La santé sexuelle est un sujet majeur selon l’Ayurvéda[1]. Alors que la science moderne propose une approche partielle et fragmentée, l’Ayurvéda propose une lecture globale d’un sujet qui occupe une place de plus en plus importante dans nos sociétés modernes. Contraception, reproduction, grossesse, relations sexuelles, maladies sexuelles…les facettes sont multiples. Les interlocuteurs aussi : gynécologue, médecin accoucheur, sage femme, sexologue, psychologue, médecin traitant, spécialiste de la natalité, planning familial, etc. Médicaments et technologies de pointe – à l’instar de la fécondation in vitro (FIV) – y tiennent une place centrale. De la pilule anti-contraceptive au Viagra en passant par la résurgence du préservatif suite à la maladie du Sida, c’est toute une industrie qui s’est développée autour de ce thème. Malgré sa toxicité, la contraception orale continue d’être utilisée par plus de 60 % des françaises de 20 à 44 ans alors que le stérilet reste le premier choix contraceptif au niveau mondial. Depuis son lancement par Pfizer, le Viagra poursuit quant à lui une irrésistible ascension. Plus de 520 millions de cette « pilule miracle » contre les troubles érectiles ont été vendues dans le monde. En France, les ventes ont doublé ces quatre dernières années.
Les problèmes sexuels sont bien plus répandus qu’on ne le pense habituellement. Un sondage Opinion Way dans le cadre de l’étude « Regards croisés sur la sexualité des français » a montré que 50 % des hommes étaient concernés par l’éjaculation précoce. Autre statistique révélatrice : les problèmes de frigidité et d’anorgasmie touchent plus de 10 % des femmes françaises. L’infertilité est également une préoccupation puisqu’elle frappe 15 % des couples en France. Malgré le recours à des techniques de pointe comme la FIV, l’infertilité laisse 4 % des couples concernés sans solution à leur désir d’enfant. Des recherches récentes s’inquiètent de l’infertilité de l’homme, phénomène en plein développement. Le nombre de spermatozoïdes aurait chuté en effet de 100 millions/millilitre dans les années 50 à moins de 50 millions/millilitre actuellement. Principal facteur en cause : la pollution chimique et les pesticides utilisés dans l’agriculture. Les femmes ne sont pas épargnées puisqu’un sondage a montré que 30 % des françaises ont eu des difficultés dans leur projet de maternité. Là encore, plusieurs facteurs sont en cause : stress, tabac, alcool, pesticides, cosmétiques, détergents, etc.
La santé sexuelle selon l’Ayurvéda prend en considération tout ce qui concoure dans la physiologie à la production du dhatu Shukra, le tissu reproducteur. Ce terme sanscrit signifie « brillant », qualificatif s’appliquant au spermatozoïde et à l’ovule tout comme à la planète Vénus, également appelée Shukra dans l’astrologie et l’astronomie védiques. Ce septième tissu représente la transformation finale du processus digestif qui produit en séquence les sept tissus, à savoir, dans l’ordre, Rasa, la lymphe et les fluides nourriciers qui constituent le plasma sanguin, Rakta, les globules rouges contenus dans le sang, Mamsa, les muscles, Medha, la graisse et les hormones, Ashti, les os et le tissu conjonctif, Majja, les nerfs et la moelle osseuse et enfin Shukra, le tissu reproductif, sperme et ovule. A chaque étape de ce processus intervient également Ojas. Au sujet de cette substance, rappelons que l’Ayurvéda considère qu’elle est le fruit d’un feu digestif puissant. Ojas fonctionne telle une lampe à la porte, éclairant l’intérieur et l’extérieur, influant donc à la fois sur la physiologie et sur la conscience. Cette substance, la plus fine de la manifestation matérielle, est responsable de l’équilibre de Vata, Pitta et Kapha.
