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Les Seraphim par Spartakus FreeMann
חשרפ’ם : Êtres de feu, Êtres de lumière.
Nous allons parler de ces êtres qui m’ont très souvent interpellé par leur symbolisme et leur portée, je veux parler des Seraphim, nos bons Séraphins de nos cours de catéchisme. Les pages qui suivent sont des notes personnelles, souvent décousues, tournant autour du principe du feu, du serpent, du Messie…
Seraphim – Petites Heures de Jean de Berry.
Isaïe 6:1 – Isaïe voit Dieu sur Son Trône Elevé et Exalté (רם ןנשא). Le mot רם (rom, ou rum) est « être élevé », être « exalté », alors que le mot ) ןנשא (ouenisa) signifie « être honoré », être « magnifié », « exalté », « élevé », etc. Le Livre d’Enoch décrit Dieu comme « Seigneur des seigneurs, Dieu des dieux, Roi des rois (et Dieu des âges) », « le Trône de Sa Gloire se tient dans toutes les générations des âges… » (R. H. Charles, Apocrypha and Pseudepigrapha of the Old Testament, Vol. 2, Oxford, reprint, 1979, p. 193).
Dans Isaïe 6:2 – Les Seraphim sont des êtres décrits comme ayant de nombreuses ailes. Le mot השרפים (haserapim) signifie « serpents brûlants », ou « les brûlants », ce mot est d’ailleurs présent dans d’autres passages de la Torah (Nombres 21:6, 8 ; Deutéronome 8:15, Isaïe 14:29 ; 30:6).
Il est à noter que les « ailes » (כנפים Kenaphim) décrites sur ces créatures est le terme biblique pour « voile » ou « couverture ». Kanap est non seulement une aile, mais aussi le « coin », la « frontière » ou « fin ». Il signifie également « entourer», « enclos ». Ces êtres peuvent ainsi se cacher ou couvrir leur visage (פניו יכסה). En hébreu, paneh (פנה) signifie non seulement « visage », « face », mais aussi « présence ».
Ainsi, on nous parle bien d’anges brûlants ou de feu, mais aussi d’êtres capables de se cacher et de dissimuler leur présence. Lisons donc ce passage des Mots de Michael, un fragment des rouleaux de la Mer Morte (4Q529) :
« Les mots du livre que Michael a dit aux Anges de Dieu [après qu’il se fut élevé vers les plus hautes régions des Cieux]. Il dit qu’il y trouva des troupes de feu… »
Michael dit dans le Testament de Amram, (4Q543, 545-548)
« Il me dit [Mes] trois noms sont [Michael et Prince de Lumière et Roi de la Justice]. »
Le Livre d’Enoch décrit Enoch disant à propos de ses visions du Trône de Dieu qu’il était entouré de feu, le portail du lieu étant des flammes.
Le Serpent d’airain de Moïse est appelé שרף (Nombres 21:8), brûlant, mais un autre terme est utilisé, נחש נחשת, Nechash nechoshet, ou « serpent de bronze » (Nombres 21:9) lorsqu’il en fait un instrument de Dieu. Le Sarap est le « serpent brûlant » que Moïse essaye de symboliser de son mieux dans l’image du serpent d’airain.
Ezéchiel dans sa vision dit pour « bronze brûlant » נצץ
Natsatz, qui n’est utilisé que dans Ezéchiel 1:7. L’hébreu ניצוץ nitzotz signifie « étincelle », comme utilisé dans Isaïe 1:31.
Et ici, il est bien évident que celui qui regarde le serpent d’airain et donc sa lumière, sera soigné et par extension, il sera sauvé. Comme nous l’avons analysé dans un autre texte (Les Oraisons du Serpent), le serpent d’airain est annonciateur du Christ Lui-même qui est « La Lumière du Monde ».
Mais puisque nous analysons les choses sous l’angle kabbalistique, nou savons qu’il y a différents niveaux de lecture.
La méthode de la Guematria est utilisée pour décrypter la Bible, et plus particulièrement l’Ancien Testament. Même si beaucoup trouvent cette méthode, qui par dérive peut faire dire tout et n’importe quoi aux Écritures, inutile, il n’en reste pas moins que cet outil peut nous aider à pénétrer plus avant dans le sens profond du texte.
Regardons le mot nachash, le serpent, נחש qui donne comme valeur 358. # = 300, + h 8 + n 50 = 358. Le mot Messiah משיח équivaut lui aussi à 358. h 8 + y 10 + # 300 + m 40 = 358. Il y donc, comme nous l’avons vu ailleurs, une relation entre le Messie et le serpent de Nombres 21:8,9. Si nous comprenons également que le mot hébreu משודש Mechudash signifie « renouvelé » ou « restauré », nous pouvons mieux comprendre alors l’image qui est ici invoquée. Psaumes 102 : 5 – « Il satisfait mes désirs par de bonnes choses, afin que ma jeunesse soit restaurée (תתחדש, titchadesh) comme celle de l’aigle ». Le mot Mechudash a une valeur numérique de 358 tout comme Messie et nachash. L’idée d’un Messie brillant, resplendissant qui doit être « élevé » (Nombres 21:8 – “mis sur la croix” (ושים אתו על נס) se retrouve alors dans le Nouveau Testament Kai kathos Moses hupsose ho ophin en to ermo houtos hupsotheisa dei ho huion ho anthropou, hina pas ho pisteuon eis auton me apolmtai all echm zoen aionion. « Et comme Moïse éleva le serpent dans le désert, ainsi le Fils de l’Homme sera-t-il élevé. Afin que tout qui croit en Lui ait la vie éternelle » (Jean 3:14-15).
