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Après la publication récente de son livre « Le Mystère de l’Église intérieure » (La Pierre Philosophale, 2016), Jean-Marc Vivenza vient d’accorder un « Entretien », disponible sur le blog des éditions La Pierre Philosophale, dans lequel il revient sur les principaux thèmes de son ouvrage. En raison de l’importance des sujets abordés et des développements qui sont effectués par l’auteur, nous portons à la connaissance de nos lecteurs ces propos absolument passionnants qui éclairent de façon remarquable de nombreux points fondamentaux : la théurgie des élus coëns, la voie selon l’interne d’après Saint-Martin, le Régime écossais rectifié, Origène, le dualisme, le statut ontologique du monde créé, la préexistence des âmes, la doctrine de la réintégration, la nouvelle naissance de l’homme, la nature de Dieu, etc.
ENTRETIEN INÉDIT SUR
« LE MYSTÈRE DE L’ÉGLISE INTÉRIEURE »
AVEC JEAN-MARC VIVENZA
(Octobre 2016)
– 1° Le mystère de l’église intérieure est-elle la praxis du martinisme ou de la Société des Indépendants, société imaginée par Louis-Claude de Saint-Martin ? Je m’explique les élus coëns pratiquaient la théurgie comme praxis « faute de mieux » écrira Martinès de Pasqually, Jean-Baptiste Willermoz de son côté préconisait la bienfaisance active, que faut-il en penser ?
Cette question appelle plusieurs précisions.
Tout d’abord «le mystère de l’église intérieure » n’est pas une « praxis » mais, comme son intitulé l’indique, un « mystère », ce qui est relativement différent, car ouvrant sur une connaissance, ou plus exactement une « révélation » vécue intérieurement en un mouvement d’authentique transformation substantielle, portant sur ce qu’il en est, en réalité effective, de la Divinité et de sa nature. C’est là, d’ailleurs, tout l’objet de la 3ème partie du livre qui a pour nom : « La naissance de la Divinité dans l’âme à partir du néant ». Il ne s’agit de ce fait, en aucun cas d’une « praxis martiniste », ou de la Société, dite des « Indépendants » ou des « Intimes » dont Saint-Martin se déclarait le fondateur [1] – bien qu’être membre de cette Société mystique c’est, bien évidemment, accueillir, se disposer et s’ouvrir à la possibilité d’un tel processus -, mais d’une « œuvre » se produisant dans le silence le plus profond de l’âme de certains êtres de désir, qui sont conduits et guidés, invisiblement, par des voies secrètes vers les régions célestes, sublimes et transcendantes, là où est dévoilée entièrement, en sa parfaite nudité essentielle, l’ultime Vérité.
Quant à la pratique qui donne accès à ce « mystère », elle est assez différente, pour le moins, entre Martinès de Pasqually, Jean-Baptiste Willermoz et Louis-Claude de Saint-Martin, ce dernier regardant en effet son premier maître, Martinès, comme en étant demeuré, dans la voie théurgique qu’il préconisait, à une initiation « selon les formes », critique plutôt sévère sous la plume du Philosophe Inconnu [2] qui ne mâcha pas ses mots lorsqu’il le jugea nécessaire [3], signifiant pour lui que pour réaliser notre « objet », ou la « grande affaire », il ne convient pas, et en aucun cas, de s’encombrer de méthodes inutiles, obsolètes et même « dangereuses » comme l’est la théurgie qui peut même « augmenter les maux de l’homme » [4], mais, tout au contraire, d’engager un dépouillement absolu de l’âme afin de parvenir à la contemplation du Divin, et de cette contemplation, réalisée en mode subtil, faire naître le Divin en nous.
Telle est la voie exposée par Saint-Martin, et non une autre, c’est celle qu’il décrivit dans l’ensemble de ses ouvrages, ceci avec une rare constance ; y être fidèle, être fidèle à cette voie « selon l’interne », c’est donc être fidèle, non seulement à Saint-Martin évidemment, mais surtout à ce que l’homme se doit d’accomplir, ontologiquement, depuis les origines, époque où s’étant écarté du sentier qui le relie avec l’éternité il a été réduit en une existence grégaire, ayant anéanti ses facultés.
S’écarter de cette voie de « réintégration », c’est donc rejoindre, pour de vains motifs, où se conjuguent le plus souvent comme depuis l’aube des temps, l’aveuglement volontaire et l’orgueil, le royaume des ombres dominé, selon l’expression du Philosophe Inconnu, par le « principe de ténèbres » [5].
