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La vie de couple avec un bipolaire? François connaît. Malgré les crises, ce commercial installé à Bruxelles
a réussi à former avec H
élène un duo solide et amoureux. Témoignage.
Il règne un joyeux bazar dans la grande pièce à vivre de leur maison d'Uccle, en banlieue de Bruxelles, non loin du lycée français. Les poireaux ramenés le matin même du marché bio par Hélène sont posés, en équilibre précaire, sur des boîtes de médicaments. Près de la télé, des personnages longilignes en papier mâché, oeuvre d'un artiste coté, jettent un regard interrogatif aux flacons de produits ménagers échoués à leurs pieds. Un chantier permanent auquel François (1), l'homme ordonné qui partage depuis dix ans l'existence d'Hélène, ne prête plus attention. "Je l'ai toujours connue bordélique, je l'accepte telle qu'elle est", dit-il. Bordélique, etbipolaire.
Il faut prendre ces mots lâchés avec désinvolture pour ce qu'ils sont, dans la bouche d'un quadragénaire réservé et pudique: une déclaration d'amour. Hélène est entrée dans sa vie comme une tornade, avec son énergie hors du commun, son besoin de se lancer dans mille tâches à la fois, ses nerfs à fleur de peau et... sontrouble psychique, diagnostiqué juste avant leur rencontre. Il s'avoue incapable de distinguer, dans la personnalité débordante de sa femme, ce qui relève spécifiquement de lamaladie. "Il y a sûrement un côté compulsif dans sa façon de multiplier les activités et d'en laisser bon nombre en plan, analyse-t-il. Mais, après tout, si Hélène a envie de faire du vélo, de la marche nordique et de la musculation dans une même journée, où est le problème?" La maisonnée, qui abrite aussi trois enfants et un chien, vit au rythme des phases caractéristiques de labipolarité, l'euphorie succédant chez Hélène à l'abattement, et ainsi de suite. Depuis qu'elle prend un "régulateur d'humeur", la lamotrigine, un médicament utilisé à l'origine dans le traitement de l'épilepsie, les hauts sont toutefois devenus moins hauts et les bas, moins bas.
Il a appris à ne pas répliquer, sous peine de surenchère immédiate
Hélène se range dans la catégorie enviable des patients "stabilisés", même si la maladie, chronique, ne se fait jamais totalement oublier. Celle-ci se manifeste par de brusques surtensions dans lecouple, occasions pour François de s'entendre dire ses quatre vérités. "Je peux prononcer des paroles blessantes quand j'ai le sentiment de ne pas être comprise ni soutenue, reconnaît Hélène avec la franchise qui donne la force à son témoignage publié en 2013, avec une autre bipolaire (2). J'ai déjà traité François de faible, de lâche, même de minable." L'expérience aidant, il a appris à ne pas répliquer, sous peine de surenchère immédiate. "Je mentirais si je disais que ses flèches ne m'atteignent pas, mais je ne peux pas m'en plaindre, j'apprécie les gens cash, qui disent ce qu'ils pensent et n'hésitent pas à s'asseoir sur les convenances", confie cet homme soigneux dont le pantalon de bonne coupe cache de très inconvenantes chaussettes fluo. Il sait aussi, en cas d'orage annoncé, s'isoler dans son bureau à l'étage, d'où il prospecte le marché européen pour un fabricant américain de logiciels. "Je préfère que notre relation de couple soit intense plutôt qu'ennuyeuse", tranche-t-il. Avec Hélène et son moral en montagnes russes, François est servi.
Elle a 31 ans et lui, 36, le jour où ils se choisissent. L'un et l'autre sont commerciaux dans le sud de la France, dans le domaine très concurrentiel des nouvelles technologies, et les sociétés pour lesquelles ils travaillent sont partenaires. François a croisé Hélène lors d'un séminaire, dans un ClubMed en Normandie. Il a immédiatement remarqué cette fonceuse qui, ligne parfaite dans sa robe rouge, attire les regards. Pendant le séjour, il a observé à la dérobée ses traits fins, encadrés de longs cheveux lisses, qui se crispent à la moindre contrariété. "Tu n'es pas compliquée, toi, comme fille !" l'a-t-il taquinée en l'entendant commander au bar un "déca, mais allongé" - lecaféétant interdit à cette survoltée de nature. Quelques mois plus tard, quand leurs employeurs les expédient ensemble à Nice pour un rendez-vous de clientèle, il profite du trajet en voiture pour lui avouer ses sentiments.