L’Ayurvéda explique que Shukra est présent dans toute la physiologie et pas seulement dans les organes de reproduction. La production de chaque tissu prend six jours. Il faudra donc au total 42 jours pour produire le tissu Shukra à partir de ce que nous mangeons. La maladie sexuelle apparaît chez la femme ou l’homme lorsque ce long processus de transformation est perturbé. D’où un déséquilibre appelé Atharva Dushti chez la femme et Shukra Dushti chez l’homme. Chez la femme, Atharva Dushti peut engendrer des désordres génétiques, des fausses couches, des naissances prématurées, des relations sexuelles perturbées, de l’infertilité, des maladies vénériennes ainsi que toute une kyrielle de troubles menstruels plus ou moins bien compris par la science moderne comme l’endométriose, l’oligoménorrhée, la dysménorrhée[2], etc. Chez l’homme, Shukra Dushti peut engendrer des problèmes d’érection, d’éjaculation précoce, de maladies vénériennes, d’infertilité, de désordres génétiques ainsi que des relations émotionnelles perturbées. Les causes de ces déséquilibres sont multiples selon l’Ayurvéda. Citons en quelques unes : le stress émotionnel, les soucis, les traumatismes, la mauvaise alimentation, les maladies vénériennes, l’excès d’activité sexuelle, l’activité sexuelle pendant les règles ou à un mauvais moment[3] ou une activité sexuelle violente dans une mauvaise position. Tous ces facteurs diminuent la qualité de Shukra.
Bien entendu, les doshas interviennent dans ces déséquilibres, aussi bien chez l’homme que chez la femme. Ainsi, chez l’homme, le déséquilibre Vata aura des conséquences comme l’azoospermie, l’oligospermie, l’élargissement de la prostate, une faible libido créant des problèmes érectiles, une éjaculation précoce à caractère tactile, des testicules légers et vides sans compter la peur et l’anxiété. Dans les cas graves, il peut y avoir cancer des testicules ou de la prostate. Chez la femme, le déséquilibre Vata peut engendrer la peur de la pénétration, l’oligoménorrhée, la dysménorrhée ou encore des cycles irréguliers. Il favorise aussi l’orgasme prématuré qui crée un fort sentiment de frustration. Le déséquilibre de Pitta chez la femme engendre ménorragie, endométriose, saignements en milieu de cycle, sensations de brûlures, seins douloureux et irritabilité. Chez l’homme, Pitta déséquilibré se traduit pas une éjaculation précoce par échauffement, des brûlures ou du sang pendant l’éjaculation, une inflammation de l’épididyme, une orchite, une prostatite, etc. Le déséquilibre Kapha chez la femme favorise l’allongement du cycle, les kystes ovariens, l’œdème prémenstruel, l’écoulement des mamelons, la polyménnorrhée, les fibromes, etc. Chez l’homme, il favorise l’addiction au sexe, l’élargissement de la prostate, les calculs prostatiques, l’éjaculation précoce à caractère émotionnel, les testicules lourds et froids, etc.
Les recommandations de l’Ayurvéda pour favoriser une bonne santé sexuelle consistent avant tout à favoriser l’équilibre des trois doshas et à renforcer la digestion. Ces thèmes ayant déjà été largement abordés dans ce blog, nous nous contenteront d’en rappeler les grandes lignes. Pour pacifier Vata, il est conseillé de méditer pour diminuer le stress, de respecter une bonne routine quotidienne, notamment en mangeant chaud à heures régulières, de favoriser le repos et de pratiquer chaque jour l’automassage à base d’huile de sésame. Pour pacifier Pitta, il est conseillé de travailler avec modération, de méditer, d’apporter de la fraîcheur dans la physiologie, notamment pendant la saison chaude, et enfin de se coucher tôt. Pour pacifier Kapha, il est important de se lever tôt, de faire de l’exercice physique, de manger peu salé et piquant et de « pimenter sa vie » avec beaucoup de défis et de changements. Pour une bonne digestion, il est conseillé de manger assis dans une atmosphère calme, de porter son attention sur les aliments que l’on mange, de choisir des produits biologiques, de ne pas manger de restes, de rester assis cinq à dix minutes après le repas et enfin de faire après une promenade digestive d’environ dix à quinze minutes. Les aliments défavorables à la qualité de Shukra sont bien sûr déconseillés : alcool, sodas, produits fumés ou fermentés, produits ayant été conservés dans du plastique, produits contenant des pesticides ou ayant été irradiés par des rayonnements ionisants (utilisés pour conserver les salades conditionnées). Eviter aussi les boissons froides. En revanche, les aliments qui nourrissent Shukra sont à favoriser : dattes[4], amandes, noix, gâteau de riz, ghee, etc.