– 2° Je vous cite : « Maître Eckhart fit intervenir une idée vraiment novatrice, développant ses vues audacieuses à partir de ce qu’il nommera « les deux néants », à savoir celui de Dieu, en tant que néant originel et fondateur qui n’est rien de ce qui est, et le « non-être », celui dont est tiré l’homme, un second « néant » en tant que possibilité infinie à l’intérieur de laquelle le Créateur décide de faire surgir les êtres créés à partir de rien : ex nihilo [6].» Le sens de la vie et de la mystique est donc rien moins, dans la conception « ex nihilo », que de conduire l’homme, dans un progrès continu, du néant à la condition divine. N’est-ce pas antinomique avec la notion de chute portée et revendiquée par le Régime écossais rectifié par exemple ? Dans la conception religieuse « ex deo » le mouvement n’est-il pas différent, n’est-il pas, non plus ascendant mais descendant ? Qu’en pensez-vous ?
Nous sommes ici, avec Maître Eckhart, dont il est fait allusion, dans un registre métaphysique qu’il convient de bien comprendre sous peine de s’égarer grandement, en confondant les niveaux d’où s’exprime ce discours.
Qu’est-ce au fond que la perspective de « divinisation » eckhartienne, dont hérite Saint-Martin – cette notion ne se trouvant pas chez Martinès qui reste totalement distant sur ce sujet, et observe un total mutisme à son égard -, par l’intermédiaire de Jacob Boehme, son second maître du point de vue de la chronologie mais le premier selon l’Esprit ?
Il s’agit tout simplement, si l’on peut dire, de l’engendrement de la Divinité dans l’âme, et il est ici question, dans la problématique soulevée, certes d’une naissance, mais pas n’importe laquelle, car c’est celle, extraordinaire s’il en est, de l’Être divin Lui-même ! Un Être divin considéré, théoriquement sur le plan théologique, comme incréé, non-né, éternel. Or, dans ce cadre ontologique, cet Être ne possède son être qu’à partir de son avènement dans et par l’âme de l’homme ; il est dépris de lui-même et séjourne dans l’absence d’une absolue pauvreté existentielle, car il « n’existe pas » ; l’Être n’étant rien de ce qui est, il est un pur néant, un « Non-Être ». C’est un changement prodigieux par rapport au discours de la scolastique et de la théologie classique. On ne mesure donc pas réellement ce que cette proposition possède comme aspect radicalement renversant, car il y a là la rencontre entre deux « néants », le « Néant suressentiel » en attente de sa révélation, et le « néant » de la créature, portant, mais en potentialité, la responsabilité de la génération du Verbe. Nous sommes ainsi en présence d’un mouvement dialectique, d’un « vortex » suressentiel, qui n’est plus ni ascendant ni descendant, ou pour le dire autrement ni « transcendant », ni « immanent », mais « méta-ontologique », puisqu’il participe d’une ontologie en mode négatif, c’est-à-dire d’une « ontologie négative ».
C’est pourquoi, en raison du rôle majeur de l’esprit dans l’engendrement de la Divinité, Saint-Martin est fondé lorsqu’il affirme : « tout tient à l’esprit, et tout correspond à l’esprit » (Le Ministère de l’homme-esprit, 1èrePart., « De la nature »), car sans cet « esprit » qui est un intermédiaire existentiel, un authentique « médium », il n’y aurait rien, rien de manifesté, rien de connu ni rien de révélé, le Divin subsisterait dans le Non-Être suressentiel en quoi il a son séjour depuis toujours et pour toujours. Ceci impliquant que sans « l’Esprit », Dieu n’existerait pas.
De la sorte, comme exprimé dans le Mystère de l’Église intérieure : « L’esprit de l’homme, en tant que « médium », est donc un lieu de passage, un germe et une sève par lesquels les régions divines et la Divinité elle-même, traversent l’écran des ténèbres matérielles assimilables au « non-être », afin que, par cette entrée – par, et dans le « non-être » -, elles surgissent dans l’être, et c’est en ce lieu négatif, quoique en un mode paradoxal puisque le visible y relève de la nuit et la nuit de la lumière invisible, et en nul autre, que s’effectue la génération du Verbe en une sorte de vertigineux et déroutant mode d’anéantissement …[7]»
– 3° Vous écrivez dans l’appendice traitant de la préexistence des âmes : « Cette « émanation » qui s’est déroulée « avant le temps » (Traité, 1), représente donc un acte correspondant à ce que les théologiens de l’Église entendent, et condamnent, sous le nom de « préexistence des âmes », soit une génération ayant été effectuée avant qu’Adam ne soit précipité dans un corps de matière, faisant que le mineur spirituel est un être éternel de par son caractère d’être spirituel [8].» N’est-ce pas toute la différence entre ces deux conceptions « ex nihilo » et « ex deo » ? En privilégiant l’aspect « ex deo » ? Même si les frontières entre ces deux conceptions ne sont pas si tranchées, l’Église n’a-t-elle pas perdu l’Esprit ou pour le moins confondu avec l’âme ? Cette vision dualiste (corps-âme) partagée par Willermoz dans son « Traité des deux natures » n’est-elle pas obsolète aujourd’hui ?
