Comme le rapporte RT », une vidéo diffusée par l'agence d'info kurde syrienne ANHA  et obtenu par Ruptly montre les bâtiments endommagés et les gens se précipitant pour prendre soin des blessés dans le village de Maryamayn près de la ville d'Afrin"

 

La Turquie a plaidé mardi pour une intervention militaire terrestre en Syrie avec ses alliés, rendant encore un peu plus improbable une trêve, censée entrer en vigueur cette semaine. Pour sa part, l'émissaire de l'Onu pour la Syrie Staffan de Mistura a obtenu mardi du gouvernement syrien l'autorisation d'envoyer dans les prochains jours des convois humanitaires dans sept villes assiégées où les populations vivent dans des conditions dramatiques.

Mardi soir, au moins quinze civils ont par ailleurs été tués dans des frappes de la coalition internationale conduite par les Etats-Unis contre une ville du nord-est de la Syrie contrôlée par le groupe jihadiste Etat islamique (EI), selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). La France, la Grande-Bretagne mais aussi, entre autres, les Pays-Bas et la Turquie font partie de cette coalition réunie pour lutter contre l'EI au moyen de bombardements aériens.

"Nous voulons une opération terrestre avec nos alliés internationaux", a déclaré mardi à la presse un responsable turc qui s'exprimait sous couvert de l'anonymat, précisant toutefois: il "n'y aura pas d'opération militaire unilatérale de la Turquie". Une telle intervention doit viser "tous les groupes terroristes en Syrie", a-t-il ajouté, citant l'EI mais aussi les forces du régime de Damas et les milices kurdes des Unités de protection du peuple (YPG). Samedi, la Turquie avait déclaré qu'elle pourrait, avec l'Arabie saoudite, un autre membre de la coalition, mener une intervention terrestre contre l'EI en Syrie.

L'Iran, allié de poids de Damas, a averti mardi que le déploiement de troupes saoudiennes violerait "le droit international". Le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah a, lui, accusé la Turquie et l'Arabie saoudite d'entraîner la région dans une guerre et promis la "victoire" de ses troupes qui combattent aux côtés du régime du président syrien Bachar el-Assad.

(Lire aussi : « Si la Turquie entre en Syrie, il lui faudra éviter à la fois les Russes et les Américains »)

 

"Barbares et lâches" Le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu a de son côté dénoncé une nouvelle fois les bombardements aériens russes en Syrie qu'il a qualifiés de "barbares" et "lâches". Lundi, l'OSDH a fait état de bombardements "probablement russes" visant des écoles et des hôpitaux dans le nord du pays et qui ont fait selon l'Onu près de 50 morts civils dont des enfants. Selon un dernier bilan, le raid contre un hôpital soutenu par Médecins sans Frontières à Maaret al-Noomane, à 280 km au nord de Damas, a fait onze victimes, dont cinq patients parmi lesquels un enfant.

Ces frappes ont été vivement condamnées par la communauté internationale et le président du Conseil européen Donald Tusk a estimé mardi qu'elles laissaient "peu d'espoir" pour la paix en Syrie. Le Kremlin, qui a "démenti catégoriquement" les accusations de bombardements sur des hôpitaux, a dénoncé en revanche les "actions agressives" de la Turquie en Syrie.

Alors que les combats ne connaissent aucun répit et que la situation humanitaire empire, l'émissaire de l'Onu Staffan de Mistura a décroché un feu vert pour la livraison d'aide dans sept villes assiégées, quatre par les forces du régime Assad, trois par les rebelles et une par les jihadistes de l'EI. Plus d'un million de personnes vivent avec "un risque accru de décès" à cause du manque de nourriture, d'électricité et d'eau courante dans 46 localités encerclées, selon l'Onu.

Pour tenter de mettre un terme à un conflit qui entre bientôt dans sa sixième année, les États-Unis et la Russie avaient conclu vendredi un accord prévoyant une "cessation des hostilités" dans un délai d'une semaine ainsi qu'un accès humanitaire aux villes assiégées. Mais le président Assad a estimé hier "difficile" d'envisager une telle trêve.

(Lire aussi : Les enjeux d'une éventuelle intervention militaire turco-saoudienne en Syrie)

 

Nouvelles frappes turques Sur le terrain, la Turquie, qui accuse les milices armées kurdes d'être des groupes "terroristes", a poursuivi mardi, pour la quatrième journée consécutive, ses bombardements contre leurs positions au nord d'Alep. L'artillerie turque a bombardé Tall Rifaat, bastion rebelle tombé la veille aux mains des forces kurdes, rapporte l'OSDH.

Les Unités de protection du peuple (YPG) kurde ont récemment avancé dans la province d'Alep, profitant de l'affaiblissement des rebelles face à l'offensive d'envergure que l'armée syrienne a lancée le 1er février. Elles négociaient en outre mardi pour pénétrer sans combat à Marea, l'un deux derniers bastions encore aux mains des insurgés dans la province d'Alep, selon l'OSDH. L'offensive du régime à Alep et au nord de la ville a poussé des dizaines de milliers de Syriens sur les routes.

 

(Lire aussi : En Syrie, les Kurdes avancent résolument vers l'autonomie)

La Syrie est ravagée depuis près de cinq ans par une guerre qui a fait plus de 260.000 morts, poussé des millions de personnes à l'exil et entraîné le morcellement du pays. Le conflit a débuté quand le régime de Bachar al-Assad a réprimé dans le sang des manifestations pacifiques réclamant davantage de démocratie. Des discussions de paix à l'initiative de l'Onu ont avorté début février. L'Onu espère leur reprise le 25 février.

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