Hélène n'a rien oublié de sa réaction, qu'elle raconte de son débit précipité, comme dicté par une urgence mystérieuse. "J'étais désabusée quant aux relations amoureuses, je sortais d'une rupture, une de plus... Comme pour beaucoup de bipolaires, ma vie sentimentale était chaotique, avec des revirements incessants. Un jour, j'étais transportée, c'était: "Je t'aime!" Le lendemain, la douche froide: "Mais qu'est-ce que je fais avec un type comme toi?". Lorsque je me suis retrouvée avec François dans la voiture, ça s'est passé différemment. Tout en conduisant, il a eu ce geste rassurant: il a saisi ma main posée sur l'accoudoir et l'a gardée serrée un long moment. J'ai senti, à côté de moi, quelqu'un de solide." Neuf mois après, le couple achète une maison près d'Aix-en-Provence. Trois de plus, ils sont mariés. L'année suivante, elle attend leur premier enfant. "J'étais dans une période d'hypomanie, celle où je prends très vite, à l'instinct, des décisions qui m'engagent sur le long terme, souligne Hélène. Parfois, je me demande quel aurait été le destin de notre couple si je m'étais trouvée dans une périodedépressive, à hésiter au moindre choix, même le plus anodin."
Leur couple, en tout cas, surmonte l'épreuve ultime, le déménagement à Bruxelles. A l'automne 2010, la famille s'y installe pour les besoins professionnels de François. Hélène renonce à sa carrière de commerciale, elle qui considère comme une revanche d'avoir réussi, avec un BTS pour tout diplôme, à décrocher d'importantes responsabilités.
Après son bac, ignorante de son trouble psychique, elle avait échoué aux concours des grandes écoles de commerce, incapable de supporter la pression des classes prépas. Isolée dans cette ville où elle ne connaît personne, Hélène se retrouve à la maison, avec un mari absent voyageant sans cesse pour ses affaires. Surtout, elle ne prend plus delithium, caressant l'espoir secret de n'être pas vraiment malade. La spirale descendante s'enclenche, l'entraînant dans unedépressiontoujours plus profonde.
La thérapie lui a enseigné l'indulgence vis-à-vis d'elle-même
Dans sa tête, Hélène élabore alors un plan radical, de ceux qu'on imagine en situation désespérée. Elle va trouver un emploi, n'importe lequel, se proposer comme gardienne dans l'une des riches propriétés du voisinage, prendre ses enfants sous le bras et quitter son mari, cause de tous ses malheurs. "J'espère que tu as un bon avocat", balancet-elle à François à titre d'avertissement, une phrase qu'elle sait assassine pour cet ancien divorcé. Bientôt, elle doit se rendre à l'évidence: la maladie a repris le dessus. Dès la première consultation, celle qui deviendra sa nouvellepsychiatrelui glisse, en guise de rappel: "On ne guérit pas d'un trouble bipolaire."
Aujourd'hui, Hélène se dit changée, et pas seulement sous l'effet des médicaments. Sathérapie cognitive et comportementalelui a appris l'indulgence vis-à-vis d'elle-même. "Auparavant, je me voulais parfaite, au point de chercher à tout contrôler, par peur de déplaire ou de ne pas être aimée, confie-t-elle. J'ai lâché prise." La peur de ne pas être aimé n'est pas un sentiment réservé aux bipolaires. Dans le couple d'Hélène et François, celui qui dit parfois à l'autre: "Si tu me quittes, je meurs", ce n'est pas elle, c'est lui, l'imperturbable.
(1) Le prénom a été changé.
(2)J'ai choisi la vie. Etre bipolaire et s'en sortir,par Marie Alvery et Hélène Gabert (Payot).
Le trouble bipolaire -ou syndrome maniaco-depressif- une maladie répandue et énigmatique
Aussi appelé syndrome maniaco-dépressif, le trouble bipolaire touche 2% de la population adulte. S'il n'était pas aisé de le détecter et de le nommer dans le passé, il semble de moins en moins tabou de nos jours, même s'il reste difficile à comprendre. Ses symptômes, que sont la dépression et les hauts et bas émotionnels, concernent aussi les stars telles queCatherine Zeta-Jones,Britney Spearsou Mel Gibson, qui en sont atteints. Carrie Mathison, l'héroïne de la sérieHomeland,interprétée par Claire Danes, souffre elle aussi de bipolarité. Décryptage d'une maladie encore mystérieuse.