La théorie de l’émanation, soutenue par Martinès de Pasqually, s’inscrit, bien qu’en lui apportant des lumières singulières, dans le discours théologique de la Cause transcendante, c’est-à-dire un discours qui pose, à l’origine et au principe de tout, un Dieu créateur possédant les caractères propres à son essence, soit l’éternité, l’omnipotence et l’omniscience.
Dans ce cadre théorique, Dieu crée en effet toutes choses « ex-nihilo », c’est-à-dire à partir de rien d’existant auparavant (et non à partir d’un « rien substantiel »), et leur confère l’être, un être qui est donné et reçu. C’est ce qui est exprimé dès les premières lignes du Traité sur la réintégration des êtres : « Avant le temps, Dieu émana des êtres spirituels, pour sa propre gloire, dans son immensité divine. » (Traité, § 1).
Mais il y a chez Martinès un élément novateur, ou du moins très différent de l’enseignement de l’Église depuis la condamnation des thèses d’Origène au VIème siècle [9], qui tient à la notion de « nécessité », ce qui en fait une thèse inacceptable pour les docteurs, théologiens et les pères, en ce sens que cette « nécessité » implique une contrainte subie de la part de Dieu, qui se serait vu, au commencement des temps, dans l’obligation de créer le monde matériel pour y emprisonner les esprits rebelles : «Ces premiers esprits ayant conçu leur pensée criminelle, le Créateur fit force de lois sur son immutabilité en créant cet univers physique en apparence de forme matérielle, pour être le lieu fixe où ces esprits pervers auraient à agir et à exercer en privation toute leur malice. » (Traité, § 6). Dieu, qui fait « force de lois sur son immutabilité en créant cet univers physique », est donc victime, en quelque sorte, de sa propre création ; une révolte ayant éclaté au sein de l’immensité divine, il lui est devenu « nécessaire », en faisant « force de lois sur lui-même », c’est-à-dire par contrainte et en allant contre ses plans, d’ordonner la constitution d’une « matière » ayant fonction d’être un cachot dans lequel les esprits rebelles expient leur faute.
Ce monde matériel, de par son origine contrainte ou « nécessaire », est donc qualifié par Martinès « d’apparent », ce qui renforce plus encore l’éloignement par rapport aux positions ecclésiales, car c’est que ce qui est dit « apparent » ne signifie pas seulement inexistant ou irréel, mais est synonyme dans la langue de Pasqually de « créé », et en ce qui concerne la matière, créée de façon imparfaite, impure et souillée « puisqu’elle est le fruit de l’opération d’une volonté mauvaise » (Traité, § 30), produite, qui plus est, non directement par Dieu, mais par des esprits inférieurs agissant sur ordre du Créateur pour former les corps à partir des trois essences spiritueuses : « les esprits inférieurs, ayant reçu l’ordre du Créateur pour la construction de l’univers, ainsi que l’image de la forme apparente qu’il devait avoir, produisirent d’eux-mêmes les trois essences fondamentales de tous les corps, avec lesquels ils formèrent le temple universel (…) des esprits inférieurs producteurs des trois essences spiritueuses d’où sont provenues toutes les formes corporelles » (Traité, § 256).
On est donc dans un climat théorique, propre à celui de la doctrine de la réintégration, extrêmement différent de ce qu’enseignent toutes les Églises au sujet de la création du monde, cette « nécessité » sur laquelle insista d’ailleurs fortement Origène, étant violemment rejetée depuis le VIèmesiècle par tous les conciles et la dogmatique de l’ensemble des confessions chrétiennes.
Il y a donc bien une distance observée à l’égard du monde, tant chez Martinès que ses deux principaux disciples : Willermoz et Saint-Martin, qui tiennent exactement les mêmes propos et affirment des thèses absolument identiques concernant le monde matériel créé sous contrainte « nécessaire », à savoir que sans prévarication des esprits rebelles il n’y aurait jamais eu de Création ni même d’homme, et ce point est en contradiction absolue, ceci rappelé encore une fois, d’avec la conception de la Création selon le dogme de l’Église pour lequel la Création n’est pas une conséquence de la Chute, mais un don d’amour, l’expression d’une générosité diffusive, un témoignage de pure Charité. Avec Martinès la tonalité est de ce fait tout autre, radicalement autre même comme on peut en juger : « Sans cette première prévarication, aucun changement ne serait survenu à la création spirituelle, il n’y aurait eu aucune émancipation d’esprits hors de l’immensité, il n’y aurait eu aucune création de borne divine, soit surcéleste, soit céleste, soit terrestre, ni aucun esprit envoyé pour actionner dans les différentes parties de la création. Tu ne peux douter de tout ceci, puisque les esprits mineurs ternaires n’auraient jamais quitté la place qu’ils occupaient dans l’immensité divine, pour opérer la formation d’un univers matériel. Par conséquent, Israël, les mineurs hommes n’auraient jamais été possesseurs de cette place et n’auraient point été émanés de leur première demeure ou, s’il avait plu au Créateur de les émaner de son sein, ils n’auraient jamais reçu toutes les actions et les facultés puissantes dont ils ont été revêtus de préférence à tout être spirituel divin émané avant eux. » (Traité, § 237).