Le mode de vie influe également sur la santé sexuelle. Trop de sexe, trop de grossesses ou des grossesses trop rapprochées ne sont pas l’idéal. L’Ayurvéda conseille la modération sur tous ces sujets. Certaines plantes sont conseillées pour chaque constitution afin d’obtenir un tissu Shukra de bonne qualité. Ce sont Kapikachu et Vidari Kanda en cas de déséquilibre Vata. Guduchi, Shatavari ou Shankapushpi ainsi que la confiture biologique de pétales de roses conviennent aux déséquilibres Pitta. Shilajeet, Kapikachu ou Ashoka sont conseillés en cas de déséquilibre Kapha. « Il existe dans l’Ayurvéda Maharishi certaines préparations offrant une synergie encore plus efficace » précise le docteur britannique Donn Brennan, spécialiste de l’Ayurveda Maharishi : ce sont le Rasayana MA 347 pour la femme et le MA 631 pour l’homme[5]. Citons aussi Maharishi Ayurveda Energol MA, Rasayana pour l’homme que l’on trouve sur plusieurs sites en Inde[6]. « Le Panchakarma, ce nettoyage profond de la physiologie, est particulièrement recommandé aux hommes et aux femmes qui projettent d’avoir un enfant » ajoute le Dr. Donn Brenan. Cette cure élimine les toxines de la physiologie en toute sécurité. La recherche a montré que c’est la méthode la plus efficace pour se débarrasser d’ama et des toxines chimiques. Le niveau des substances hautement toxiques comme le PCB ou le bêta-HCH est réduit de moitié après seulement quelques jours de cure.
Si les conseils généraux ont tout leur intérêt, seul le médecin ayurvédique qualifié peut définir le traitement approprié à tel ou tel cas particulier. A titre préventif, et afin de protéger la prostate, dont les problèmes deviennent courants, il est conseillé de faire de l’exercice, de manger quotidiennement quelques graines de pépins de courge et de ne pas rester trop longtemps assis. L’Ayurvéda Maharishi propose également un complément efficace en termes de prévention. Son nom : Prostate Balance[7]. Autre préoccupation courante, la ménopause[8]. C’est une période où les tissus sont moins nourris. Il est conseillé de prendre du Shatavari et de faire des massages à l’huile de coco en cas de coups de chaleur. Pour de problèmes plus complexes comme la frigidité, où une forte composante psychologique intervient, il est conseillé de méditer et de faire une ou plusieurs cures de Panchakarma. On aura compris que l’Ayurvéda met surtout l’accent sur cet arsenal de recommandations censées développer Shukra Sara, concept clé de la santé sexuelle que l’on peut traduire par ‘Excellence de Shukra’. Quand le tissu Sukra est d’excellente qualité, la personne rayonne gentillesse et sympathie, attirant facilement le sexe opposé. Les textes ayurvédiques précisent que le regard d’une telle personne donne l’impression d’être « empli de lait ». Conclusion : pour l’Ayurvéda, séduire c’est, in fine, développer Shukra Sara.
Jo Cohen
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[1] Cet article de synthèse ne donne que les indications générales en rapport avec ce vaste sujet. Les détails précis de chaque maladie évoquée sortent du cadre de cet article. Les personnes souffrant de maladies spécifiques en rapport avec l’activité sexuelle devraient consulter un médecin ayurvédique ou leur médecin traitant.
[2] La signification précise des nombreux termes médicaux utilisés dans cet article est disponible sur Wikipedia.
[3] L’Ayurvéda considère que l’activité sexuelle en journée ou a l’aube n’est pas bonne pour la santé sexuelle.
[4] Une bonne recette consiste à faire cuire une ou deux dattes avec quelques graines de cardamome, d’enlever la peau et de les mixer avec un peu de ghee jusqu’à obtenir une crème lisse.
[5] On trouve ces préparations sur le site anglais maharishi.co.uk.
[6] On le trouve notamment sur indiaabundance.com.
[7] Disponible également sur le site maharishi.co.uk.
[8] Ce sujet est développé en détail dans les livres “Ageless Woman” et « Best Woman Medicine » du docteur Nancy Lonsdorf, spécialiste de l’Ayurvéda Maharishi.