Les célébrissimes bols chantants tibétains ne sont pas que des objets de folklore. Ils ont beaucoup à vous offrir pour votre pratique de la méditation. Découvrez comment méditer avec un bol chantant tibétain.
Méditer avec un bol chantant tibétain
Apprendre à faire chanter le bol en le faisant tourner
Le bol posé entre vos cuisses et sur vos mollets, faites le tour du sommet du bol avec le maillet. Tout d’abord, rien ou presque ne sortira, aucun son autre que celui que dégage le frottement du maillet sur le métal. Continuez à tourner, sans précipitation. Bientôt, un son se dégagera, plus fluide. Le bol commence à chanter. Tournez encore, cherchez à entretenir ce son. Vous vous rendrez rapidement compte que pour l’entretenir, vous devez vous soumettre au rythme qu’il vous impose. Aller trop vite ne fera que créer des sons parasites, fera sauter le maillet, troublera la pureté du son qui se dégageait. Allez trop lentement causera la mort du son, tout simplement. Vous n’avez donc pas le choix, vous devez trouver ce rythme particulier qui correspond au bol, à son diamètre, à l’épaisseur de sa paroi, à la matière dont il est fait et à celle dont est fait le maillet.
Concentrez-vous sur ce son qui naît de votre mouvement, tâchez de le rendre de plus en plus pur, d’éliminer les variations, les fluctuations de l’émission. Cela vous demandera une attention totale à ce que vous faites. Vous devrez garder votre concentration tournée vers la pureté du son. Toute perturbation de votre attention causera une perte du rythme du mouvement et la pureté du son en sera troublée.
Le bol chantant ainsi utilisé est alors un outil pour apprendre à tourner toute son attention vers un but unique, pour cesser de papillonner, de sauter d’une idée à l’autre. En apprenant à vous concentrer, vous pouvez donner naissance à un son d’une pureté qui vous impressionnera. En apprenant à vous soumettre à son propre rythme, vous pourrez le faire naître puis l’entretenir. Il vous faut alors renoncer à votre volonté. Ce n’est pas ce que vous voulez qui crée le son, c’est ce dont il a besoin. Renoncer à vouloir vous permet alors de créer sans que vous ne perdiez rien. C’est là une belle leçon que vous pouvez utiliser comme sujet de méditation : votre volonté (tourner plus vite, tourner moins vite), n’est que destructrice ou stérile, accepter de donner au bol ce qu’il nécessite est créateur. Il s’agit de trouver ce juste milieu qui donnera naissance au son. Pourquoi ne pas chercher à l’appliquer à d’autres domaines de votre existence.
Faire chanter le bol en le frappant à l’aide d’un maillet
Il est également possible d’utiliser le bol chantant en le frappant, d’un seul coup, et en le laissant chanter. Concentrez-vous sur le son qui se dégage alors du bol. Un coup unique suffit à créer un son extrêmement riche. Nul besoin de le frapper encore et encore. Le son se développe, évolue, envahit l’espace et l’occupe d’une manière particulière en fonction de la manière dont vous tenez le bol (sur votre main, sur votre jambe, à l’envers sur trois ou quatre doigts), de la pièce où vous vous trouvez, de la façon dont vous avez frappé, de la matière du maillet, etc. Le son est riche, il s’offre à vous et reste pourtant presque insaisissable parce qu’il varie à chaque instant. Détournez-vous un seul instant du son et vous perdez le fil, vous vous heurtez à un son qui n’a plus rien à voir avec celui que vous entendiez pourtant quelques dixièmes de secondes auparavant.Vous ne pouvez que le saisir de façon très partielle mais cela ne vous empêche pas de l’envisager, de l’entendre malgré tout, presque paradoxalement. Un seul coup a suffit à créer un petit monde sonore qui profite de l’espace et du temps, vous n’avez pas eu à réitérer la frappe pour que le son se modifie.
Il est également intéressant de poser le bol à l’envers sur sa tête, de trouver le point d’équilibre et de le heurter légèrement avec le maillet. Ce sont alors des informations très fragiles que vous percevez très clairement, ces mêmes sons trop ténus pour que vous puissiez les entendre, parce que le chaos du monde vous en empêchez, parce que vous ne leur prêtiez tout simplement pas attention la plupart du temps. Le bol sur votre tête, vous vous rendez soudainement compte de toute la richesse de ces sons si fragiles, si peu audibles et pourtant si intéressants.
Appliquez cela à d’autres éléments de votre vie. Avez-vous besoin de nouvelles idées ou pouvez-vous laisser se développer celle que vous avez décidé d’étudier, avez-vous besoin de nouvelles acquisitions, de nouvelles passions, etc ? Connaissez-vous seulement toute la richesse de ce que vous avez déjà, de ce dont vous pensez avoir épuisé le sens alors que vous n’avez jamais pris le temps de vous pencher dessus ?
Méditer avec un bol chantant peut être une véritable expérience de vie. Mais sachez que se concentrer sur le son produit par la frappe du maillet ou par le frottement de ce dernier est très difficile, très exigeant. Réussir à entretenir un son en faisant tourner le bol est aussi très difficile, mais en recommençant à chaque échec, vous découvrirez ce qui a cloché et l’aspect de votre personnalité qui a été pris à défaut. Recommencez à vous concentrer sur le son du bol à chaque fois que vous détournez de lui ou que vous vous laissez entraîner, vous serez bientôt capable de le faire dans nombre d’autres domaines.