Cette vision séparant ainsi avec vigueur le corps de matière dégradée, de l’âme émanée, partagée par Willermoz dans son « Traité des deux natures», peut-elle être qualifiée de dualiste ?
D’une certaine manière incontestablement, et il faut répondre par l’affirmative, elle est même l’expression en terrain initiatique, d’un origénisme dont on sait qu’il influença grandement, plus tard, le dualisme médiéval [10].
D’autre part cette vision, me dites-vous, n’est-elle pas obsolète aujourd’hui ?
Mais pour quelle raison le serait-elle ?
Les thèses d’Origène, comme celles de Pasqually, n’ont pas vocation à « évoluer » avec l’Histoire, elles n’ont pas à être « amendées », « contrariées » ou « enrichies », elles sont l’expression d’une position métaphysique qui n’est pas soumise aux vicissitudes et caprices du temps, mais qui participe d’un enseignement, désigné comme sacré par Willermoz dans ses Instructions, et dont il affirme qu’il fut dispensé, en tant que « sainte doctrine » depuis Moïse [11], enseignement que connut parfaitement le christianisme primitif. Elles exigent donc ces thèses, notamment dans un cadre initiatique dont la fonction est de leur servir d’écrin et de conservatoire protecteur, d’être certes étudiées, approfondies et méditées, mais aussi et surtout respectées en fidélité. Ce rappel insistant au respect et à la fidélité est d’ailleurs, tout le sens de mon travail théorique depuis plusieurs années.
– 4° Votre ouvrage La doctrine de la réintégration des êtres publié aux éditions La Pierre Philosophale en 2012, éclaire d’un jour nouveau cette approche de la création du monde selon Origène. Essayons peut-être d’aller un peu plus loin en votre compagnie. En effet, il existe une différence entre « chute » et « création » selon Origène. C’est en commentant la parole du Christ, citée par l’évangile de saint Jean : « Vous êtes d’en bas (katô), moi je suis d’en haut(anô) » (Jean, VIII, 23), qu’Origène va être amené à préciser le sens de katabolè. Mais comment peut-il y avoir un lien avec « l’en haut », si ce monde dans lequel nous nous trouvons est une création consécutive à une chute(katabolè) ?
Permettez-moi, au préalable, afin d’en situer le contexte, de dire quelques mots à propos de ce qui a motivé la rédaction de La doctrine de la réintégration des êtres en 2012. Ma décision participe du constat de la situation très préoccupante dans laquelle se trouvait la doctrine dont le Régime rectifié est le dépositaire dans de nombreuses structures initiatiques dans lesquelles on constatait, et l’on constate encore, un net désintérêt, un oubli, une ignorance, voire même un profond rejet ou une vigoureuse hostilité à l’égard d’un enseignement pourtant intrinsèquement lié à l’héritage willermozien. Mais, plus inquiétante encore, était, et demeure, la tendance – celle-là même qui conduisit à la décision d’aller jusqu’à modifier en son essence l’organisation fondée par Camille Savoire lors du réveil du Régime en France en 1935 en la transformant, au nom du concept de « franc-maçonnerie chrétienne », en une obédience « constituée » (sic) de plusieurs rites et coiffée d’une « aumônerie » (re-sic) -, affirmant trouver une parfaite « harmonie » entre les thèses de Willermoz et les dogmes de l’Église alors que le Rectifié professe, de façon implicite dans les Instructions destinées à tous les grades, et de façon explicite dans les Instructions secrètes de sa classe dite « non-ostensible », des thèses condamnées par l’Église et ses conciles, qui soutiennent la nature purement spirituelle d’Adam avant la chute, la création du monde décidée « nécessairement » en raison d’une contrainte imposée (la « cause occasionnelle ») – qui plus est effectuée non par Dieu mais par des esprits intermédiaires -, l’emprisonnement dans un corps de matière de l’homme en conséquence de sa prévarication, la vocation à la dissolution des éléments de l’Univers créé lors de la fin des temps, la résurrection incorporelle du Christ et la destination immatérielle des créatures dans l’éternité [12].
Revenons à votre question, portant sur le comment du lien entre « l’en haut » et la création consécutive à une chute, c’est-à-dire « l’en-bas » ?