Ainsi, le serpent, tout comme le Messiah, restaure la santé et la vigueur par la résurrection en la Vie éternelle !
Nous pouvons aussi voir derrière le mot « gloire » la radiance éclairante ou כבוד kabhodh « gloire » ou « splendeur » dans la Torah, et la face de Moïse était éclairée et brillante lorsqu’il descendit du Sinaï. Exode 34:29-30 décrit le « visage radiant » de Moïse קרן עור פנים (qaran ‘or panai).
Et lisons ce passage où l’on parle de la gloire de Dieu comme d’un pilier de feu pendant la nuit :
« La nuée de l’Éternel était de jour sur le tabernacle ; et de nuit, il y avait un feu » (Exode 40:38). Le mot hébreu אש « esh » est utilisé pour feu ou flamme. Le lexique de Gesenius note que spécialement pour Dieu le « feu de Dieu » est signifié par « éclairs » אש יהוה esh Yahweh, feu de Dieu ». (אש מן השמים) esh min hashamayim, « Feu des Cieux ». Job 1:16 אש אלהים נפלה מן השמים) esh elohim naphla min hashamayim, « le feu de Dieu tomba des cieux ».
Le feu est aussi splendeur ou brillance, la pierre d’une splendeur brûlante lit-on dans Ezéchiel 28:14 – אבני אש, ebeni esh, « pierres de feu ».
Donc, nous comprenons que Messiah vaut = 358, et que nachash, serpent, équivaut à 358, et que Mechudash = 358 et il tout aussi connu que la phrase « jusqu’à ce que Siloh vienne » a une valeur numérique de 358 :
Siloh est le symbole du « sceptre de Judah » et donc descendance de David
Genèse Rab. 85:1 dit « Judah prenait du temps pour trouver femme ; et le Saint, béni soit-Il, créait la lumière du Messiah ».
« Regarde, j’ai créé l’artisan » (חרש, charash, un travailleur du métal, du bois ou de la pierre, mais avec les points massorétiques חרש est un sorcier, un magicien un נבון לחש : « enchanteur expérimenté » (Gesenius Hebrew-Chaldee Lexicon of the Old Testament, p. 310, entry # 2791) qui jette le charbon dans le feu… »
Et Élie était un « enchanteur expérimenté du feu » alors qu’il commandait au feu du ciel de détruire les prêtres de Baal.
Mais il est assez intéressant de noter que l’interprétation de charash peut être fait dans le sens de personnage eschatologique (donc s’occupant du Jugement dernier et autres fins du monde). Selon une tradition tannaïtique on identifie les quatre artisans (ארבעה חרמים) dans la vision de Zacharie (2:3) avec les quatre figures messianiques ; Messiah ben David, Messiah ben Joseph, Elie et Melchizedek. Ces deux derniers étant les précurseurs du Messiah selon l’aggadah .
On dit que le charash travaille le feu avec du charbon (באש פחם, be’esh pecham). Selon une interprétation kabbalistique, le feu est symbole de la Torah elle-même ce qui explique que la Torah ait deux feux, un caché et un visible, comme la Torah orale et la Torah écrite.
Ben Sira, décrivant la nature superlative des dires d’Elie, dit : « Jusqu’à ce que s’élève un prophète comme un feu, dont les mots étaient des torches brûlantes ».
À noter que pour l’« Étoile » qui doit s’élever de Jacob l’hébreu utilise le mot kokhabh. La traduction de ce mot n’est pas uniquement « étoile » mais plus précisément la planète Mercure, l’Hermès des Grecs. Dieu de la sagesse, de la connaissance et de la littérature et son étymologie hermeneia, interprétation, nous donne Hermès = hermeneus (interprète). Les mêmes épithètes s’appliquent à Mercure et à Prométhée : Hermès aurait enseigné à l’humanité la civilisation, les arts, le jugement, la lecture des astres, l’écriture et le langage.
Le mot hébreu pour celui qui transmet la Parole Divine est נבא, niva, à mettre en relation avec le mot נבא, nabi, qui est le terme appliqué à Élie pour le décrire. Ce נבא peut avoir différents sens selon les signes massorétiques qui lui sont appliqués : « chanter », « être fou d’inspiration divine ». Neva signifie prophétie alors que Nebo (נבו) est le Dieu Mercure ! Hermès est l’interprète de la Volonté Divine. Comme tel il peut aisément être assimilé à un prophète qui, comme Hermès le faisait, pouvait assister au Conseil des Dieux (Isaïe 6 est l’exemple classique), son caducée étant le bâton de messager donnant l’autorité de Dieu. Nebo est également le Dieu du Feu (Lexique de Gesenius, p. 527, entrée # 5019-5020).