Valérie, 71 ans: "La bipolarité de mon fils m'éloigne de lui"
A 43 ans Thomas, le fils de Valérie, est atteint de troubles bipolaires. Une révélation survenue sur le tard et qui bouleverse leur vie de famille. Elle nous explique comment elle parvient, au quotidien, à gérer une relation parfois compliquée.
"Barjots", "fous": comment les médias maltraitent les malades psy
La récente Une de La Provence sur"les barjots, les schizos et les autres", a provoqué un tollé sur les réseaux sociaux. Une "psychophobie" devenue ordinaire dans les médias.
Trouble bipolaire: difficile de "faire" avant d'"être"
Lorsque l'on a un trouble psychique, on a bien du mal à trouver sa place dans la société. Différentes structures et programmes d'insertion nous invitent à nous soigner, calmer nos émotions, nos états d'âme pour nous contraindre à un travail sans trop de stress, de responsabilités afin de nous stabiliser et rentrer dans la norme.
"Atteint d'un trouble bipolaire, j'ai mis 11 ans à retrouver un emploi stable"
En juillet 2005, Robert* est diagnostiqué d'un trouble bipolaire. En quelques semaines, sa vie bascule. Il s'éloigne peu à peu du monde professionnel. Pendant plus de 10 ans, il travaillera à s'y réinsérer. Un exploit qu'il doit en partie au ClubHouse, l'association qui l'a accompagné.
On les dit à fleur peau, en permanence sur le fil. Les hypersensibles perçoivent le monde avec une acuité et une sensibilité toute particulière. Comment vivre en étant émotionnellement à vif? Comment parvenir à gérer ses émotions pour être heureux? Enquête.
Lise, bipolaire: "Les autres ne peuvent pas soupçonner ma face cachée"
Lise, co-fondatrice du site Tendances de Mode, a souffert d'anorexie avant d'être diagnostiquée bipolaire en 2010. Aujourd'hui, à 32 ans et après plusieurs traitements, elle mesure le chemin parcouru.
Entre phases maniaques et dépression, ils alternent les très hauts et les très bas. Retour sur ce trouble de la personnalité raconté par ceux qui en souffrent à l'occasion de la journée mondiale pour la santé mentale ce samedi.
Une étude publiée récemment montre que la toxoplasmose est presque trois fois plus fréquente chez les personnes atteintes de schizophrénie, de troubles bipolaires ou de troubles obsessionnels compulsifs.
Affirmant que la "souffrance mentale" ne lui était pas étrangère, l'auteur de BD Manu Larcenet a révélé lors de l'émission On n'est pas couché qu'il était atteint de troubles bipolaires.
Aux Etats-Unis, les bipolaires sont devenus un phénomène de société. Les séries télé s'en emparent, les stars du show-biz n'hésitent pas à témoigner. Une "popularité" à double tranchant.
Depuis treize ans, l'association Argos 2001 organise des groupes de parole où les bipolaires et leurs proches se retrouvent. Ils y échangent en toute liberté sur la maladie et se soutiennent mutuellement.
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Trois spécialistes, confrontés régulièrement à des patients bipolaires, donnent leur vision de la maladie. Sans jamais perdre de vue le vécu des malades.
Bipolaire, vraiment? Le livre du psychanalyste britannique Darian Leader décrypte les ressorts d'une maladie d'autant plus complexe à bien diagnostiquer que chaque cas est singulier. L'Express en publie les passages les plus éclairants. Exclusif.
Laurent, Marie, Grégoire: ils sont tous les trois bipolaires et ils racontent leur quotidien au jour le jour. Entre épisodes dépressifs et phases maniaques, les relations avec la famille et les amis ne sont pas toujours simples...
La série Homeland, dont la deuxième saison débute ce jeudi soir sur Canal +, met en scène une héroïne, Carrie Mathison, souffrant de maniaco-dépression. Ultra médiatisée, cette pathologie ne doit pourtant pas être prise à la légère, ni vulgarisée.