Les affirmations soutenues par Origène, au sujet d’une création du monde pensée comme une « chute », provient de son examen de la formule utilisée par les évangélistes lorsqu’ils évoquent la « fondation du monde » (Matthieu, XIII, 25 ; XXV, 34 ; Luc XI, 50 ; Jean, VIII, 23 ; XVII, 24),formule reprise ensuite par saint Paul dans ses Épîtres, qui désigne bien une « descente », une dégradation, remarquant qu’était employé le terme καταβολή (katabolè), provenant du verbe καταβάλλω (kattaballô), c’est-à-dire l’action de « jeter de haut en bas » pour parler de la création du monde matériel. Origène en déduisit que cela ne provenait pas d’un contresens de leur part, mais bien d’une nette volonté de nous indiquer le caractère descendant du geste créateur, alors même qu’il eût été possible, et normal en pareille circonstance, d’utiliser le terme kτίσις (ktisis), signifiant positivement « Création » au sens plénier et originel. Ainsi donc, Origène en est arrivé à considérer, sans doute nourri et influencé par les thèses des écoles néo-platoniciennes qui dominaient à Alexandrie en son temps, que ce monde matériel avait été la conséquence d’une « chute », celles des âmes qui, par leur faute, ont mérité d’être précipitées et incorporées en des formes matérielles, comme il l’explique dans le Péri Archon, qu’il n’est jamais inutile de citer : « S’il en est ainsi, sont descendues de haut en bas non seulement les âmes qui l’ont mérité par leurs mouvements divers, mais encore celles qui pour servir ce monde ont été menées, bien que ne le voulant pas, de ces réalités-là, supérieures et invisibles, à ces réalités-ci, inférieures et visibles […] pour ces âmes qui, à cause des trop grandes défaillances de leurs intelligences, eurent besoin de ces corps plus épais et plus solides, et en vue de ceux à qui cela était nécessaire, ce monde visible a été institué. À cause de cela, par la signification de ce mot katabolè (καταβολή) est indiquée la descente de tous du haut en bas [13].» Est-ce que cette situation, celle d’un monde dans lequel nous nous trouvons consécutif à une dégradation, à une « chute » des âmes précipitées d’un état spirituel en des formes matérielles corruptibles, rend encore possible un lien entre le haut et le bas, sachant que le Christ fit cette solennelle déclaration : «Vous êtes d’en bas (katô), moi je suis d’en haut (anô) » (Jean, VIII, 23) ?
Du point de vue mondain, certes non, aucun lien n’est possible, ni envisageable, entre le corruptible et l’incorruptible. Ce qui est de l’ordre de la chair est voué à la mort et au néant !
Ces deux ordres, celui de l’esprit et celui de la chair, sont absolument antithétiques de par leur origine totalement différente, l’ordre de l’esprit est « d’en haut », l’ordre de la chair est « d’en bas », c’est pourquoi il y a deux origines distinctes et opposées [14], à quoi correspond deux naissances différentes : « Ce qui est né de l’Esprit est esprit, ce qui est né de la chair est chair » (Jean III, 6).
Toutefois, la réponse se trouve ici.
La seule manière de « communiquer », d’établir un « lien » entre le « haut » et le « bas », est de se faire Esprit ; de naître « en l’Esprit », de « faire place à l’Esprit » comme nous y invite Saint-Martin.
Le dialogue du Christ avec Nicodème, déjà brièvement évoqué par la citation de saint Jean, est essentiel de ce point de vue : « Il y avait un homme d’entre les pharisiens, nommé Nicodème, sénateur des Juifs, qui vint la nuit trouver Jésus, et lui dit : Maître ! nous savons que vous êtes venu de la part de Dieu pour nous instruire, comme un docteur : car personne ne saurait faire les miracles que vous faites, si Dieu n’est avec lui. Jésus lui répondit : ‘‘En vérité, en vérité je vous le dis : personne ne peut voir le royaume de Dieu, s’il ne naît de nouveau’’. Nicodème lui dit : ‘‘Comment peut naître un homme qui est déjà vieux ? Peut-il rentrer dans le sein de sa mère, pour naître une seconde fois ?’’ Jésus lui répondit : ‘‘En vérité, en vérité je vous le dis : si un homme ne renaît de l’eau et du Saint-Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair, est chair ; et ce qui est né de l’Esprit, est esprit. Ne vous étonnez pas de ce que je vous ai dit, qu’il faut que vous naissiez de nouveau. L’Esprit souffle où il veut, et vous entendez sa voix : mais vous ne savez d’où il vient, ni où il va : il en est de même de tout homme qui est né de l’Esprit’’. » (Jean III, 1-8).
