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gestion de l'Île de La Réunion Tourisme

a chambre régionale des comptes se penche sur la gestion de l'Île de La Réunion Tourisme

Actions inefficaces, dérives financières, dépenses somptuaires : le rapport qui accable l'IRT

 

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Dans son rapport définitif consacré à la gestion de l'Île de La Réunion Tourisme (IRT) sur la période 2007-2013, qu'Imaz Press a pu consulter, la chambre régionale des comptes (CRC) pointe les incohérences stratégiques et les errements financiers de l'organisme financé par la Région et chargé de la promotion touristique de l'île. Et la liste est longue...

La création de l’Île de La Réunion Tourisme, en décembre 2007, poursuivait à l’origine de nobles intentions. À savoir "rationnaliser le paysage touristique institutionnel" autour d’un seul et unique organisme chargé de l’offre, de la promotion et de la commercialisation. Mais six ans plus tard, le bilan dressé par la chambre régionale des comptes est sans appel. Statuts instables, actions inefficaces, dérives financières, dépenses somptuaires sont autant de points soulevés dans le rapport de la CRC, communiqué à la Région en janvier 2015, qui couvre la période 2007-2013, soit les présidences de Pierre Vergès (2007-2010) et de Jacqueline Farreyrol (2010-2013), l’actuel président Patrick Serveaux ayant été nommé en mai 2014.

"Une association instable"

Les magistrats décrivent tout d’abord l’IRT comme "une association instable", du fait de sa constitution prévoyant le regroupement des missions et des moyens de cinq associations : le Comité du tourisme de La Réunion (CRT), la Maison de la montagne, le service régional loisirs et accueil, la Fédération réunionnaise du tourisme (FRT) et le Relais départemental des gîtes de France (RDGDF). Sauf que la FRT et le RDGDF n’ont pas disparu pour autant, pendant que les budgets et les effectifs de l’IRT montaient en flèche...

"Sept ans après sa création, l’IRT s’avère ne pas être l’opérateur unique attendu puisqu’une partie des associations préexistantes se reconstituent et que les budgets engagés par l’IRT sont plus de deux fois supérieurs à ceux de 2006 et la masse salariale près du double de celle antérieure", note ainsi la chambre régionale des comptes. Elle ajoute que "l’IRT ne s’est pas révélée capable de stabiliser dans la durée ses statuts, son objet social faisant l’objet de modifications successives traduisant la difficile maîtrise par l’association de ses compétences et de ses missions".

Des budgets en hausse, une fréquentation en baisse

Mais ce pêché originel ayant conduit à un flou statutaire et une confusion des missions de l’IRT est bien loin d’être le seul relevé par la CRC. La première conclusion des magistrats est que si "l’IRT est l’un des comités régionaux du tourisme les mieux dotés en crédits dédiés à la promotion de la destination", en revanche "les résultats des actions engagées (...) ne se traduisent pas dans le nombre de touristes accueillis".

Les chiffres sont en effet éloquents : sur la période 2009-2013, "le budget consolidé de la promotion et de la communication s’est élevé à 45,8 millions d’euros sur un total de dépenses engagées sur la période de 80,2 millions d’euros, soir 57 % du budget total de l’IRT", soulignent les magistrats, précisant que "les années 2010, 2012 et 2013 marquent les dépenses les plus importantes". Or, dans le même temps, le nombre de touristes accueillis à La Réunion est passé de 421 900 en 2009 à... 416 000 en 2013.

Le rapport de la CRC met ainsi en exergue l’inefficacité globale des onéreuses campagnes publicitaires entreprises. "Les actions conduites en métropole (...) concernent essentiellement des campagnes de communication qui multiplient les messages avec un changement de slogan presque tous les ans et un positionnement marketing imprécis", mentionne-t-il.

Des opérations "sans lien avec le tourisme"

"De plus, un certain nombre d’opérations restent sans lien direct avec le tourisme comme par exemple la participation de l’IRT au festival de Cannes", ajoutent les magistrats, qui mentionnent également l'exemple d'un partenariat réalisé avec le PSG lors de la saison 2011-2012 qui n’a donné lieu à "aucun suivi (...) sur les résultats partenariaux et commerciaux".

Dans la même veine, la chambre consacre également un chapitre de son rapport à "l’éparpillement des moyens sur les salons", soit une somme de 2 ,9 millions d’euros dépensée de 2009 à 2012. "La présence de l’IRT dans certains salons est effectuée sans l’assurance élémentaire d’un effet positif sur la promotion de la destination (salon MEDEF, salon des experts-comptables, participations à diverses foires régionales ou locales, etc.)", estime-t-elle.

La CRC décrit enfin la situation financière de l’IRT comme "dégradée" et sa gestion comme "perfectible". Selon elle, "l’IRT est dans une situation financière précaire, avec des résultats déficitaires et une trésorerie négative à des niveaux importants plus de six mois dans l’année contraignant l’association à s’endetter".

La cause de ces difficultés est clairement identifiée : la hausse constante des dépenses de fonctionnement (de 5,5 millions en 2009 à 7,3 millions en 2012), "due à un effectif et une masse salariale en forte augmentation". L’IRT a notamment procédé "au recrutement de 25 salariés supplémentaires entre 2010 et 2012" pour atteindre un total de 98 salariés en 2012.

Les dérives des frais de mission

Mais surtout, la chambre pointe "une gestion peu rigoureuse des frais de mission hors du département". Concernant ces frais divers (billets d’avions, hôtels, restauration, taxis...), elle note que "l’association n’a pas respecté les règles qu’elle avait édictées", fournissant plusieurs exemples, comme des billets d’avion achetés par l’IRT en classe confort à certains salariés "alors que jusqu’au 14 octobre 2010, cette catégorie était réservée aux administrateurs", ou encore un "cumul du forfait journalier avec la prise en charge de frais de restauration et de taxi pour plusieurs administrateurs".

Cela n’est qu’un échantillon des dérives identifiées par la chambre, qui achève son rapport en évoquant "une gestion des ressources humaines perfectible" et notamment "des incohérences dans l’harmonisation des salaires", certains cadres étant rémunérés bien au-dessus des planchers fixés par la convention collective, jusqu'à plus de 6 000 euros pour la secrétaire générale et plus de 7 000 euros pour le directeur.

Dans sa réponse à la CRC envoyée le 20 janvier 2015, l’actuel président Patrick Serveaux indique que les recommandations de la chambre "sont aujourd’hui suivies ou en phase de l’être". Il ajoute qu’elles "constituent un axe de travail majeur dans notre gestion quotidienne de l’association" et qu’elles "sont utiles pour clarifier ou justifier au mieux l’utilisation des fonds mis à disposition".

Quant au président de Région Didier Robert, dans un courrier daté du 15 janvier, il estime, entre autres, que "les efforts financiers déployés par la Région au bénéfice de l’IRT notamment, ont produit leurs effets puisque malgré les crises économiques mondiales qui sévissent depuis 2008 et les crises requins, la destination Réunion a connu un record d’affluence en 2011 (471 268 touristes), et la fréquentation touristique a pu être maintenue à un niveau acceptable sans jamais descendre au niveau connu pendant la crise du chikungunya".

Guilhem George et Mahdia Benhamla pour www.ipreunion.com



03/04/2015
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