français se sont posés aux environs de 19 heures sur le tarmac de Gillot après avoir fait un rapide tour de l'île et juste avant de stationner sur le détachement aérien 181. Comme en janvier 2019, les deux avions de combat étaient accompagnés d'un A330 MRTT de l'armée de l'air, le "Phénix". Parti de Djibouti, ce dernier a pris le relais d'un autre Phénix en tout point identique, indispensable compagnon de route des Rafale pour assurer les ravitaillements en vol des deux turboréacteurs, insatiables consommateurs de kérosène. Il aura ainsi fallu le concours de deux tankers, qui se sont passés au niveau de Djibouti, pour assurer les six ou sept ravitaillements nécessaires aux deux chasseurs.
Cette première étape de l'exercice Marathon, qui a vu les trois avions rejoindre hier nos latitudes, s'inscrit dans la plus vaste mission Shikra qui doit se poursuivre jusqu'au 3 février prochain entre la métropole, La Réunion, Djibouti et l'Égypte. Une manière élégante de montrer la capacité de l'armée de l'air à projeter ses forces vives et une grande puissance de frappe aérienne sur longue distance. "Nous démontrons qu'avec l'appui des capacités militaires locales, nous sommes capables d'apporter tout le soutien des forces armées nécessaire aux Fazsoi en quelques heures", synthétise le général Marc Le Bouil, commandant en second des forces aériennes stratégiques. "Un exercice qui revêt une importance particulière", ajoute le général Laurent Cluzel, commandant supérieur des Fazsoi. "Nos chasseurs sont avec nous, c'est une démonstration de puissance."
Mais l'escale, prévue pour durer jusqu'à samedi, n'est évidemment pas qu'une simple visite de courtoisie. Tout au long des quatre semaines à venir, des activités complexes proches de celles rencontrées en opérations vont permettre d'entretenir ou d'augmenter les capacités des pilotes, avec les moyens et appuis dont disposent les forces armées françaises dans la zone. Le cas notamment du 16 au 26 janvier prochains, durant un entraînement de haute intensité baptisé Khamsim et se déroulant sur Djibouti.
Si le détachement aérien 181 de La Réunion ne dispose pas de la compétence Rafale, une équipe technique de cinq spécialistes est arrivée en amont pour assurer la logistique à l'arrivée des chasseurs. Les infrastructures sur place permettant d'assurer, sans difficulté, l'accueil des deux Rafale et de leur indispensable nourrice, sur le site habitué en temps normal à la projection des deux Casa CN 235 dans les différentes missions de la composante aérienne des Fazsoi.   


J.G.

 

> Le couteau suisse Phénix
C'est souvent le chasseur qui lui vole la vedette, mais l'A330 MRTT qui équipe l'armée de l'air depuis sa mise en service en 2018, est la pierre angulaire des missions de dissuasion en autonomie. Capable de ravitailler deux chasseurs dans le même laps de temps, le Phénix peut emporter avec lui jusqu'à 110 tonnes de carburant réparties dans la voilure. La flotte d'A330 équipe la 31e escadre aérienne implantée sur la BA 125 d'Istres. L'armée de l'air et de l'espace dispose actuellement de six appareils A330 Phénix en service, et devrait en compter douze dans ses rangs d'ici 2023 sur les 15 commandés. Capable d'assurer du transport de passagers et de fret, il a également éprouvé, dès 2020, dans son autre mission d'évacuation aéromédicalisée pour des patients atteints du Covid. Il s'agit de sa seconde visite sous nos latitudes, puisque c'est un appareil similaire qui avait déjà accompagné les deux Rafale en escale sur notre île en janvier 2019.