Or cette « renaissance », est la véritable naissance, une μετάνοια (métanoïa), une mutation, ou plus exactement une « transmutation » qui doit être réalisée par des purifications successives, par un engendrement essentiel de notre « Esprit », que Saint-Martin nomme « Être intellectuel » : « Notre Être intellectuel lui-même, dans son état présent, est une espèce d’insecte, relativement aux êtres à qui la corruption et le temps ne sont pas connus. Car, quoiqu’il ait reçu avec l’émanation le complément de son existence, il est assujetti, depuis sa chute, à une transmutation continuelle de différents états successifs, avant d’arriver à son terme. » (Le Tableau naturel, § VIII). Cette « transmutation » par purifications successives, une « transmutation » s’effectuant sur le plan spirituel, se produit dans le fond de l’âme (abditus mentis), là où la Divinité s’engendre elle-même, dans le mystère secret du silence intérieur par lequel, dans une « opération » invisible, le divin procède à son engendrement : « Dieu opère dans l’âme sans aucun intermédiaire – image ou ressemblance – mais bien dans le fond, là où jamais ne pénétra aucune image que Lui-même, en son Être propre. Cela, aucune créature ne peut le faire […] Il l’engendre exactement de la même manière qu’Il l’engendre dans l’éternité, ni plus ni moins [15].»
On le voit, si l’âme, dépositaire d’une essence unique et incréée en raison de son émanation, parvient jusqu’à l’origine même d’où provient le premier commencement, alors elle peut devenir, en acte ce qu’elle était en puissance seulement, soit la pierre fondamentale d’où surgit en son « aurore naissante » la Divinité, et dès lors, la communion entre ce qui est « en haut » et ce qui est « en bas », peut s’accomplir, en mode spirituel pur.
On notera d’ailleurs, que c’est sur cette « pierre » secrète où la Divinité est née, que reposent les sept colonnes de l’Église intérieure : « ‘‘Faites place à l’Esprit’’ […] Comment cette Église serait-elle renversée ? Ses sept colonnes reposent sur la sainteté, et elles s’élèvent jusque dans la demeure du Très-Haut ; là elles puisent continuellement la sève divine, et la rapportent jusqu’aux saints fondements du temple. » (Le Nouvel homme, § 14).
Dès lors, dans ce règne de « l’Esprit », se comprend aisément ce qu’Origène soutient dans le Péri Archon concernant le caractère finalement similaire et identique des différentes époques transitoires pour les âmes, que ce soit « ici-bas » ou « au-delà » les régions étant entièrement transcendées en ce domaine, formant, de manière constante en mode d’invisibilité dans l’ordre des vérités surnaturelles, un unique instant ontologique dans lequel jamais rien ne fut, jamais rien n’est advenu, et jamais rien ne cessera au sein l’éternité incréée : « Et si le commencement qu’elles ont eu est pareil à la fin qu’elles espèrent, elles furent déjà sans aucun doute, dès le début, dans les réalités qu’on ne voit pas et qui sont éternelles [16].»
– 5° En début d’entretien, nous avons évoqué la praxis des élus coëns, puis celle de l’Église intérieure, que vous développez longuement dans ce nouvel ouvrage «Le mystère de l’Église intérieure », et dont vous venez de nous éclairer l’un des points essentiels, mais pourrions-nous évoquer celle des membres du Régime rectifié ? Par ailleurs, est-ce que la classe des Profès prépare à la théurgie ? Le RER serait-il l’antichambre, soit des élus coëns, soit du martinisme ?
Que les choses soient bien claires. Le caractère « opératoire » du Régime rectifié relève d’une méthodologie originale qui n’est ni celle des élus coëns, ni celle des disciples de Saint-Martin, et c’est pourquoi, le Rectifié n’est l’antichambre de quoi que ce soit, si ce n’est rien d’autre que de lui-même ; le Régime est parfaitement autonome et entièrement autosuffisant, mais encore convient-il qu’il soit pratiqué authentiquement pour délivrer à ceux qui en sont membres toute l’extraordinaire potentialité initiatique dont il est le détenteur de par l’Histoire.
On sait la prévention du Philosophe Inconnu pour les associations humaines [17], alors qu’au contraire Willermoz, voyant précisément la faiblesse constitutive des hommes, croyait que des cadres structurants leur étaient nécessaires pour s’élever vers l’Unité. Le premier nous lègue, par sa théosophie, une voie d’accès à la Divinité à mettre en œuvre dans le « fond de l’âme », voie pratiquée par des solitaires formant la « Société des Intimes », dans le silence et la prière. Le second un système fortement hiérarchisé, maçonnique et chevaleresque, fondé sur un enseignement doctrinal qui est délivré par des Instructions, spécifiques à chacun des grades de l’Ordre.
Ainsi Jean-Baptiste Willermoz, observant une grande fidélité à l’égard de l’enseignement de Martinès de Pasqually, propose une œuvre de régénération en quatre temps : « expiation », « purification », « réconciliation » et « sanctification », suivant quasiment pas à pas les différentes étapes qui virent Adam être dépossédé de son état glorieux, puis expulsé de l’Éden pour venir endurer en ce monde ténébreux l’éprouvante douleur d’un exil, ce qui lui vaudra, de par une pénible épreuve (« expiation »), tout d’abord subie (« purification ») mais que tout homme aura la nécessité d’accepter (« réconciliation » ), et de mettre en œuvre (« sanctification »), ceci afin de bénéficier de la grâce salvatrice du Divin Réparateur offerte depuis le Calvaire, gratuitement et librement, à toute créature désireuse de retrouver, par la foi, le chemin qui conduit à l’Être éternel.