Mais ce Caducée n’est-il pas l’image d’Élie et de Moïse, avec Moïse portant le bâton qui fit des miracles devant Pharaon ? Élie a appelé le feu du ciel afin de démontrer son autorité et Ezéchiel, de même, avait des bâtons qui transmettaient les messages de Dieu à Israël.
Selon Artapanus, un historien juif hellénisé du second siècle avant JC, ce fut Moïse qui enseigna les arts et l’écriture et qu’il fut la source de toute Sagesse pour l’Égypte, ce pourquoi il reçu le nom de Hermès. Hermès est nommé « scribe du soleil » et Moïse était appelé ספרא רבה, sefer’ ravah, « Le Grand Scribe ». Moïse était en effet appelé par les juifs hermeneos nomon hieron, « l’interprète des Saintes Lois ».
Nous savons, en outre, que même le Logos était appelé Hermès ! Et Hermès était aussi appelé « Le Bon Berger », Poimandres signifie « Homme-Berger ».
Jean le Baptiste baptisait avec de l’eau, mais Jésus, le Messiah, baptiserait avec le feu. En pneumati hagio kai puri, « dans le Saint Esprit et le Feu » (Luc 3:16).
Et Saint Paul enseigna que « Nous sommes tous des visages dévoilés reflétant comme un miroir la Gloire du Seigneur et sommes transformés en une même image de la gloire à la gloire comme l’esprit de Dieu (apo Kurion pneumatos) qui dit « La Lumière brillera dans les ténèbres », a brillé dans nos coeurs afin de donner la lumière de la connaissance de la gloire de Dieu sur la face de Jésus Christ » (2 Corinthiens 3:7, 18 ; 4:6). Cette Gloire, kabhodh, était un feu visible (Exode 24:16 ; Ezéchiel 1:27, 10:4., Isaïe 10:16 où kabhodh est apparemment utilisé pour âme ou esprit dans l’homme, par exemple Genèse 49:6 ; Psaumes 7:5, Ps. 16:9.
Isaïe 10:16 est un passage très intéressant car nous y lisons qu’une maladie sera envoyée contre l’ennemi et sous sa « pompe ». Les mots hébreux sont רזון ותחת כבדו razon wetachat kevodo « une maladie consumante sous sa gloire ». Mais le feu fera disparaître cette maladie, le feu contre kabod est notre esh, אש. Genèse 49:6 6 « Mon âme, n’entre pas dans leur conseil secret ; ma gloire, ne t’unis pas à leur assemblée ! », alors qu’en hébreu on lit בסדם אל תבא נפשי, besodam al tabo’ napeshi, אל תחד כבדי, al techad kebodi). Le kabod, est l’âme humaine ! Et c’est bien cette traduction que nous donne Louis Second et ceci nous aide à comprendre qu’alors que Moïse était en Présence de la Gloire de Dieu sur le Sinaï, son âme fut régénérée, rafraîchie et pleine de l’énergie vitale, le kabod, de Dieu, c’est pourquoi son visage était radieux et radiant. Dieu est Lumière !
1 Jean 1:5 : Theos phos esti, «Dieu est Lumière ». Jean 8:12 ego eimi ho phos ho kosmos.
Christ dit aux hommes houto lampsato ho phos humon, « que votre lumière brille… » (Matthieu 5:16.).
Dans la Bénédiction de Moïse, nous lisons que IHVH «rayonna » et qu’« Il brilla du Mont Paran » (הפע מהר פרן זרח). Nous lisons également dans le Psaume Royal de la Bible que IHVH est la lumière du peuple et qu’Il illumine leurs ténèbres (כי אתה ארי יהוה אלהי יגה חשכי).
La Lumière est la Gloire de Dieu, sa Puissance mais elle est également partagée avec les hommes.
Les Ecritures sont claires, cette gloire est également partagée avec les Seraphim, les « êtres brûlants ».
Et, dans la Bible, nous lisons : « Car notre Dieu est un feu consumant » (Hébreux 12:29).
Et peut-être est-ce pourquoi il ne peut y avoir d’autre véhicule que des chariots de feu pour emmener Elie jusqu’aux Cieux. Et ici, il s’agit bien d’un feu réel et non symbolique.
רלב אש וסוסי אש esh wesusey esh, « un Chariot de feu et des chevaux de feu ».
En conclusion, si l’on doit admettre la métaphore dans les Ecritures, nous devons admettre également que parfois le scribe dit en mots clairs la réalité qui s’offre à lui. Ainsi, nos Seraphim ne sont pas d’un feu symbolique mais du feu de Dieu qui est bien physique. Et nous laissons ici la parole aux physiciens qui pourront mettre des équations sur cette intime conviction.
Les Seraphim, Spartakus FreeMann, avril 2002 – octobre 2003 e.v.