Bipolarité, une maladie qui touche aussi les stars
Alors que la deuxième saison de Homeland a démarré sur Canal+, mettant en scène une Claire Danes atteinte de troubles bipolaires, retour sur les célébrités qui se battent contre ce syndrome.
Catherine Zeta-Jones hospitalisée pour ses troubles mentaux
Catherine Zeta-Jones a pris l'initiative d'intégrer un établissement de santé afin de combattre ses troubles maniaco-dépressifs, a-t-on appris lundi dernier auprès de sa porte-parole.
L'actrice est atteinte de troubles bipolaires. Le monde médical a salué cette révélation, car elle pourrait aider à changer le regard sur cette maladie.
Difficile de « faire un métier » avant d’ « être qui on est ».
Agir
Lorsque l’on a un trouble psychique, ou une hypersensibilité difficile à gérer on a bien du mal à donner un sens à sa vie, à savoir quoi faire de sa vie, à trouver sa place dans la société.
Différentes structures et programmes d’insertion ou de réinsertion nous invitent à nous soigner, calmer nos émotions, nos états d’âme pour nous contraindre à un travail sans trop de stress, de responsabilités afin de nous stabiliser et rentrer dans la norme. Dans ce schéma là, ce sont bien les personnes qui doivent se soigner et non le système en question.
Comme je l’ai déjà écrit, je pense que la société de consommation et tous ce qu’elle engendre a une grand part de responsabilité dans les difficultés que vivent les hypersensibles. Cette pression omniprésente à avoir le plus beau corps possible, à avoir les mêmes produits que les autres, à faire les mêmes choix que les autres, à avoir des choses, à faire des activités, à avoir, à faire, à avoir etc. est très compliqué à gérer quand on galère juste à être soi-même! Pour moi et beaucoup d’autres personnes, se construire une identité par rapport à un statut social, familial, par rapport à ce que l’on possède, c’est pas possible. Notre hypersensibilité entre en conflit avec cette norme.
Consommer, avoir toujours plus, faire toujours plus, se définir par ce que l’on fait ou ce que l’on a, être en compétition avec les autres, tout cela nous paraît normal : c’est la norme.
Etre fatigué, exprimer ses fragilités, faire part de ses doutes, être sincère (retirer le masque), tout cela en société ne se dit pas ou ne se fait pas car ce n’est pas normal, on doit se montrer fort, performant, séduisant, compétitif.
Les personnes hypersensibles se sentent donc souvent en décalage avec cette norme. Et ont bien du mal à agir et trouver leur place. Il existe bien des micro-environnements bienveillants qui privilégient le « être » à l' »avoir » mais ils sont rares.
Là et un grand problème des hypersensibles, on a besoin de « faire » pour être ancré dans la matière, mais si nos actions ne font pas sens avec nos valeurs et nos croyances, ce besoin n’est pas satisfait et le mal-être est vite arrivé avec l’isolement associé.
Agir
J’ai longtemps cherché ce que je voulais / pouvais « faire ». De ce que j’ai vu du monde du travail, il m’en reste un souvenir hostile. Tant que j’ai voulu m’efforcer à le réinsérer, je suis toujours retombé malade psychiquement. Jusqu’au jour où je n’ai plus eu le choix… J’ai décidé à « être » plus moi même avant de trouver quel « faire » qui ait du sens avec qui je suis. J’ai travaillé en moi et non plus hors de moi. J’ai eu la chance de pouvoir le faire. Grâce à ma famille et à la sécurité sociale Française.
J’ai trente ans, et aujourd’hui seulement je peux agir. Pour moi et pour les autres.
Je travaille à développer l’Association des HyperSensibles, ça a du sens pour moi, et donc m’apporte une stabilité jusqu’ici méconnue. Cette stabilité me permet de mieux agir, c’est un cercle vertueux. En à peine un an l’association c’est tant développée qu’elle à aujourd’hui besoin d’un ou une coordinatrice bénévole pour structurer tout ça!
Je pense que les hypersensibles (20% de la population selon certains auteurs) sont des personnes qui ont besoin de sens dans leur vie, dans ce qu’ils font. Si en quelques mois 250 personnes ont approché notre récente association, ne serait-ce pas un signe que notre système en place, en manque de ce « sens »?
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