Préservant l’héritage de Martinès de Pasqually, son incontestable maître dans le domaine de l’initiation, bien qu’il en corrigea nettement les conceptions sur deux points essentiels touchant à la Trinité et à la double nature du Christ, Willermoz confia la mission de conserver dans toute son intégrité la doctrine de la réintégration aux membres participant des ultimes niveaux de son Ordre, c’est-à-dire aux frères introduits dans les classes secrètes de la Profession, et institua une sorte de cénacle à l’intérieur de l’Ordre, par delà le dernier grade dit « ostensible » de Chevalier Bienfaisant de la Cité Sainte, cénacle qui fut le cœur caché et voilé du Régime, et dont le devoir était de rigoureusement veiller aux fondements essentiels de la doctrine, d’en approfondir les éléments, d’en répandre doucement et avec pédagogie les principes et, surtout, tâche première et essentielle, d’en conserver le dépôt intact ce qui défini d’ailleurs dans ses devoirs et sa fonction supérieure, le rôle précis du « Haut et Saint Ordre » [18].
L’Ordre des Chevaliers Bienfaisants de la Cité Sainte, sera ainsi conçu pour être l’écrin de « l’Ordre mystérieux » qui est l’essence même du Régime rectifié, sa substance intérieure secrète. Ses travaux se dérouleront dans l’invisible et auront pour objet de se consacrer à l’étude et à la conservation de la doctrine de la réintégration dont il est le dépositaire, doctrine sacrée qui a un but essentiel et très élevé que peu d’hommes sont dignes de connaître ; Willermoz écrira du « Haut et Saint Ordre » :« Son origine est si reculée, qu’elle se perd dans la nuit des siècles ; tout ce que peut l’institution maçonnique, c’est d’aider à remonter jusqu’à cet Ordre primitif, qu’on doit regarder comme le principe de la franc-maçonnerie ; c’est une source précieuse, ignorée de la multitude, mais qui ne saurait être perdue : l’un est la Chose même, l’autre n’est que le moyen d’y atteindre. [19]»
« Certes toute la création porte en elle l’espoir de la liberté, afin d’être libérée de la servitude de la corruption, lorsque les fils de Dieu, qui sont tombés ou ont été dispersés, seront rassemblés dans l’unité, ou lorsqu’ils auront accompli dans ce monde toutes les autres missions que connaît seul Dieu, artisan de l’univers. »
Origène, Traité des Principes.
« Ton Être intellectuel [est] le véritable temple ; les flambeaux qui le doivent éclairer sont les lumières de la pensée qui l’environnent… le sacrificateur c’est ta confiance… les parfums et les offrandes, c’est [ta] prière, c’est [ton] désir et [ton] autel pour le règne de l’exclusive unité. »
Saint-Martin, Le Tableau naturel.
Le mystère de l’Église intérieure
ou la « naissance » de Dieu dans l’âme
Le cœur métaphysique et ontologique de la doctrine saint-martiniste
Notes.
[1] « C’est cette Société que je vous annonce comme étant la seule de la terre qui soit une image réelle de la société divine, et dont je vous préviens que je suis le fondateur. » (Louis-Claude de Saint-Martin, Le Crocodile, Chant 91).
[2] « Je ne regarde tout ce qui tient à ces voies extérieures que comme les préludes de notre œuvre, car notre être, étant central, doit trouver dans le centre où il est né tous les secours nécessaires son existence (…) je me suis senti de tout temps un si grand penchant pour la voie intime et secrète, que cette voie extérieure ne m’a pas autrement séduit, même dans ma plus grande jeunesse ; car c’est à l’âge de vingt-trois ans que l’on m’avait tout ouvert sur cela aussi, au milieu de choses si attrayantes pour d’autres, au milieu des moyens, des formules et des préparatifs de tout genre, auxquels on nous livrait, il m’est arrivé plusieurs fois de dire à notre maître : Comment, maître, il faut tout cela pour le bon Dieu ? et la preuve que tout cela n’était que du remplacement, c’est que le maître nous répondait : Il faut bien se contenter de ce que l’on a….» (L.-C. de Saint-Martin, Lettre à Nicolas Antoine Kirchberger du 12 juillet 1792, baron de Liebisdorf publiée par MM. Schauer et Alp.Chuquet, in Correspondance inédite de Louis-Claude de Saint-Martin, Paris, Dentu, 1862, p. 15).
[3] « …toutes les sciences que Don Martinès nous a léguées sont pleines d’incertitudes et de dangers, ce que nous avons est trop compliqué et ne peut être qu’inutile et dangereux, puisqu’il n’y a que le simple de sûr et d’indispensable… » (Saint-Martin aux coëns du Temple de Versailles, Lettre de Salzac, mars 1778).
[4] « Ces établissements (mon ancienne école ou à une autre) servent quelquefois à mitiger les maux de l’homme, plus souvent à les augmenter, et jamais à les guérir…. ceux qui y enseignent ne le font qu’en montrant des faits merveilleux ou en exigeant la soumission. » (Extrait du recueil de correspondance de Saint-Martin, avec MM. Maglasson, De Gérando, Maubach, etc., appartenant à M. Munier, lettre du 5 août 1798).
[5] « Dans les unes [c.a.d. les voies secrètes et dangereuses], ce principe de ténèbres ne forme que de légères taches, qui sont comme imperceptibles et qui sont absorbées par la surabondance des clartés qui les balancent ; dans les autres, il y porte assez d’infection pour qu’elle y surpasse l’élément pur. Dans d’autres, enfin, il établit tellement sa domination, qu’il devient le seul chef et le seul administrateur. » (Ecce Homo, § 4).
[6] Le mystère de l’Église intérieure, La Pierre Philosophale, 2016, p. 107.
[7] Ibid., p. 115-116.
[8] Ibid., p. 207. « Toute forme corporelle est toujours un chaos à l’âme spirituelle divine, parce que cette forme de matière ne peut recevoir la communication de l’intellect spirituel divin, n’étant en elle-même qu’un être apparent. Le mineur, au contraire, par son émanation, est susceptible de recevoir, à chaque instant, cette communication, parce que c’est un être éternel. » (Traité, 124).
[9] Second concile de Constantinople (553).
[10] M. Dando, De Origène aux Cathares, Cahiers d’Études Cathares, XXIXe année, IIe série n° 79, Automne 1978.
[11] « La doctrine […] n’est point un système hasardé arrangé comme tant d’autres suivant des opinions humaines ; elle remonte… jusqu’à Moïse qui la connut dans toute sa pureté et fut choisi par Dieu pour la faire connaître au petit nombre des initiés, qui furent les principaux chefs des grandes familles du Peuple élu, auxquels il reçut ordre de la transmettre pour en perpétuer la connaissance dans toute sa vérité… Les Instructions sont un extrait fidèle de cette Sainte Doctrine parvenue d’âge en âge par l’Initiation jusqu’à nous […] La forme de cette Instruction a quelquefois varié selon les temps et les circonstances, mais le fond, qui est invariable, est toujours resté le même. Recevez-la donc avec un juste sentiment de reconnaissance et méditez-en la doctrine sans préjugé avec ce respect religieux que l’homme dignement préparé peut devoir à ce qui l’instruit et l’éclaire. » (Jean-Baptiste Willermoz, Statuts et Règlement de l’Ordre des G. P., Ms 5.475, BM Lyon).
[12] Les vives réactions observées, qui déclenchèrent un conflit ouvert au sein du Grand Prieuré des Gaules dont j’étais, à cette époque, le Porte-parole officiel depuis huit années, ceci même avant l’édition de La doctrine de la réintégration des êtres – fait exceptionnel livre critiqué (et ses positions condamnées), avant même d’être publié -, c’est-à-dire dès le mois de mai 2012 lors de la mise en ligne d’une analyse intitulée : « Le Régime Écossais Rectifié et la doctrine de la matière – Jean-Baptiste Willermoz et la corruption de la nature de l’homme, Éclaircissements à propos de la distinction entre « l’ordre de la chair » et « l’ordre de l’esprit » (*), me firent comprendre que le problème était tout à fait sérieux, nécessitant que soient rappelés, clairement, les fondements des thèses willermoziennes, et engagé un vrai travail de retour à la doctrine du Régime rectifié.
[13] Origène, Traité des Principes, Livre III, 8e traité, III, 5-6.
[14] « …..l’Esprit contre la chair ; ces choses sont opposées l’une à l’autre… » (Galates V, 16-17).
[15] Maître Eckhart, Sur la naissance de Dieu dans l’âme, trad. Gérard Pfister, Arfuyen, 2004, pp. 45-46.
[16] Origène, op.cit.
[17] « L’unité ne se trouve guère dans les associations elle ne se trouve que dans notre jonction individuelle avec Dieu. Ce n’est qu’après qu’elle est faite que nous nous trouvons naturellement les frères les uns des autres. » (Portrait, § 1137).
[18] Le Régime Écossais Rectifié et son Ordre des Chevaliers Bienfaisants de la Cité Sainte sont porteurs d’une base spirituelle et d’un héritage historique issus des enseignements de Martinès de Pasqually, participant d’une incontestable et directe filiation dont la Grande Profession fut détentrice de par les éléments propres qui y furent déposés par Jean-Baptiste Willermoz, lui-même, ne l’oublions pas, détenteur en tant que Réau+Croix, de l’intégralité de la transmission des élus coëns.
[19] Bibliothèque Municipale de Lyon, Instruction pour le grade d’Écuyer Novice, ms 1778.